🔷 Chapitre 35 : Vivre, survivre, mourir

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Ces paroles m'infligent un impact plus important que ce que j'aurais imaginé.


Mes muscles se détendent et ma voix s'apaise.


— Je sais, déclaré-je d'une voix à moitié ébranlé. Jusqu'à présent, vous ne m'avez pas donné l'opportunité de choisir comment je voulais mener mon combat. Maintenant j'ai le droit de décider entre continuer à me cacher ou me battre. Et la première option n'est pas envisageable.


Je fronce les sourcils, les yeux plongés sur le sable.


— Si les Dirigeants décident de mettre les pieds à Sun Valley pour faire du tort à mes proches ou à moi, ils le regretteront. J'ai beau être humaine, je ne suis pas morte. Si je peux ne serait-ce qu'un peu leur pourrir l'existence, je le ferais. Ils n'approcheront pas ma famille sans me passer sur le corps.


Klein me dévisage un instant hébété. Les traits de son visage se détendent et j'aperçois un sourire transparaître derrière sa colère. Il siffle d'un air impressionné.


— Tu en viendrais presque à me faire peur. Mais je te rassure ce n'est pas le cas.


Je laisse échapper un rire sans humour.


— Il n'empêche que je les protégerais, humaine ou ailée.


Un sourire mystérieux apparaît sur ses lèvres.


— Mieux que ça. Tu es une hybride. Personne ne sait à quoi ils ressemblent, parce qu'il n'en existait aucun avant toi. Ça nous laisse un précieux avantage : ils ignorent ce dont tu es capable.


— Nous aussi à l'évidence.


— Ça, ils n'en savent rien, dit-il en me décochant un clin d'œil.


Il donne l'air intelligent quand il n'est pas bête, la Chouette.


Prenant un air détaché, je m'aperçois que la foule s'est remarquablement rapprochée de nous en dansant, entraînée par la musique. Ce qui ne nous laisse plus beaucoup d'espace pour parler. Je m'apprête à le signaler à Klein, mais il prend les devants. Il se redresse de son tronc d'arbre et me fait signe de la tête de le suivre.


Nous remontons le ponton, désert, où nous nous asseyons au bout de celui-ci. Les pieds ballants, je discerne mon reflet dans l'eau. La faible luminosité du feu de camp suffit à nuancer le lac d'une teinte orangé.


Une sombre pensée se fraie alors un passage à travers mon esprit.


— Cameron ne m'aurait jamais guéri si tu n'avais pas été là (une vague déforme mon reflet).


— Il n'est pas si mauvais que ça, au fond. Même si je n'avais pas été là, il t'aurait tout de même sauvé (un sourire étire ses lèvres). Toutefois il serait préférable qu'il n'apprenne pas qui tu es pour l'instant. Le jour où ça arrivera il risque de nous péter une petite crise de nerfs.

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