POUR L'AMOUR D'ELLE. (TERMINÉE).

FUNÉRAILLES.

   

    Mary, en apprenant que son fils était toujours entre les mains des médecins, et donc de Dieu Tout Puissant qui décide de tout, de la vie comme de la mort, paniqua, au début, mais finit par se dire que puisqu'il avait résisté aussi longtemps, il fallait y voir un bon signe plutôt qu'un mauvais. Oui, exactement. Alexa lui avait conseillé de toujours essayer de voir le côté plein  de la bouteille et non pas le vide, de voir la face de la médaille et non le revers.

  Toute chose a de bons et de mauvais côtés et selon sa philosophie de la vie, chacun s'arrête au côté qui traduit sa mentalité, ses aspirations et ses attentes. Les défaitistes et  pessimistes cherchent derrière chaque pierre et chaque roche une excuse pour anticiper leur échec, leur chute. Par contre, les optimistes ont tendance à donner le privilège aux signes qui anticipent une joie, une réussite, un triomphe mémorable capable de faire oublier tous les ennuis et tous les combats livrés dans une existence où le challenge est quotidien. En plus, dégager une énergie positive et demeurer positif aident à recevoir en retour de bonnes récompenses. Chacun reçoit selon son cœur. Plus l'individu est bon et plus le prix à recevoir est égal à cette bonté. Même lorsque la récompense est différée, elle finit toujours par arriver et alors elle est doublée, amplifiée.

   Donc, Mary surprit Alexander par sa réaction posée et sereine. Elle ferma même les yeux et entreprit de prier silencieusement. Alexander ne voyait que ses lèvres remuer et ses mains posées sur sa poitrine. Il n'avait jamais découvert, auparavant, la facette religieuse de sa mère. Chez eux, la religion n'avait jamais été mise en avant. Alors voir sa mère dans une telle posture le surprit assez. Mais sans excès. En effet pourquoi s'étonner de quelque chose de tout à fait naturel, normal et même logique. Cet univers a bien besoin d'un créateur et s'il a réussi un tel exploit alors il mérite bien d'être loué, sollicité, imploré même.

    Oui, pourquoi s'en étonner ? Lui-même ne s'était-il pas retourné vers Lui, vers le Tout Puissant pour le supplier ? Souvent, dans des moments pareils, des moments de grande défaite et de grand abattement, l'individu se sent tel ce fétu de paille malmené au gré du vent. Il a alors besoin d'être pris en main, d'être guidé, orienté vers le droit chemin et souvent, il a besoin d'être lavé de ses péchés, pardonné, absout car ayant fait preuve d'un repentir sincère.

    Sans s'en rendre compte, Alexander joignit ses deux mains et entama un chapelet d'incantations. Le temps était critique et toutes les prières suffiraient à peine à compenser les bienfaits de Dieu. Sa mère lui prit les mains et lui dit :

   - Où est Alexa ? Comment va-t-elle ? Vous avez parlé ?

  - Non. Elle dort encore.

  - Elle est rentrée se reposer à la maison ?

  - Non. Elle est ici.

  - Elle doit être bien fatiguée ! Pauvre petite ! Un cœur d'or ! Si seulement, Sandra lui ressemblait ! Mais comment le souhaiter alors que je n'y ai aucun mérite ? Pour avoir des enfants aimants, il faut leur distiller cet amour, le leur enseigner.... Sandra est repartie d'où elle est venue ?

   - J'avoue ne rien savoir. Lorsque j'ai quitté la chambre d'Alexa, j'étais trop inquiet pour penser à autre chose.

   - La chambre !? Elle est dans une autre chambre !? Pourquoi !? Il lui est arrivé quelque chose ?

    Alexander ne reconnaissait plus sa mère. Mais du tout ! Depuis quand était-elle devenue de cette perspicacité ? Où trouvait-elle l'assurance avec laquelle elle parlait et agissait ? Une métamorphose de cette envergure était-elle possible ? Pouvait-on changer du jour au lendemain ? En quoi consistait exactement la part d'intervention d'Alexa ? Son rôle avait-il été aussi déterminant ? Il fallait qu'il sache, qu'il comprenne ! Non seulement par curiosité mais parce qu'il avait besoin de mieux cerner la personnalité de sa mère qu'il découvrait et qui le surprenait chaque jour davantage.
 
   - Je sais que ce n'est guère le lieu ni l'endroit de parler de ces choses, mais j'ai besoin de savoir, de savoir pour mieux te comprendre. Dis-moi, maman, depuis quand connais-tu Alexa ?