II ✔️

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— Comme je te le répète tous les jours, pour le moment je suis très bien comme ça, je t'assure, réponds-je.


— Mais ce n'est pas seulement pour trouver un petit ami que je te dis ça, c'est aussi pour te so-cia-bi-li-ser.


— Je suis sociable, me défends-je en haussant les épaules.


Elle me fixe d'un air las.


— Blake ne me prend pas pour une imbécile. La dernière fois qu'il y a eu une fête tu t'es inventé une excuse bidon de varicelle pour ne pas venir.


— Je t'assure que c'était très contagieux et je ne voulais pas risquer de contaminer quelqu'un.


Elle lève les yeux au ciel.


— À part moi, tu ne fréquentes personne de ce lycée, alors que si tu le voulais tu pourrais très bien te faire un tas d'amis.


— Meg, je ne suis pas comme toi. Je n'aime pas avoir l'attention de tout le monde, portée sur moi. Ce n'est pas mon univers.


— Ce n'est pas ton univers ? Dis plutôt que tu as peur que ça le devienne ! Parce que en te faisant de nouveaux amis tu serais obligée de dévoiler ta véritable personnalité.


Cette remarque me fait longuement réfléchir. Sa déduction sonne juste à mes oreilles mais je préfère ne rien laisser paraître.


— En plus je t'ai toujours dit que si tu t'arrangeais un peu plus, tu récolterais facilement des numéros de téléphone. Parole de fille, fait-elle en portant sa main droite sur son cœur.


Je referme mon casier en soupirant.


— On en a déjà discuté plusieurs fois, je ne me vois pas devenir comme toi. Par moments je me demande bien ce que tu fais avec une fille comme moi. Tu es populaire, tu pourrais traîner avec plein d'autres personnes bien plus intéressantes, mais au lieu de ça, tu tiens compagnie à une fille qui préfère l'ombre.


Elle fait un pas vers moi, et plante ses yeux dans les miens.


— Parce que je sais que parmi toutes les filles de ce lycée, tu es la seule qui aies un cœur pur. Tu es sincère, honnête et droite. Beaucoup de filles essaieraient de devenir mon amie juste pour la popularité alors que toi, tout ce que tu cherches c'est une amitié sincère. La moindre injustice te met en colère, et ça, je peux t'assurer que ça fait de toi une personne unique.


Je reste un instant sans dire un mot. Cette fille est ce que l'on peut appeler mon opposé, et malgré nos grandes différences c'est la seule qui me comprend vraiment.


— Cette personne que moi je vois tous les jours en toi, beaucoup aimeraient apprendre à la connaitre, alors ne les prive pas de ce plaisir. Laisse-moi montrer à tout le monde la chance que j'ai d'avoir une amie comme toi.


Je cherche par tous les moyens d'éviter son regard sincère, qui, je le sais va me faire culpabiliser. Elle a le don de toujours arriver à ses fins en m'enjôlant avec de belles paroles, qui, pour couronner le tout, sont emplies d'honnêteté.


Je lève finalement les yeux au ciel en soupirant, avant de les reposer sur elle.


— Quand ? finis-je par demander, sachant très bien ce qu'elle a derrière la tête.


Son visage s'illumine et son sourire s'étire jusqu'à ses oreilles, alors je devine que je ne pouvais pas lui faire plus plaisir.


— Samedi soir, au lac. Je te promets qu'on va s'amuser.


— C'est bien ça qui m'inquiète, murmuré-je entre mes dents.


— Ne t'inquiète pas, je vais te trouver une tenue splendide pour cette soirée.


Elle se met à énumérer tous les styles de vêtements inimaginables qui existent, pendant que nous nous dirigeons vers la salle de notre prochain cours. Je ne pense pas que je pourrais réellement me plaire à cette soirée, mais si ça peut lui faire plaisir et lui faire abandonner l'idée de faire de moi un top-modèle, je suis prête à prendre le risque... Bien que je doute fortement qu'après ça elle lâche l'affaire aussi facilement. Mais au moins j'aurais quelques jours de répit.


— Mince, j'ai oublié un cahier dans mon casier, dis-je en m'arrêtant. Je vais le chercher je te rejoins en cours.


— Ok, d'ici là je vais imaginer la tenue que tu vas porter, elle va être sublime, en plus je crois que je vais y ajouter...


— Je te fais confiance sur le sujet, à tout de suite.


Sans lui laisser le temps de débiter une autre idée, je m'enfuis vers le couloir dans lequel je me trouvais précédemment.


Je retrouve mon casier et m'empresse de fouiller à l'intérieur pour y trouver mon cahier. Une fois entre mes mains, je le glisse dans mon sac et referme la porte. À cause de toute cette histoire Meg me fait perdre la tête et je ne sais plus ce que je fais. Un jour j'en oublierais même mon nom. Je me prépare à repartir en cours, quand je sens un coup de vent siffler dans mes cheveux. Ma main reste figée sur mon casier, une peur étrange s'insinuant dans ma poitrine. Un son sourd résonne à mes oreilles et je ne sais plus si je dois bouger ou rester plantée là. Le bruit se transforme en un craquèlement grandissant. Délicatement je prends le courage de me retourner face au couloir désert, quand de la poussière tombée sur mes chaussures me fait lever la tête vers le plafond. Des fissures se dessinent de manière irrégulière sur la surface qui me surplombe, se propageant un peu plus sous mes yeux.


Ma respiration s'accélère dangereusement mais il est trop tard... le plafond s'écroule dans la seconde qui suit. 

🦋C É L E S T E 🦋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant