ENTRE VŒU ET RÉALITÉ.

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    Alexander aurait aimé se retrouver seul avec Alexa, chez eux, dans leur maison et non pas à Happy House ou à la clinique où ils durent retourner pour voir Wallace. Têtue, du cimetière, elle insista pour que l'un des gardes et Gretchen la ramènent chez ses parents. Alexander ne pouvant pas trop insister pour ne point passer pour un impoli, d'un côté, et ne voulant guère la brusquer, de l'autre, dut céder. Comme de coutume. Sa promesse faite au docteur de respecter le rythme de la jeune femme tenant toujours, il souhaita intérieurement apprendre de bonnes nouvelles au centre hospitalier afin que de la sorte il puisse retourner auprès d'elle. Par ailleurs, il se sentait vraiment au bord de l'épuisement et aurait besoin d'une bonne dose de sommeil et de paix. Et quels meilleurs bras que ceux d'Alexa pouvaient les lui procurer ? Alors mieux valait prendre son mal en patience et faire les choses dans les règles.

    Il se faisait aussi du souci pour sa mère suite à sa crise de larmes. En somme, la chose semblait tout à fait logique suite à l'arsenal des tristes événements qu'elle avait endurés. Toutefois, la voir maussade et songeuse lui brisait le cœur. Il devait s'occuper d'elle, et veiller à ce qu'elle ne se néglige pas, ni ne reste trop seule. Sa solitude n'avait d'ailleurs que trop duré. Il lui fallait un changement radical en vue de rattraper les années gaspillée. Maintenant qu'il cernait mieux la personnalité de sa mère, il se proposait de devenir son ami avant d'être son fils. Il ne devait plus ni la juger, ni la comparer aux autres mamans. Il devait l'accepter telle qu'elle était, une personne avec ses hauts et ses bas, ses forces et ses faiblesses, ses joies et ses peines... Et surtout, il devait se convaincre de la nécessité d'abolir tous les tabous : dans une famille, entre des membres proches et soudés, les câlins étaient la base la plus vitale. Plus de distance. Plus de peur. Plus d'interdit. Même en cas de dispute, de désaccord, il fallait se rappeler le plaisir des réconciliations. Ne pas être d'accord ne signifiait nullement être contre l'individu. L'idée n'est pas l'individu. Accepter la différence qui fait la richesse de chacun et du coup de la race humaine.

    Sa mère serait vraiment heureuse si Sandra acceptait de lui pardonner, de tenter de comprendre sa situation qui n'était guère plus brillante. lui donner une autre chance pour qu'elles aient l'opportunité de mieux faire connaissance et ainsi mieux se comprendre. Sandra avait l'obligation d'apprendre à communiquer, à extérioriser ses émois, ses sentiments, au lieu de les enfouir au fond d'elle, de les taire, de les tenir secrets. Comment découvrir les besoins et les attentes de l'autre s'il s'obstine dans son mutisme et dans son retrait ?

   En laissant Sandra au cimetière, il avait été partagé entre un lot de sentiments :

   D'abord, apprendre avec horreur qu'elle avait osé  saccager, profaner, la tombe de leur défunt père pour lui témoigner sa rage et sa hargne. Il avait bien lu dans ses yeux une douleur si intense que même le cœur d'un monstre dénué de pitié aurait frémi. Une peine à abattre des montagnes si elle leur était versée dessus.

   Également, avoir connaissance d'une supposée crise d'hystérie face à un père mort sans qu'elle ait eu le temps de lui crier ses quatre vérités. Une colère qui la pousserait à tenter n'importe quoi.

    Enfin, recevoir un message pour lui communiquer son départ précipité sans prendre la peine de les avertir, ni de leur dire au revoir ou adieu. Partir,  disparaître, se volatiliser. Se perdre dans le néant.

   Heureusement qu'il avait pris la précaution de charger Paul de garder un œil sur elle. Par son entremise, il réussit du moins, à se tranquilliser suffisamment pour demeurer centré sur Wallace qui avait repris connaissance et était même autorisé à parler. Il semblait très affaibli, blême et défait. Pourtant, ses yeux réflétait un bonheur éclatant. Le bonheur d'avoir triomphé d'une intervention chirurgicale qui semblait impossible, presque suicidaire. Que c'était bon de se sentir vivant, capable de respirer et de se dire que le jour en cours n'était point le dernier. Ouvrir son cœur au bonheur et faire des projets.

POUR L'AMOUR D'ELLE. (TERMINÉE). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant