BUREAU DIRECTORIAL
DU P.D.G. DE LA CHAÎNE
HÔTELIÈRE RASMUSSEN.
CÔTE D'AZUR.
MARDI.A 10 heures du matin, Vlad Rasmussen pénétra dans son bureau, suivi par le directeur de l'hôtel, monsieur Prescott. Ils avaient une réunion de prévue avec le chef du personnel, les chefs-cuisiniers, les comptables et la responsable du service Contrôle. Cette dernière, suite à une inspection détaillée et minutieuse, avait rédigé un rapport comportant toutes les remarques, suggestions et remaniements capables d'augmenter la fiabilité et le confort de l'hôtel et, du coup, sa rentabilité. Comme la réunion devait démarrer à 11 heures, les deux hommes avaient décidé de se rencontrer, en tête à tête, pour discuter du dit-rapport. Vlad qui connaissait les talents de sa soeur concernant l'organisation, le contrôle et la gestion n'avait aucun doute sur le contenu du rapport. Il était même prêt à accepter toutes ses propositions les yeux fermés. Il était aussi sûr, et même certain, que le conseil d'administration du HOLDING RASMUSSEN sera prêt à débloquer les fonds nécessaires avec ultime objectif de satisfaire les désirs de la nouvelle responsable qui avait fait ses preuves avec d'autres hôtels dont le chiffre d'affaire avait doublé. En fait la famille Rasmussen possédait une chaîne hôtelière, 5 étoiles, de part le monde: Etats-Unis, France, Angleterre, Emirates-arabes-Unies, Maroc... Encouragé par les vues ambitieuses d'Alexia, le conseil d'administration, composé exclusivement de tous les membres de la famille, espérait faire de tous ses hôtels des PALACES 7 étoiles. Déjà luxueux et richissimes, avec quelques remaniements, avec quelques plus ici et là, ils deviendront à coup sûr le point de mire des milliardaires et touristes obsédés par leur confort. Alexia avait la prétention de faire de ces hôtels une petite ville offrant tous les services et satisfaisant tous les désirs les plus insolites. Dans ce dessein, il fallait conjuguer tous les efforts pour honorer une telle ambition. Et comme, en plus, les Rasmussen possédaient une fortune colossale, tous les problèmes à caractère pécunier seraient aplanis.
Très confiant, Vlad discutait avec monsieur Prescott tout en sirotant sa troisième tasse de café.
- Au fait, est-ce que Luke a déjà rencontré ma soeur? demanda-t-il à son interlocuteur.
- Oui, ils se sont rencontrés hier.
- Et?
- Si Luke a été tétanisé par la beauté et la force de caractère de mademoiselle Alexia, votre soeur, quant à elle, a été franchement déçue. Elle lui a adressé un avertissement et n'a même pas semblé prêter attention à son physique avantageux qui d'ordinaire ne laisse pas les femmes insensibles. Il a surtout eu sa curiosité piquée au vif. Il a beaucoup insisté pour savoir qui était vraiment la nouvelle responsable et pourquoi elle avait tant de pouvoir. Mais, soyez sans crainte, je n'ai rien divulgué. D'ailleurs, il n'est pas le seul à se poser des questions. Certains s'imaginent même qu'elle est votre petite amie.
- Laissez-les penser ce qu'ils veulent! L'important pour moi est que rien ni personne ne vienne la contrarier. Les désirs d'Alexia sont des ordres. Je le dis et je le répète et tout le monde doit se comporter dans ce sens.
- N'ayez crainte, monsieur Vlad. Il en sera fait selon vos désirs et ceux de mademoiselle.
- Voilà qui est bien. Il est bientôt 11 heures. Ils vont commencer à arriver.
En effet, au même moment, ils entendirent frapper à la porte et une secrétaire apparut pour annoncer l'arrivée des autres participants au conseil, sauf Alexia qui n'arriva qu'à onze heures tapantes accompagnée de trois jeunes hommes qu'elle présenta comme étant architectes et ingénieurs dans le bâtiment. Cela conforta Vlad dans l'idée d'Alexia prenait ses missions très au sérieux. Depuis qu'elle avait réussi ses examens et avait décroché son diplôme en Hôtellerie et son doctorat en marketing, le chiffre d'affaire de la Multinationale Rasmussen avait connu des hausses plus que spectaculaires. Déjà leurs bateaux-
croisières étaient devenus si connus, leur luxe si vanté qu'il fallait effectuer les réservations des mois à l'avance. Alexia, malgré son jeune âge, était dotée d'une vision futuriste qui lui permettait d'anticiper les demandes et de brûler les étapes. Ce qui faisait toute la différence.
- Bonjour, messieurs! salua Alexia toute l'assistance.
Tous les regards furent braqués sur la jeune fille qui portait ce matin une mini-jupe et une tunique courte bleue, du même bleu que ses yeux myosotis. Chaussée de sandales bleues, aussi, à talons hauts, mais compensés, pour le confort, Alexia paraissait plus grande que son un mètre soixante-treize. Durant le jour, elle adoptait un maquillage des plus légers : à peine une touche de mascara pour souligner ses longs cils et une note de rouge à lèvres pour sa belle bouche aux lèvres ourlées. Ses longs cheveux blond-
polaire cendré bouclés naturellement cascadaient dans son dos qu'ils couvraient presque en entier. Des cheveux épais mais fins. Les coiffer ne posait aucun problème à Alexia qui préférait les laisser sécher sans recourir à aucun artifice. Rares étaient les fois où elle recourait aux services d'un coiffeur ou d'un salon de beauté. Elle privilégiait des soins naturels, chez elle. Sauf quand sa mère la forçait à profiter des services de professionnels sollicités à domicile. Comme elle n'était pas très mondaine, elle optait pour des coiffures simples: les attacher avec un élastique ou un foulard, les tresser, les relever en un chignon avec des baguettes, parfois même avec un simple stylo...ou les laisser libres, tout simplement, comme ce matin.
Une fois les présentations faites, Alexia s'assit face à Vlad, à l'autre bout de la table qui mesurait plus de huit mètres. Vlad put de cette façon s'assurer que sa soeur avait récupéré car, la veille au soir, elle avait eu du mal à trouver le sommeil suite au décalage horaire. En effet, Alexia avait passé un mois en Chine, à Hong Kong où elle avait supervisé l'inauguration d'un nouvel hôtel. Depuis trois ans, elle consacrait sa vie et son temps au travail. Elle travaillait avec frénésie comme si sa vie en dépendait. On eût dit qu'elle mettait les bouchées doubles. Connaissant son obsession pour le travail et la perfection, Vlad regardait sa soeur avec tendresse, admiration et un zeste de peur. Il était l'une des rares personnes connaissant le vrai état de santé d'Alexia ou plutôt d'Oana car pour la famille, elle était Alexa-Oana-Aina. Pour le travail, elle restait Alexia, un prénom sans nom de famille pour que personne ne puisse remonter aux liens l'unissant aux Rasmussen, une grande famille rassemblant entre des aïeux danois et suédois. Chaque fois que Vlad, le frère aîné, regardait sa petite soeur, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une vague d'appréhension. En effet,Oana, dès sa naissance,
vingt-trois ans plus tôt, avait présenté une cardiopathie congénitale qui est une malformation du coeur. Opérée dès sa naissance car elle risquait une mort certaine, elle avait toujours dû vivre entourée de soins, de médicaments, et de précautions. Comme elle était assoiffée de vie indépendante, de vie folle, de vie normale, elle enfreignait souvent les règles et n'en faisait qu'à sa tête. Combien de fois avait-
on perdu l'espoir de la voir survivre à une attaque? A un malaise? Combien d'interventions avait-elle été contrainte d'endurer? La plupart des médecins finissaient par se déclarer pessimistes et préparaient les membres de la famille au pire. Pourtant, grâce à son obstination et à son amour de la vie, Oana s'était battue contre sa maladie avec un acharnement admirable. A quinze ans, comme si le sort s'acharnait contre elle ou cherchait à tester son endurance, elle, qui adorait monter à cheval et se promener en pleine forêt, fit une terrible chute à cause d'un serpent qui fit peur à son alezan. De cette terrible chute, elle sortit paralysée parce que sa colonne vertébrale en fut endommagée. En plus, à cause d'une commotion cérébrale, elle resta dans le coma plus de soixante-
douze heures. Entourée par l'amour inconditionnel et illimité de sa famille et aidée par la gigantesque fortune Rasmussen, elle put bénéficier des meilleurs traitements et des appareils les plus sophistiqués. Son père et grand-père ne lésinèrent devant aucune dépense, devant aucune exigence, aussi onéreuse, rare ou farfelue soit-elle. Ils firent du domaine familial en Suède une vraie clinique. Ils firent appels aux meilleurs spécialistes, aux meilleures techniques...Cependant, l'atout majeur dans la guérison de leur enfant demeurait sa volonté de fer. Sa foi en la clémence de Dieu restait forte, inébranlable. Elle était convaincue que si elle le voulait très fort, Dieu finirait par l'aider,par concrétiser ses rêves et ses désirs. C'est pourquoi elle ne se plaignait jamais, prenait ses médicaments, suivait les recommandations des médecins et continuait à prier, à implorer le Tout Puissant et à Lui réclamer un miracle. Elle désirait, par-dessus tout, vivre pour faire du bien autour d'elle, être utile aux autres.... Elle désirait laisser une trace derrière elle, laisser une trace de son passage sur cette Terre. En dépit de ses souffrances qui dépassaient toute description, elle demeurait attentive à son entourage. La croyant souvent inconsciente sous l'effet des antalgiques, les gens autour d'elle - infirmières, domestiques,...-
parlaient avec une grande liberté. C'est ainsi qu'elle apprit, par exemple, que l'une des infirmières qui s'occupaient d'elle avait un enfant à charge et devait le laisser chez les voisins pour venir à son travail. Cette situation la perturbait et l'empêchait de se concentrer sur son travail d'autant plus que l'aller-retour lui demandait beaucoup de temps. Elle avait accepté la mission pour les avantages financiers qu'elle offrait. Or, avec le temps, son fils lui manquait de plus en plus et son moral s'en trouvait affecté. Sans hésiter, Oana demanda à son père d'intervenir. Pour elle, son père était un héros capable d'apaiser tous les maux, de réussir l'impossible. Au lieu de se passer des services de l'infirmière, son père ordonna qu'un cottage, sur le domaine, lui soit attribué et que son enfant, âgé de deux ans, vienne vivre avec elle étant donné sa situation de mère célibataire. Les domestiques étant nombreux, quelqu'un était toujours disponible pour s'occuper de lui. L'infirmière en fut si heureuse et si reconnaissante à la famille que son travail devint une sorte de dévotion surtout suite aux répercussions subies sur la santé physique et psychique de son bébé qui devint plus sain et plus ouvert.
Parmi les domestiques qui s'occupaient du nettoyage de sa vaste chambre, transformée en chambre d'hôpital, une jeune femme frisant la quarantaine qui cognait contre les meubles, les portes et était couverte de bleus. Comme Oana lisait beaucoup et faisait des recherches sur le net, elle comprit que la jeune femme présentait sûrement une anomalie de vision malgré la paire de lunettes aux verres épais qu'elle avait constamment juchée sur le nez. Elle découvrit que cela pouvait résulter d'une mauvaise coordination entre le cerveau et le système nerveux ; chose qui nécessiterait une intervention chirurgicale. Une fois de plus, elle intercéda en faveur de la "malade" qui fut examinée, opérée et remise sur pied.
Faire le Bien était sa devise d'autant plus que l'argent ne manquait guère aux Rasmussen. Elle faisait aussi le Bien autour d'elle en étant toujours gentille, tolérante et attentive. Elle avait un mot gentil pour chacun; elle n'oubliait jamais de dire "merci" à quiconque, autour d'elle, qui avait à la servir, à la soigner, à s'occuper d'elle. Ces gens faisaient leur travail, il était vrai, et touchaient leur argent pour cela, or un "merci" ne coûtait rien et faisait toujours plaisir. Autour d'elle, tout le monde l'aimait, l'adorait même. Ses grands-parents paternels chez qui elle résidait depuis la découverte de ses problèmes de santé l'idôlatraient.
Quant à ses parents d'origine scandinave, mais de nationalité américaine, ils avaient élu domicile en Suède. Leur but était de tenir la naissance d'Alexa secrète. Non pas parce qu'ils avaient honte de son anomalie, mais plutôt pour la protéger. Le domaine suédois était une vraie forteresse où personne n'avait droit d'accès sans passer par un contrôle serré et rigoureux. Si les Rasmussen étaient restés aux Etats-unis, il leur aurait été impossible de protéger la vie privée, l'anonymat de leur bébé. Ainsi, la dernière des Rasmussen grandissait entourée de l'amour des siens, de l'attachement d'un personnel sélect et du dévouement d'un corps médical trié sur le volet.
En atteignant les deux ans, elle vit ses parents partager leur temps entre les Etats-unis et la Suède. Sa mère, il est vrai, s'absentait moins souvent que son père qui devait gérer son empire. Elle commença aussi à s'attacher à ses trois frères, Vlad, l'aîné, et les deux jumeaux Levy et Liam; frères qui l'adoraient. Vivant aux États-Unis, ils passaient leurs vacances avec elle. A partir de ses six ans, elle put mener une existence assez normale; néanmoins, elle avait toujours comme consigne de se ménager. Interdiction formelle de courir. De se surmener. De vivre des émotions trop fortes. Obligation de faire des siestes. De ne pas rester trop longtemps debout... De vivre au ralenti. Ou était-ce de mourir? Les médecins, à chaque fois, rappelaient aux parents de ne pas trop espérer, de ne pas trop faire de projets, de vivre au jour le jour.... Pour eux, tous les cas semblables à leur fille avaient décédé... Tout était question de temps!
Justement, dans son cas, le temps semblait être avec et non contre elle.
De nature calme, elle adorait lire, dessiner, écouter de la musique, jouer au piano, admirer les étoiles,...
Lorsqu'elle avait atteint ses trois ans, sa mère fit venir, de Roumanie, une jeune fille âgée de 20 ans pour qu'elle devienne la "nounou" d'Alexa. Ainsi, cette dernière, une enfant malade, et Gretchen - tel était son prénom - une jeune fille meurtrie par la vie, naquit un lien fort. Gretchen était la fille de l'ancienne nounou de Kirsten. La jeune fille venait de perdre ses parents dans un terrible incendie. Devenue orpheline et traumatisée, Kirsten, sa marraine, pensa à lui confier sa petite fille qui commençait à se rétablir progressivement suite à une lourde intervention à coeur ouvert. Dans sa bonté, elle pensait que l'une serait un baume pour l'autre. Une thérapie. En consolant l'autre, nous oublions nos propres maux.
La petite Alexa-Oana-
Aina était un amour d'enfant aux grands yeux d'un bleu à la nuance rarissime. D'immenses yeux au regard lumineux. Un regard si intense qu'il vous sondait au fond de l'âme. Sur une peau laiteuse et au-dessous d'une chevelure presque blanche contrastaient des sourcils et des cils noirs. Tout dans son visage était contraste, paradoxe. Son visage, d'un bel ovale, présentait une petite bouche et un petit nez aristocratique digne de la lignée des Rasmussen, contrastant en petitesse avec les grands yeux qui lui mangeaient littéralement ce visage où le magnétisme du regard vous happait, vous envoûtait.
La petite Oana - pour Vlad- ,quand elle ne devait pas rester alitée, menait une existence aussi semblable que possible à celle de tout enfant de son âge et de son milieu. Avec sa nounou, qu'elle nommait "Tchin-Tchin", elle lisait, coloriait, regardait des films-cartoons, dessinait...
Elles sortaient aussi, toutes les deux, prendre l'air, par beau temps.... Et surtout nager, car elle adorait évoluer dans l'eau; cela lui offrait une sensation de légèreté, de bien-être inégalable. D'autant plus que la natation est fort recommandé pour les sujets présentant des problèmes cardiaques. En somme, toutes les activités calmes et reposantes ne nécessitant ni force, ni surmenage.
