II ✔️

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Nathan se relève et charge de nouveau sur Klein. Il n'a pas le temps de l'atteindre. Tout à coup, la vitre derrière moi éclate tel un coup de feu assourdissant. Les débris de verre s'abattent par dizaines sur ma tête que je protège d'un vif réflexe. Étendue au sol quelques secondes plus tard, j'ose enlever mes bras de mon visage pour détailler des milliers de verres répandus au sol.


L'expression troublée des deux volatiles qui ont cessé de se battre, me prouve qu'ils ignorent la provenance de cette explosion.


Époussetant les morceaux de verre de mes vêtements, je me relève face à la forêt. L'horizon est ensevelit dans la nuit. Je peine à détailler la silhouette des arbres plus sombre par la clarté de la chambre qui m'aveugle. Une étrange peur s'immisce dans ma poitrine. Comme pour ressentir un danger avenant avant de l'apercevoir. Je n'ose en rechercher la cause, pourtant au plus profond de mon être une petite voix m'incite à fuir. Cet écho résonne dans mes pensées tel un éloge funèbre.


Je sais. Je sais qu'il est trop tard.


Soudain, deux billes miroitantes d'une lueur argentée se détachent de l'obscurité. Une alarme de détresse s'enclenche dans mon cerveau.


Des yeux...


— Blake ! Klein et Nathan hurlent en chœur.


J'écarquille les yeux d'horreur, quand je me sens subitement passer à l'autre bout de la pièce privé de gravité, juste avant d'atterrir derrière la carrure imposante de Klein. Je n'ai pas le temps de reprendre mon souffle.


Ces yeux se mettent à briller, plus intenses. Plus puissant...


Ezra est de retour.


Sa silhouette, tapie dans l'ombre, décoche vivement une flèche qui fonce droit sur nous. Le sifflement se fait perçant. En une seconde, Nathan esquive un geste de la main quand un mur transparent aux reflets émeraude apparaît sous mes yeux en interposition avec Ezra. Le projectile s'écrase violemment sur le champ de force.


Mon attention dévie un instant sur Nathan, avant d'être ramenée à la réalité par un rire à me hérisser les poils.


— Je dois avouer que ça a été rusé de votre part, commence Ezra. J'aurais dû me douter que tu serais prêt à tout, Dalen.


J'ai déjà entendu ce nom.


— Laisse-la tranquille Ezra, rétorque Klein.


— Tu sais bien que c'est impossible.


— Épargne-la et tue moi à sa place s'il le faut.


— Je ne te ferais pas ce plaisir, maugréé-t-il.


— Qu'est-ce que je dois faire pour que tu arrêtes ce bain de sang ?! Il y a suffisamment eu de mort, il est tant de jeter les armes !


— Tout ce qui arrive aujourd'hui est uniquement par ta faute ! Tu as détruit ma vie !


— Je n'ai pas eu le choix ! se défend Klein.


— Moi non plus je ne l'ai pas ! Ce jour-là, je t'ai fait une promesse, et je compte bien la tenir. Quoi qu'il m'en coûte.


Il saisit une seconde flèche et la tend sur son arc. Cette sensation d'impuissance fait vibrer toutes mes cellules, face à un si petit instrument qui pourtant a le pouvoir de faire basculer une vie. Le bouclier de Nathan réapparaît instantanément juste avant l'impact.


Mon cœur tambourine dans ma poitrine à tout rompre.


Le visage d'Ezra est déformé par la rage. Il se rend probablement compte que deux ailés dotés de pouvoirs ne peuvent rivaliser contre ses flèches.


Son attention dans ma direction est vite perturbée par un vigoureux reflex de son bras. Ezra stoppe en plein vol une flèche dont l'empennage est orienté à un centimètre de sa tempe. Lentement il tourne la tête vers le commanditaire.


— Va-t'en Ezra, déclare la voix d'Ange en arquant une nouvelle flèche à son arc. Ne m'oblige pas à faire ça.


Sa foudroyante fureur, se retranscrit implacablement dans son regard bien que suffisamment effrayant dans le noir. Il n'a aucune chance contre eux tous réunis.


Ses yeux brillants de colère trouvent les miens au-dessus de l'épaule de Klein.


— Ta mort n'est qu'une question de temps. Où que tu sois, je te retrouverais.


Sur ses derniers mots, il capitule, et s'envole en fusée dans le ciel enténébré.


À cet instant même, je m'écroule à genoux tâchant de remplir avidement mes poumons d'air, comme si j'étais en train de m'étouffer. La frayeur tiraille chaque parcelle de mon corps, sonnant tel un déclic funeste. Je ne pourrais échapper au jour de ma mort.


***

🦋C É L E S T E 🦋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant