TOURNER LA PAGE ?

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   Paul ne sut jamais comment ils étaient arrivés à la clinique Pasteur-Vitry tellement occupé à soutenir Alexander qui allait de mal en pis. Dès leur arrivée du côté des urgences, deux infirmiers se précipitèrent avec une civière. Mené à l'intérieur, on vérifia son pouls qui était trop faible contrairement à sa température qui était très haute. Trop haute même dépassant les quarante neuf. Brûlant, il commençait à délirer. Les battements de son coeur étaient trop précipités. En examinant sa main, le médecin de garde fut horrifié. Ensanglantée et tuméfiée, elle faisait peur à voir. A première vue, il s'agissait d'une infection doublée d'un traumatisme. Le médecin soupçonnait aussi des fractures au niveau des phalanges. Suite à des radios, le diagnostic préliminaire fut confirmé : les os de la main droite étaient en bouillie. Le médecin fut étonné d'apprendre que le blessé n'avait pris aucun antalgique en dépit de la grande douleur qu'il devait ressentir. Pour leur permettre de lui plâtrer  tout l'avant bras pour s'assurer de son immobilité totale, il fut décidé de lui administrer une anesthésie générale. Fiévreux et délirant, il risquait de revenir à lui et d'avoir une réaction brusque. Autant anticiper tout imprévu !

   Pendant qu'on s'occupait  d'Alexander, Paul téléphona au pilote pour retarder le départ. Il ne pouvait pas annuler connaissant Alexander et comprenant sa hâte de s'éloigner d'un endroit où son calvaire grandissait de minute en minute. Dès son réveil, il allait vouloir partir passant outre l'avis médical. En attendant, il pensa aussi téléphoner à Eric et s'enquérir de la situation. Il avait du mal à se faire à l'idée que la belle idylle de son patron et de mademoiselle Alexa pouvait finir aussi tristement. Grâce à leur amour, il avait rêvé de vivre une aussi belle histoire d'amour. Il rêvait de se trouver une femme  belle et douce capable de l'aimer avec ses défauts et de l'accepter avec les contraintes de son métier. Même son copain Eric avait fini par se trouver une femme qui adoucissait sa vie et lui octroyait sens et saveur. Il avait espéré un amour aussi fort et sincère; mais si la chute risquait d'être aussi vertigineuse et aussi fracassante alors autant se contenter de sa solitude. Il n'était point préparé à vivre une aussi immense déception.

  - Allô ! Comment ça marche, Eric ?

  - Bien, Paul ! Et toi ? Ça marche ? T'es où ?

  - À Paris.
  
  - Vraiment ?

  - Oui. Il parait que la famille Rasmussen se prépare à organiser un grand mariage ?

  - On dirait ! Que fais-tu à Paris ? Monsieur Goodmayer est avec toi ?

  - Oui.

  - Et où es-tu ? Si tu es libre, nous pourrons nous voir, peut-être.

  - Je suis à la clinique.

  - Pourquoi donc ? Tu es malade ?

  - Non, c'est le boss. Il s'est bousillé la main droite et on la lui plâtre. Il a une fièvre de cheval.

  - Quelle clinique ?

  - Pasteur-Vitry.

  - Je connais. J'essaierai d'y faire un tour car tu sais que mademoiselle Alexa est toujours en colère.

  - Oui, je la comprends. J'étais là le jour de la dispute et j'ai tout vu. Elle a eu raison de se sentir blessée par sa violence, mais je pense que sa réaction a été trop excessive. Monsieur est fou d'elle et sans elle, il se ratatine et flétrit ainsi que cette fleur manquant d'eau et de soleil. Monsieur ne va pas bien du tout !

   - Il aurait dû y songer avant de jouer au crétin. La demoiselle peut tout pardonner sauf que l'on fasse preuve de violence. Elle en condamne sévèrement toutes les formes. Allez, je ne te promets rien, mais j'essaierai de faire un saut jusqu'à la clinique ne serait-ce que pour t'apporter un pot de café.

POUR L'AMOUR D'ELLE. (TERMINÉE). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant