62 - Désillusion

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La neige avait recouvert le parc autour du manoir, le plongeant dans une atmosphère sinistre et triste. Reynard s'ennuyait au manoir Malefoy. Il regardait Drago qui écrivait une lettre à Pansy, sa petite amie de l'année. A côté assise et sérieuse, sa tante lisait la Gazette du Sorcier. Le silence n'était brisé que par la plume de Drago, les pages tournées du journal et le crépitement du feu. Reynard était déçu, terriblement amère même. Il avait espéré revoir Voldemort et pratiquer encore la magie, mais le mage noir n'était pas revenu. Il était un peu masochiste et ça l'énervait un peu, mais il voulait retrouver cette impression de puissance qu'il avait ressenti chaque fois qu'il avait fait de la magie noire. Il poussa un long soupir.

« Si vous faisiez une partie d'échec ? proposa Narcissa. Il ne neigera pas demain, vous pourrez faire une balade en balai.

« Je... je pensais aller voir Pansy, murmura Drago dont les joues rougirent.

Sa mère lui fit un doux sourire.

« Nous pourrions inviter les Parkinson, dit-elle. J'en parlerais à ton père. Il a beaucoup d'affaires en ce moment.

Reynard pouffa de rire et reçu le regard noir de sa tante. Il se leva alors et s'approcha d'une des fenêtres du salon. Il posa son front sur la vitre froide.

« Reynard, que se passe-t-il ? demanda sa tante inquiète. Même à Noël, tu étais d'une humeur maussade.

« Il m'avait promis, murmura le garçon.

Narcissa avait bien sûr compris, mais Drago avait redressé sa tête, curieux.

« Sois patient, Reynard, dit Narcissa. Bientôt. Si on se faisait un thé et une partie de carte, tous les trois ?

Drago grogna, et Reynard ne fit aucun geste pour approuver l'idée de sa tante. La sorcière leva les yeux au ciel, désespérée par la réaction des deux adolescents.

Ce fut le retour de Lucius qui redonna un peu de vie dans le manoir, mais pas bien longtemps, juste le temps d'un dîner. Dumbledore perdait du terrain dans Poudlard même, et cela enchantait les Malefoy. Reynard n'osait pas imaginer un monde sans ce mage, ce sorcier qui l'avait sortie de son foyer, lui avait ouvert la porte de son monde. Son cœur balançait entre les deux camps qui se faisaient la guerre dans l'ombre.

Il ne savait quel chemin il allait prendre, celui qui s'enfonçait dans une forêt interdite et sombre ou celui qui le menait vers une plaine luxuriante et lumineuse. Reynard n'avait qu'une idée pour le moment : revoir ses parents, voir leur fierté dans leurs yeux et sentir leurs odeurs, leurs amours pour lui, leur fils unique.

Une semaine qu'il avait quitté Poudlard, une semaine qu'il attendait de les revoir, comme lui avait promis Voldemort et une semaine qu'il déprimait malgré les efforts de Drago de le faire sortir sous la neige, ou ceux de sa tante à lui faire des activités peu passionnantes.

Son oncle n'était jamais là, trop occupé à servir le mage noir et à étendre son emprise sur le ministère de la magie, mais aussi Poudlard.

« Reynard, viens avec moi, annonça d'un coup son oncle alors qu'ils entamaient le digestif.

Le garçon se leva en fronçant les sourcils. Lucius lui fit un sourire rassurant et donna quelques ordres à sa femme et son fils.

« Pourquoi je ne peux pas venir, moi ? grogna Drago. Père, qu'est-ce qu'il se passe ? pourquoi on ne me dit jamais rien ?

« Plus tard, Drago, répondit son père d'une voix froide. On y va Reynard. Tes talents en potions pourraient nous être utile.

Reynard avait enfin droit à un peu d'action. Il suivit son oncle, s'accrocha à son bras pour arriver dans une ruelle perdue de Londres. Il reconnut la rue, pas très loin du Chemin de Traverse. Il fit un léger sourire en allant vers une impasse.

Le Dernier CorbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant