🦋C É L E S T E 🦋

III

Je reste sans voix incapable de lui répondre.

— J'ai cru que jamais je ne pourrais retrouver cette lueur. L'humanité s'est vite perdu chez les Célestes, et en les côtoyant on finit par déteindre un peu sur eux... même si on ne le désir pas (son regard se rabat de nouveau sur le paysage). Quand je t'ai rencontré j'avais oublié ce que cela faisait d'être humain, tu m'as rappelé toutes ces choses-là. Mais principalement : la joie. Et désormais que je l'ai retrouvé, elle s'en va aussi vite qu'elle n'est arrivée.

J'avance de quelques pas vers lui.

— Nathan... ce n'est pas ce que je veux. Crois-moi, que je continuerais à vous voir si ça n'impliquait pas de vous mettre en danger. Fermer les yeux sur ça m'est impossible... Pour que vous soyez en sécurité, je dois partir.

Son torse se soulève pour échapper un soupire.

— Ce qui signifie ?

— Reprendre nos vies respectives.

Il baisse la tête, hésite un instant, puis se retourne entièrement face à moi.

— Et faire comme si rien ne s'était passé ? Comment pourrais-tu réussir à effacer ces derniers jours ? (sa voix chargée d'aigreur, dément un soupçon de tristesse). Donc en oubliant toute cette histoire, Ezra, Klein, les Owens, (il s'interrompt une seconde) tu m'oublies aussi, moi (sa voix redevenue calme, ne peut cacher un soupçon de reproche).

Je m'en veux terriblement de lui faire ça. Mais avant tout j'en veux aux ailés; à Ezra; au gouvernement Céleste; à la terre entière ! L'injustice de ne pas pouvoir vivre avec les personnes que j'apprécie me remplit d'une amertume pure.

Je me ressaisis, inspire, puis demande :

— Pourquoi tu as échangé les fioles ?

Il se tortille mal à l'aise, passant une main sur sa nuque.

— Je ne sais pas... Je n'ai pas réfléchi, j'étais énervé et frustré... c'est la première chose qui m'est venue à l'esprit. Je suis désolé, je n'aurais pas dû.

Un sourire mélancolique traverse mes lèvres.

— Je ne t'en veux pas (je pose ma main sur son épaule de la même tendresse que mes paroles).

— J'aurais tellement voulu que ça se passe autrement.

Les fioles n'ont rien voir à ce qu'il fait allusion. Je baisse la tête, contrit, n'ayant aucune parole consolante face à cette injustice.

— Moi aussi, avouée-je.

Après qu'il m'est donné le bon remède contre mon allergie, je retourne dans ma chambre avec un poids plus lourd sur mon coeur accablé.