🦋C É L E S T E 🦋

III ✔️

Il y a au moins cinq mètres qui me séparent du sol, et je vais me ridiculiser avec l'élégance d'un éléphant perdant son équilibre sur un fil de fer. Bonjour l'humiliation.

Je commence ma périlleuse descente, branches après branches, prenant soin de ne pas marcher sur celles fragilisées. Jusqu'ici je me débrouille plutôt bien, mais on est loin de la grâce qu'a fait preuve Klein.

J'entends Roxane soupirer d'ici.

— Ça irait plus vite si on y allait à la tronçonneuse.

— Ouais je sais, enchérit Klein, mais laisse la galérer, elle aime ça apparemment.

Je me renfrogne.

— Vous savez que je n'ai pas besoin d'une super ouïe pour vous entendre.

— Ouais on sait, dirent-ils en chœur sans le moindre scrupule.

Ils font une belle paire tous les deux. Pendant ce temps moi je bataille avec l'écorce qui m'égratigne les doigts à chacun de mes mouvements.

— Franchement vous êtes pas cool avec elle, intervient Gavan.

Merci pour le soutien. Ça fait plaisir de voir qu'il y a au moins une personne de mon côté.

— Vous pouvez au moins lui laisser le temps d'arriver à trois mètres du sol.

J'écarquille les yeux.

What ?!

— Ça va, je plaisante.

J'espère bien qu'il plaisantait ! Ce genre de blague ne m'amuse absolument pas, ne sachant pas faire la différence entre leur humour et leur sérieux.

— Tu es sûre que tu ne veux pas que je t'aide, ça irait plus vite, me repropose Klein.

— Non ça va, je me débrouille très bien toute seule.

— Je vois ça.

Une branche cède sous mon pied. Je pars à la renverse, poussant un cri en pleine chute. La terre se rapproche à toute vitesse, quand je me sens soudainement stoppé. J'examine mon corps, pétrifiée, et réalise que je suis suspendu dans l'air à cinquante centimètres au-dessus du sol.

— C'est vrai que tu as plutôt l'air de bien te débrouiller sans moi, déclare Klein les bras croisés.

— Je n'ai pas besoin de ton aide, je me débrouillais parfaitement seule.

— Comme tu voudras.

La gravité se rétablit et je finis ma chute en atterrissant durement face contre terre.