III ✔️

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Son regard ne me quitte pas. La fureur qui y émane est tellement profonde, que le bleu étincelant de ses yeux ne suffit pas à atténuer sa rage.


Il se détourne enfin vers la porte-fenêtre passant par celle-ci. Une fois les battements d'ailes suffisamment éloignés, j'atterris lourdement sur le sol, toussant plusieurs quintes de toux.


Gavan me rejoint précipitamment en jurant dans sa barbe.


— Et mince Blake ! C'est exactement ce que je voulais éviter (il s'abaisse à ma hauteur). Est-ce que ça va ?


Je hoche la tête sans me soucier réellement de mon état. Contraindre Klein de répondre à mes questions était une mauvaise idée que je regrette vraiment, surtout après avoir connu la véritable raison de ma chute libre.


— Comment a-t-il fait pour se libérer ? finis-je par demander une fois ma respiration redevenue à la normale.


— Il est très puissant, et très entraîné. J'ai essayé de te prévenir mais même sous la contrainte il ne répond à aucune question qu'il ne souhaite. C'est un...


— Guerrier, l'interromps-je.


Il me fixe de ses grands yeux ocre miroitants, surprit que ce mot sorte de ma bouche.


— Oui, c'est ça.


Il y a tout un tas d'autres énigmes que j'ignore à son sujet et que j'aimerais qu'il me les dévoile de son plein gré. Maintenant que j'ai la preuve que son cœur n'ait pas en pierre (probablement en une autre matière), il se pourrait que je commence à l'apprécier. Pourtant je doute fort que cela soit réciproque après ce que je viens de lui faire subir.





***





J'avance d'un pas lourd dans la terre humide soulevant les branches de pins sur mon passage.


De leur retour en ville Travis et Leonora, m'ont permis de m'évader de la maison quelque temps afin de me changer les idées. Ce n'est pas comme si l'air de la forêt me manquait, mais c'était toujours mieux que de rester sous le toit de cette maison où je me sens comme étrangère. Bien que l'idée d'aller seule dans cette forêt leur déplaise, ils ont tenté de me proposer la compagnie de Gavan ou de Roxane que j'ai poliment refusé. Je ne voulais pas quitter l'atmosphère de cette maison pour qu'elle me poursuive également à l'extérieur. Roxane n'avait pas l'air enchanté de jouer les chaperons, étant donné qu'elle est la seule à me détester publiquement. Alors je nous suis rendu service à toutes les deux en déclinant leur proposition. Bien que la compagnie de Gavan ne m'aurait pas déplu, j'avais besoin de me retrouver seule loin de ces murs. Réfléchir à tout ce qui s'était passé depuis deux jours sans oublier l'attaque récente d'Ezra dans la mâtiné.





De ce fait, ils m'ont donné un sifflet en bois portant un son particulièrement aigu, dans le cas où je rencontrerais une quelconque menace. Je l'ai précieusement glissé dans la poche de ma veste en espérant ne pas m'en servir. Pour le moment, les seules menaces que je rencontre sont celles que le silence afflige à mes pensées.



Je ne peux m'empêcher de culpabiliser repensant à Klein. Quel genre de personne je me suis montrée ? Une fille cruelle, sans pitié, torturant les âmes fatiguées ? Je ne me reconnais pas... Je n'ose même pas imaginer que cette histoire m'est changée en seulement deux jours. Klein ne méritait pas que je lui sous-titre des informations de force malgré qu'il m'ait fait passer son étrange test de confiance.


Il n'a plus pointé le bout de son nez dans les parages depuis plusieurs heures. Personne ne sait où il est allé, j'ignore même s'il reviendra...


Peut-être a-t-il décidé de ne plus vouloir me venir en aide, que je n'avais qu'à me débrouiller toute seule comme j'ai commencé à le faire. Il a beau avoir un caractère pourri par moments, mais je sens quelque chose de sincère au fond de lui. Quand il se met à jouer la tête de mule il m'agace terriblement, même si ça a un côté charmeur. On ne se connaît pas depuis très longtemps, toutefois je dois avouer que sa présence me manque.


Je foule mes pieds dans la terre errant sans véritable but si ce n'est celui de soulager ma conscience. Je prends soin de noter de ma pierre aiguisée une croix sur un énième arbre, afin de ne pas m'égarer comme la première fois.


Les minutes de marche qui me séparent de la maison se font désormais nombreuses. Je songe à rentrer côtoyant le paysage peuplé d'arbres qui ne cesse de s'étendre devant moi au même grès que l'obscurité. De toute évidence, un pas de moins ou un pas de plus ne changera rien à ma situation.


Je décide donc de rentrer. Je commence à rebrousser chemin, quand je perçois succinctement un bruit. Celui d'une brindille qui se brise.


Mon cœur s'affole.


Je parcours du regard, immobile, la forêt silencieuse tentant de percevoir un quelconque mouvement. En vain. Ce devait sans doute être un pauvre petit lapin autant effrayé par moi que je l'ai été par lui. Continuant ma route vers la maison, mes oreilles se dressent lorsque ce même bruit se réitère.


Un bruit plus redoutable.


Je me fige fixant par des yeux exorbités le haut buisson devant lequel je me trouve, vibrant sous un grognement féroce. Le feuillage d'un buisson s'agite au même rythme que mon cœur. Une peur morbide s'empare de moi, alors que j'y vois émerger un museau, suivit d'yeux effrayants et de grandes oreilles. La bête me présente sa magnifique dentition aiguisée aux babines retroussées, tandis que je me vois déjà servi au dîner.





Je recule de quelques pas en observant terrorisée ce grand loup au pelage châtain, qui semble obstiné à combler le vide qui nous sépare. L'horrible vision de me voir dévorer me fait tourner de l'œil, si bien que ma vue se dédouble commençant à voir plusieurs loups me faire face. Mais au bout d'un instant, je réalise que je ne suis en rien la cause de leur dédoublement. Tout un clan de loups affamés m'encercle m'ayant prise pour proie.


Mon instinct de survie se met en automatique.

Si je ne bouge pas, je suis morte.





Soudain je me retourne et entreprends une course acharnée dans les profondeurs de la forêt, suivi de très près par le grognement des loups et de leur mâchoire claquant dans l'air avec rage. J'attrape le sifflet de ma poche et y souffle un grand coup produisant un son aigu se répandant dans toute la forêt. Les secousses vibrants sous mes pieds à chacun de mes pas me révèlent à quel point ils sont nombreux.


Tu choisis bien ton jour pour décompresser dans les bois, au lieu de ça une bande affamée de loups sauvages est à tes trousses. On ne doit pas avoir la même définition d'une balade tranquille ! lance Miss conscience.



Je saute par-dessus un tronc d'arbre, tout en en cherchant un, dont les branches ne seraient pas trop hautes pour pouvoir les atteindre. Seulement voilà... le gros problème de cette forêt c'est qu'arriver au milieu, il n'y a plus de branches basses à partir de deux mètres. Encore un bon point que prend soin de me souligner Miss conscience.


Je trébuche soudainement sur une racine protubérante et m'affale face contre terre. Je me retourne vivement sur le dos, quand je vois le loup Alpha au pelage hirsute bondir sur moi.

Voilà enfin un chapitre de plus achevé, même si je me doute un peu de ce que vous pensez de la fin vous pouvez toujours donner votre avis 😁

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Voilà enfin un chapitre de plus achevé, même si je me doute un peu de ce que vous pensez de la fin vous pouvez toujours donner votre avis 😁

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