III ✔️

5.2K 551 64
                                    


Ma main se porte systématiquement à ma blessure constatant avec épouvante sa profondeur. Je m'adosse contre l'arbre pour me maintenir en équilibre sur un pied. La blessure lancinante à ma jambe se fait plus éprouvante. Je parviens à peine à poser la pointe du pied au sol.


Il me faut regarder la réalité en face. Sa force surréaliste me renvoie irréfutablement à ma faiblesse. Je ne fais pas le poids contre lui.


— Tu es tenace, remarque-t-il, mais ça ne suffira pas à m'arrêter.


Je grimace et jure entre mes dents sentant le froid glacial s'insinuer dans mes blessures pour me paralyser les os. L'injustice de la situation me bouleverse.


— On dit qu'un humain ne pourrait pas survivre dans de telles conditions, poursuit-il d'une voix rauque.


Tout à coup dans un curieux détachement, un nouveau sentiment aussi étonnant qu'inattendu prend le dessus : la colère.


— Sans blague ?! Pourtant ce n'est pas ce que tu étais ?


— Cela fait bien trop longtemps, on oublie rapidement.


— Comme oublier l'humanité visiblement.


— Ça ne me concerne plus.


— Que je sache tu es toujours mi-humain mi-oiseau, alors d'une certaine façon ça te concerne toujours. Après ma mort les humains se mettront tous à chercher mon meurtrier, et, devine sur qui ça tombera ? Toi (ma voix se fait impitoyable). Comment réagira le peuple Ailé en apprenant que les humains sont à la recherche de l'un des leurs, d'après toi ? Sûrement pas très bien, si tu veux mon avis. Les tiens te traqueront pour éviter que les humains ne remontent jusqu'à eux et fasse la plus grande découverte du siècle. Autrement dit, qu'ils ne sont pas la seule espèce sur terre.


Son poing vient s'abattre sur le tronc frôlant mon oreille. Je ne frémis pas. J'ai arrêté de réfléchir aux conséquences. Je n'ai plus rien à perdre.


— Tu ne me fais pas peur, grogne-t-il d'une orageuse colère.


— Toi non plus (ma voix est sans spasmes). Si je meurs, tu meurs aussi.


Ses yeux flamboyants de fureur s'ancrent dans les miens. Une certaine satisfaction s'imprime alors dans mon cœur. S'il hésite à me tuer c'est qu'il n'est pas si insensible à ma remarque. Toutefois durant l'espace d'une seconde cette hésitation se dissipe. Une expression de tristesse fuse dans ses yeux, puis, laisse de nouveau place à la haine.


— Dans ce cas on sera deux.


Je sens subitement une chose pénétrer dans mon abdomen. Mes yeux s'agrandissent horrifiés. J'ai le souffle coupé. Ma gorge se sert. Je n'arrive plus à respirer. Une sueur froide coule le long de mon dos paralysant le reste de mon corps. Lentement je baisse la tête, et discerne dans l'obscurité le manche du poignard dépasser de mon corps, juste avant qu'Ezra ne le retire d'un coup sec.

🦋C É L E S T E 🦋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant