POUR L'AMOUR D'ELLE. (TERMINÉE).

ENTRE QUIETUDE ET INCERTITUDES.

   Commença alors une nouvelle ère : les Rasmussen durent se faire à l'idée qu'Alexa avait un amoureux; ce qu'ils acceptèrent avec grand plaisir d'autant plus que cet amoureux en question était à ses pieds et trouvait un vrai plaisir à venir les voir le plus souvent. Alexander, de son côté, découvrait, avec délice, les plaisirs d'une vie commune. Lui qui se rebiffait avant devant le simple fait de laisser passer une fille passer toute la nuit avec lui dans le même lit. Pour l'amour d'Alexa, il était prêt à transgresser ses propres lois et à défier ses propres interdits. Le moment qu'il adorait le plus était lorsqu'en ouvrant les yeux, il réalisait qu'Alexa était une réalité et non un simple fantasme. En dépit de la chasteté de leurs rapports et de la peine qu'il avait à garder ses distances, il se sentait heureux et  satisfait, comme jamais auparavant.

   Il allait au bureau, travaillait avec acharnement et avait hâte de retourner à la maison où l'attendait Alexa, toujours plus désirable que le jour précédent, et où l'attendait aussi une table de choix. Sa maison n'était plus un simple lieu où dormir. Elle était devenue un havre de paix, un abri paisible contre les combats de la bourse, de la finance et des risques. Souvent, ils allaient dîner dehors ou se contentaient d'aller marcher sur la plage. Bref, Alexander avait tout de l'homme "installé", "casé" et il en tirait une immense joie.

   Pour Alexa, les choses étaient moins simples. Elle éprouvait beaucoup de joie à vivre aux côtés d'Alexander qui se montrait prévenant, attentionné et très amoureux. Or, c'était là le hic. Était-il vraiment amoureux ou était-ce seulement le plaisir de découvrir une fille différente de ce à quoi il était habitué? Pas une seule fois, il ne fut question d'amour entre eux. Mais, avait-on besoin de mots quand les yeux, les gestes, les soupirs,.... en disaient si long! Alexa avait peur de s'engager dans une relation physique qui la laisserait marquée à jamais en cas de rupture. Elle savait qu'il lui serait difficile de recoller les morceaux de son coeur brisé et ne désirait guère qu'il en soit de même pour son corps. Si elle se donnait à Alexander et s'il la rejetait plus tard, elle en mourrait. 

   Un soir où elle dinait avec les siens car Alexander avait un dîner d'affaires avec des hommes seulement, Kirsten,  remarquant l'air distrait et un tantinet soucieux de sa fille, l'emmena à l'écart et chercha à comprendre ses tracas. Ouvrant son coeur à sa mère, celle-ci lui recommanda d'avoir confiance : si elle avait réussi à pousser Alexander à la supplier de vivre avec lui alors qu'il n'avait jamais tenté une chose pareille, alors ses chances étaient grandes de faire de lui l'homme le plus constant et le plus fidèle. Elle lui deviendra si indispensable qu'il ne pourra pas se passer d'elle. Qu'il n'y pensera même pas. Dans la vie, il fallait, parfois, risquer le tout pour le tout afin de ne pas vivre toute sa vie avec des regrets en se disant : "Et si....?" Comme disait le proverbe " Avec des SI, on mettrait Paris dans une bouteille."

   Contrairement à ses projets avec Alexander, Alexa resta cette nuit-là dormir dans sa chambre, chez elle, autrement dit chez sa famille, à Happy House et en prévint Alexander, à la toute dernière minute. Il chercha à cacher sa contrariété car il se faisait une telle joie de retrouver Alexa et d'oublier en sa douce compagnie un dîner fructueux, mais ennuyeux à mourir.

   Pendant qu'Alexa retrouvait sa chambre avec un brin de nostalgie, Alexander, déçu, frustré et même incapable de trouver le sommeil, déambula dans la maison en imaginant Alexa donnant des ordres aux employés pour placer tel objet et tel meuble à telle ou telle place. Il réalisait,  une fois de plus, le goût sûr de la fille qui occupait toutes ses pensées. Elle avait fait de l'excellent travail. Il n'avait pas le moindre regret de lui avoir fait confiance. Mêmes les factures faramineuses qui en avaient découlé ne pouvaient ternir sa joie. La seule chose qui faisait tache était son absence. Il s'était tellement accoutumé à sa présence ! Sachant que le sommeil serait dur à venir, il se rendit dans son bureau pour travailler. Il finit même par s'y endormir, sur le canapé, refusant de dormir seul dans sa chambre, imprégnée de l'odeur d'Alexa.