Oana était une fille très éveillée et très intelligente, d'une intelligence dépassant largement la moyenne. Les professeurs qui s'occupaient de son éducation chantaient ses louanges. Elle avait un don pour les langues et les mathématiques. Et par-dessus tout, elle possédait une mémoire étonnante. A dix ans, elle maîtrisait plusieurs langues car à part le danois qu'elle parlait avec son père et ses grands-parents paternels, elle parlait suédois avec sa mère, roumain avec Gretchen, anglais avec ses professeurs, allemand avec Vlad qui aimait et maîtrisait cette langue et français avec les deux jumeaux qui résidaient souvent en France et qui avaient eu une nounou française. Elle pratiquait aussi cette dernière langue avec le chef-cuisinier français que sa mère avait engagé pour tenter les papilles de sa fille qui ne présentait aucun intérêt pour la nourriture. Et comme l'une des infirmières était d'origine espagnole, elle l'initia à la langue de Don Quichotte. Ainsi elle s'ouvrit sur plusieurs cultures ce qui lui facilita le travail après l'obtention de ses diplômes. Très douée, elle rattrapa facilement le retard pris au niveau de sa scolarité, retard causé par les multiples contraintes de sa santé, retard duquel elle triompha grâce à son labeur infatigable et sa volonté de fer. A quinze ans, elle obtint son baccalauréat. Lors des examens, un comité de professeurs arriva au domaine pour lui faire passer toutes les épreuves. Le jour où les résultats furent annoncés, Oana, excitée par sa réussite triomphale, sortit, en catimini, faire une promenade sur un alezan arabe et eut son terrible accident qui replongea la résidence dans l'affliction. Lorsque Oana sortit du coma, sa paralysie au niveau des jambes fut diagnostiquée. Une fois de plus, là où les médecins se montrèrent prudents, pour ne pas dire pessimistes, Oana se montra invincible et surtout d'une foi inébranlable. Son père fit venir les meilleurs kinés, les meilleurs coachs, qui l'assistèrent et stimulée par eux et par sa volonté d'arriver à bout de cette invalidité, elle la vainquit et retrouva l'usage de ses membres inférieurs. Cela exigea d'elle force, énergie et patience, beaucoup, énormément de patience et de temps. Toute une année au cours de laquelle elle dut se montrer inflexible ce qui l'obligea à stopper ses études. L' année suivante, son père l'envoya en Suisse pour des études universitaires et pour l'initier à une vie sociale. Rien ne peut remplacer la période d'un cursus universitaire avec des camarades, dans une ambiance détendue et folle, entre jeunes. Il désirait pour sa fille une vie autant normale que possible. Avec bien sûr toutes les précautions et mesures de sécurité possibles. Avec Gretchen, elle résidait dans l'Hôtel Rasmussen, dans la suite réservée à la famille. Elle avait une voiture avec chauffeur et garde du corps. Pour le monde extérieur, elle était Alexia Anderson. Avec le doyen de l'université, son père, Loan, avaient songé à un tel subterfuge pour la préserver de toute menace, de tout danger surtout que son frère, l'un des jumeaux, Liam, avait été enlevé et une rançon de cinq millions de dollars avait été exigée. Heureusement que les ravisseurs furent appréhendés et Liam libéré avant qu'il ne soit trop tard. Depuis cet triste incident, les Rasmussen déjà précautionneux le devinrent encore davantage. L'existence de leur fille était quasiment inconnue. Un cercle restreint était au courant. La famille ne tenait en aucun cas à ce que la santé d'Oana fasse la Une des journaux. Ainsi naquit Alexia. A l'université, elle était l'amie de tous, sans avoir d'ami. Elle aidait ses camarades à réviser, à préparer un exposé, écoutait d'une oreille attentive les doléances de tel, les peines de coeur de telle, souhaitait bon anniversaire, offrait cadeau et mots gentils, participait rarement à des sorties pour ne pas faire la snob.... tout en sauvegardant sa vie privée. Personne ne savait où elle résidait. Où qu'elle se rende la suivait une garde serrée. Aucun n'était autorisé à trop s'approcher d'elle. En plus du chauffeur et du garde du corps qui occupait toujours le siège avant à côté du conducteur, il y avait un autre véhicule qui suivait le trio avec à l'intérieur deux gardes entraînés à parer aux situations les plus critiques et les plus inattendues. Comme dans un film des gangsters. D'où la légende qu'on construisit autour de la jeune fille: héritière d'un mafiosi, elle bénéficiait d'une garde rapprochée.
