Sun Valley. Une ville attisant l'étrangeté et la curiosité.
Blake s'en rend compte le jour où elle devient la proie d'un dangereux ailé. Une espèce vivant dans l'ombre des humains, aux pouvoirs extraordinaires.
Trois jeunes de sa classe se révèlen...
Surement est-ce ce dont elle aurait fait si elle était à ma place, mais je n'ai pas la même force mentale. S'il arrive malheur à des innocents par simple désir égoïste de satisfaire mon bonheur, je ne me le pardonnerais jamais. Je ne pourrais pas vivre avec ce fardeau.
— Oh faite je crois que Nathan a déposé une fiole sur ta table de chevet après le repas.
Effectivement. Je roule sur mon lit pour attraper le petit récipient en verre, et ingurgite coup sec le remède contre mon allergie aux oiseaux. Sans lui j'ignore comment j'aurais pu survivre entouré de plumes abondantes.
— Je vais aller me chercher un soda en bas, tu en veux un ? proposé-je à Roxane en me levant.
— Ouais pourquoi pas, répond-elle le sourire aux lèvres. Et si ça te dit on pourrait regarder un film après ?
Cette proposition me laisse un moment sans voix. Serait-elle en train de m'apprécier ?
— Peut-être bien, répond-elle à mes pensées tout en arborant un sourire en coin.
Je lui renvoie son sourire, heureuse que les tensions qui nous séparaient s'estompent.
— Va pour un film, réponds-je aimablement.
Je franchis la porte pour emprunter l'escalier, puis longe le long couloir tombé dans l'obscurité. Je fais bientôt face à la grande porte en bois de la salle de réception, gravée d'ornements végétaux.
Il y a plusieurs années elle servait de lieu de fête où se réunissaient la famille et tous nos amis. Mais depuis que mon cousin a quitté la maison pour ses études de policiers et que mon oncle est décédé d'un cancer, cette salle a été laissé à l'abandon et plus aucune fête n'y a vu le jour.
Ma tante a donc écopé d'une grande maison dont elle seule occupe ces quatre murs. Dès que je le pouvais je venais la voir pour qu'elle ne trouve pas la solitude trop affligeante. C'était aussi une façon pour moi de m'éloigner de Sun Valley qui semblait être inconsciemment un point d'attraction.
J'ouvre les deux battants avant d'être plongé dans l'atmosphère sombre et lugubre de cette immense salle entièrement vide. De grandes fenêtres arborent les murs de longueurs par lesquelles la lumière blafarde du seul reverser posté en bas de l'allée dallée s'invite à luire le plancher satin.
J'attrape ma paire d'écouteurs fourrée au fond de ma poche et le branche à mon téléphone qui sélectionne une musique aléatoirement. Des pensées pour le moins lointaines remontent à la surface faisant aussitôt basculer cette obscurité en un jour particulièrement ensoleillé.
La salle est bondée d'invités discutant entre eux tandis que non loin un groupe d'enfants s'amuse à « trape-trape » . D'autres se laissent attirer par le savoureux buffet disposé sur des tables pliantes. Les doux rayons de soleil filtrants les fenêtres procurent une ambiance agréable, se faisant ressentir dans la conduite des invités où resplendit le bonheur sur leur visage. Au milieu de la salle mes pieds effleurent le sol dans une danse, accompagnés d'une music country que Meg adore. Je me souviens que durant de longues heures elle s'est acharné à m'apprendre la chorégraphie, sur laquelle nous avons par la suite dansé toute l'après-midi applaudi de nos familles.
Je me surprends à sourire d'un air mélancolique. La chaleur de la pièce s'évanouit aussitôt laissant de nouveau place aux ténèbres qui ont pour seul impact de raviver ma tristesse. Sans m'en rendre compte j'ai atterri au milieu de l'immense salle totalement transportée par mes souvenirs. Me revoir quelques années en arrière, pleine de vie, m'inonde d'un chagrin irrité de désespoir.
Ces heureux souvenirs pourraient bien être les derniers.
Je chasse instantanément cette pensée négative consciente que sombrer un peu plus dans le désarroi ne fera qu'aggraver mon état.
Je poursuis ma route à travers la salle en direction de la cuisine. Après seulement deux pas, je m'arrête une seconde sentant une présence derrière moi. Une peur morbide m'envahit. Je fais brusquement volte-face, tombant né à né devant une silhouette sinistre se fondant parfaitement dans le décor. Un cri remonte dans ma gorge mais n'a pas le temps de s'écharper qu'une main se plaque sur ma bouche.
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