Ses bras se détendent lentement alors que je sens son souffle me glisser entre mes cheveux. Je me retourne de nouveau face à lui en gardant une distance pour le moins équitable.
— Qu'est-ce que tu veux ?
— T'aider.
— Tiens, je croyais que ma race était trop primitive à la tienne pour qu'on puisse s'en soucier.
Il inspire à pleins poumons et me contourne, ainsi que ma remarque :
— Je t'offre l'occasion de t'aider à retrouver l'inspiration.
Quel revirement de situation, si je m'attendais à ça ! Cela semble presque trop beau pour être vrai. Il y a sûrement anguille sous roche.
— Pourquoi tu ferais ça ? Qu'est-ce que tu y gagnes ?
— Je vois que tu me connais mal (son souffle effleure ma nuque). Donc je t'offre la possibilité d'apprendre à me connaître, en espérant avoir un meilleur jugement de ta part.
— En quoi est-ce si important pour toi ?
— Je voudrais que tu t'aperçoives que l'ailé qui t'a entraîné dans cette histoire, n'est pas le monstre que tu imagines.
Je croirais rêver. J'ai bien envie d'y croire même si une alarme silencieuse de mon cerveau me titille la conscience. Il a l'air sincère et puis j'avoue qu'un petit coup de pouce pour retrouver l'inspiration ne serait pas de refus. Alors même si je reste un peu sceptique je peux mettre mes différents de côté le temps que je retrouve le chemin vers mes poèmes.
— C'est d'accord.
— Bien, répondit-il en se dirigeant vers la fenêtre pour tirer les rideaux. Tout d'abord, je te propose une petite balade.
— Généralement pour ce genre d'activité, toute personne passerait par la porte.
— Tu as un problème avec les fenêtres ?
Non, mais lui il en un avec les portes.
À l'entendre, on croirait que c'est moi qui suis folle.
— Depuis mon premier baptême de l'air elles ne sont plus réellement les bienvenues.
— Et exigeante en plus, marmonne-t-il dans sa barbe. C'était soit ça, soit on se faisait tuer.
Je me demande si avoir une discussion avec un moineau n'aurait pas été plus intéressant. Visiblement le « savoir-vivre » ne fait pas partie de son répertoire.
Il ouvre la porte-fenêtre et m'attend sur le balcon. Le vent d'automne me fait frissonner par-dessus mon jean et ma veste en cuir. Je le fixe un moment me demandant si c'est une bonne idée avant de voir ses doigts pianoter sur le rebord de la terrasse.
— C'est quand tu veux, dit-il sur une intonation d'impatience.
Je me décide à le rejoindre avant de faire davantage attendre son Altesse. Je me mets face à lui toujours aussi mal à l'aise pour ce genre d'expérience.
— Ce n'est pas une demande en mariage, détends-toi, me dit-il en plissant les yeux un léger sourire en coin.
— Heureusement, sinon je serais partie en courant.
Cette remarque ne le déstabilise aucunement, bien au contraire. J'ai presque l'impression qu'il se moque de moi.
— Mets tes pieds sur les miens, m'annonce-t-il.
— On change de techniques ? dis-je en m'exécutant.
— Pourquoi, l'ancienne te manque ? (un sourire espiègle arbore ses lèvres).
— Absolument pas !
— J'ai bien du mal à le croire.
Je m'apprête à lui asséner un coup de poing à l'épaule, quand je me sens subitement décoller du sol. J'agrippe aussitôt mes bras autour de son cou en observant le balcon s'éloigner de nous. Ses mains se placent avec délicatesse sur mes hanches alors qu'un courant électrique me parcoure le corps. Je pose mon regard dans le sien qui me fixe, un sourire charmant en coin.
Je ne sais pas s'il est au courant qu'un oiseau psychopathe est à mes trousses et que sortir à découvert peut être dangereux. Toutefois son inconscience me permet de m'évader de l'atmosphère de cette maison, dans laquelle je ne me sens pas la bienvenue malgré sa famille chaleureuse, hormis sa sœur.
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🦋C É L E S T E 🦋
ParanormalSun Valley. Une ville attisant l'étrangeté et la curiosité. Blake s'en rend compte le jour où elle devient la proie d'un dangereux ailé. Une espèce vivant dans l'ombre des humains, aux pouvoirs extraordinaires. Trois jeunes de sa classe se révèlen...