Lors de sa seconde année, Alexia était, un samedi après-midi, dans un café huppé avec Gretchen qui fêtait ses trente-quatre ans lorsqu'elle remarqua un point rouge qui se déplaçait sur la tête d'un client. En un éclair, elle comprit qu'un tueur visait sa cible et s'apprêtait à appuyer sur la gâchette. Sans hésiter, ni perdre son temps à crier et à affoler l'assistance et peut-être à exciter le tueur, et aussi peut-être parce qu'elle avait au fond d'elle-même toujours nourri l'idée que sa vie pouvait servir à sauver celle de quelqu'un, elle se leva et passa à côté de l'homme-
cible qu'elle poussa. Au moment où ils roulaient tous les deux à terre, une balle tirée par un silencieux fit voler en éclat une glace. Ce fut alors la débandade avec une avalanche de coups de feu qui suivit tirée par les gardes d'Alexia et des policiers placés là pour une affaire de stupéfiants. Il s'avéra par la suite que la cible était un policier infiltré dans un gang de drogue et découvert, on voulut l'éliminer au cours
d'une transaction. La police décerna à Alexia une médaille de bravoure et le policier à qui elle venait de sauver la vie - Eric Clapton -
lui devint éternellement reconnaissant. En apprenant qui elle était en réalité, Eric démissionna et proposa à Loan Rasmussen de devenir l'ombre de l'ombre de sa fille. Ainsi, il devint son garde personnel et le responsable de sa sécurité où qu'elle se rende. En effet, elle savait toujours qu'Eric n'était jamais loin. Il l'accompagnait dans tous ses déplacements et effectuait toutes les recherches. Grâce à sa nouvelle profession, Eric voyageait beaucoup et avait dû rompre avec une petite amie qui avait déjà du mal à supporter sa vie tumultueuse de policier. Depuis, il était un homme seul et libre qui concentrait son énergie à satisfaire les moindres désirs de celle qui lui avait sauvé la vie en risquant la sienne.
Vlad qui connaissait par coeur toutes les métamorphoses suggérées par Oana et qui était prêt à y céder car les sachant pertinentes, s'était permis de remonter dans le temps pour se rappeler une fois de plus le combat long et harassant que sa soeur-chérie avait été forcée de livrer contre la maladie pour être là où elle était et à devenir la splendide créature qui réussissait avec brio dans toutes ses entreprises.
Revenant au moment présent, il entendit le chef-cuisinier qui approuvait l'idée d'agrandir les cuisines car durant la forte saison, il devenait difficile de gérer les choses dans un espace qui même vaste devenait réduit. Surtout avec les nouveaux plans de mademoiselle qui prévoyaient un remaniement au niveau du menu qui présenterait désormais un choix végétarien et un buffet- arabe ouvert le vendredi puisque beaucoup de clients étaient maghrébins, syriens, libanais,....; buffet qui présenterait de vrais plats et non pas les sempiternels sandwichs découverts dans les snacks et fast-food.
Vlad savait qu'avec sa soeur à bord, la réussite était sûre et assurée. Avec une fille en acier, on ne pouvait que RÉUSSIR.
VOUS LISEZ
POUR L'AMOUR D'ELLE. (TERMINÉE).
RomanceUne jeune fille de la haute société qui mène une double vie après avoir échappé à une mort certaine. Belle, compétente dans son travail, elle avance dans la vie en faisant fi des soucis tant physiques que professionnels. Focalisée, d'abord sur sa su...