SES YEUX POUR PLEURER.

96 17 19
                                    


   Le cerveau en totale ébullition, Alexander sortit de la maison et se dirigea vers le garage où il prit la nouvelle moto. Paul, qui était revenu après s'être assuré du départ sécurisé de Wallace, avait suivi toute la querelle entre les deux jeunes gens.

   Simple témoin qui ne pouvait point prendre parti.

   Ulcéré par le  déraisonnable comportement de son patron, il demeura simple observateur passif. Révolté par sa violence saugrenue et inexplicable, il se contenta de le suivre en voiture lorsqu'il partit sur la moto tel un dératé.

   Alexander conduisait comme s'il avait le diable à ses trousses. Devant les yeux, il avait une seule image : les larmes d'Alexa et son recul face à son geste de la toucher. Le remords le tuait. Plus son coeur s'ulcerait et plus il augmentait de vitesse.

   Dans le 4x4, Paul soupirait à tout bout de champ craignant de voir son boss entrer en collision avec un autre véhicule, perdre le contrôle de son engin et aller voltigeur dans les airs avant d'aller se fracasser contre le bitume.

   Sa rage contre lui et contre son manque de savoir-faire avec Alexa le rendait fou. Il aurait apprécié fortement de pouvoir le prendre par le collet et le secouer, le secouer jusqu'à ce que sa raison lui revienne parce que Alexander Goodmayer le posé, le raisonnable, le rationnel avait disparu cédant la place à un malade ne possédant aucune once de logique, de réflexion.

   Comment avait-il osé se comporter d'une façon aussi discourtoise avec la crème des filles !?

   Comment avait-il pu l'accuser de telles atrocités, elle dont le seul but était de le réconcilier avec son passé et les siens ?

   Comment avait-il pu faire preuve de tant de sauvagerie face à une femme dont le calme était légendaire ?

  Pendant le peu de temps que Paul avait passé au contact de la jeune Rasmussen, il avait été à mieux découvrir sa bonté, sa sincérité et son besoin de venir en aide aux autres. Grâce à Eric, il avait su que la demoiselle avait des règles considérées comme des lois incontournables; des lois considérées vitales.

   Se voir accusé des pires ignominies alors que sa visée est tout à fait bonne fait mal. Atrocement mal. Surtout lorsque l'accusation provient d'un individu très proche et trop cher.

   Paul sentait dans sa chair la souffrance ressentie par Alexa. En la voyant au sol pétrifiée et le regard hagard ainsi qu'une belle poupée désarticulée, il avait eu l'idée fulgurante de courir vers elle et de la prendre dans ses bras pour la soustraire à un champ dévasté qui attisait son dépit. La rassurer, lui panser la main et la ramener chez elle à Happy House où chacun se consacrerait à son contentement. La soustraire au chagrin et la peine devenait une urgence.

   Malheureusement, il lui avait fallu suivre son patron tel un chien de garde. Son devoir consistait à protéger son employeur qu'il ait tort ou raison, qu'il soit ange ou démon.

   Tout en conduisant, il tentait de spéculer sur tous les scénario possibles :

   Scénario numéro 1,  mademoiselle serait allée se coucher épuisée par tous les événements de l'après-midi et de la soirée convaincue que la nuit porte conseil.

  Scénario numéro 2 : trop malheureuse pour réfléchir et agir, elle serait rentrée chez elle, au sein de son cocon familial, elle pourrait réfléchir à tête reposée et réussir  peut-être, à trouver dans son tendre coeur assez de charité pour pardonner à son bourreau, et qui sait, lui trouver des excuses et lui pardonner.

   Scénario numéro 3 : furibonde, elle serait rentrée chez elle en se promettant de couper les ponts avec un fou furieux qui serait capable de devenir encore plus violent et s'en prendre à elle. Le fuir en mettant le plus de distance possible entre eux. Paul avait bien vu les larmes de déception remplir les yeux bleus de la jeune femme, des larmes qui en disaient long sur son brisement.

POUR L'AMOUR D'ELLE. (TERMINÉE). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant