REVENONS À NOS MOUTONS...

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    Donc, le vendredi matin, vers les coups de 10 heures, Vlad partit en compagnie de sa sœur à la clinique. Comme de coutume. Vlad commençait à se répugner lui-même. En premier lieu de se permettre une telle mascarade. En second lieu de se voir délaissé par une pimbêche sur qui il n'aurait même pas daigné jeter un regard. En d'autres circonstances. Il se réjouissait de pouvoir retrouver sa vie d'antan. Et dans un miniscule petit recoin de son esprit, il se demandait, avec désinvolture cela va de soi, comment allaient les Goodmayer et surtout... Sandra. Était-elle dans de meilleures dispositions où jouait-elle encore et toujours à l'iceberg ?

    Alexa partit avec une seule idée en tête : elle avait rempli sa mission auprès d'Enzo. Elle pouvait donc se targer d'avoir rempli sa part du marché et surtout de pouvoir honorer son engagement vis-à-vis de sa famille. Et le plus beau, elle allait se repaître de la vision d'Alexander qui lui manquait à un point indescriptible.

   Elle s'avouait au fond d'elle que les simagrées d'Enzo lui pesaient à tel point que parfois l'envie de l'envoyer valser la taraudait. Mais une parole était une parole. S'il refusait de remplir sa part du marché, et bien tant pis pour lui.

    En arrivant à l'étage où étaient situées les deux suites des Armani, Vlad opta pour une concertation avec le médecin pendant qu'Oana se dirigea directement vers la chambre d'Enzo à qui elle avait promis une visite après le déjeuner car se sentant fatiguée elle projetait de faire la grasse matinée. Mais comme Alexander avait annoncé son arrivée, son programme fut modifié. La matinée serait consacrée à Enzo pour qu'en fin d'après-midi, elle puisse se reposer et ainsi consacrer sa soirée à Alexander. Ils auraient tellement de choses à se dire ! En dépit de leurs coups de fil quotidiens, leurs sujets de conversations étaient intarissables.

   Alors, excitée telle une puce, elle arriva devant la porte de la suite au moment où une infirmière en sortait et se préparait à la refermer. En voyant la belle demoiselle aux si beaux cheveux et si beaux yeux, elle lui sourit d'un sourire béat chargé d'admiration et lui laissa la porte entrebaîllée l'invitant à aller rejoindre leur si capricieux malade.

   Dans son innocent désir de faire une surprise à Enzo qui ne l'attendait que plus tard, elle se glissa dans la suite subrepticement et allait pénétrer dans la chambre lorsqu'elle surprit un étrange dialogue entre le frère et la sœur.

   - Tu devrais voir, disait Lola à Enzo, voir Vlad lorsqu'il vient me voir ! Tu te rends compte Vlad Rasmussen, le beau, le charismatique, l'inégalable pour qui les plus belles seraient prêtes à se damner gaspille son temps avec moi ! Et ce qu'il est mignon avec sa délicatesse ! Un vrai homme du monde ! Je te le dis. Enzo, j'avais vraiment le béguin pour Alex, mais avec Vlad, c'est vraiment si différent ! Tu m'imagines en Rasmussen ? Madame Vlad Rasmussen. Je me contenterai même du titre de maîtresse. Il doit être d'une prodigalité à défier la chronique. Or, je dois, d'abord guérir. Et j'ai l'intention de devenir une vraie beauté !

   - Moi, je crois plutôt que Vlad te mène en bateau. Pourquoi s'intéresserait-il à une fille défigurée alors qu'il a toutes les beautés à ses pieds ! Vlad Rasmussen a beau ne pas être un play-boy, les femmes lui courent après et seraient prêtes à le couvrir d'argent. Ce n'est point sa richesse qui attire. C'est sa classe. Que peux-tu lui offrir ! Surtout maintenant avec ton visage mutilé ! D'autant plus que tu n'as jamais été ce que l'on appellerait une grande beauté.

    Lola, consciente de sa grave situation, avait besoin d'être rassurée; malheureusement, Enzo ne faisait qu'enferrer le couteau dans la plaie. Habituée à s'imposer pour gouverner, gérer ses "amis", l'intérêt du beau Vlad lui donnait une sensation toute neuve : être sollicitée. Gratuitement. Pourquoi se donnerait-il tant de mal ? Pourquoi lui manifester tant d'intérêt ? Pourquoi lui consacrer autant de temps ? Même si ses agissements n'étaient aucunement dictés par une visée amoureuse ou sexuelle, qu'il s'intéresse à elle par pure charité, par pur humanisme chamboulait son être, son âme et sa personnalité car Lola Armani avait été élevée dans le culte : "On n'a rien sans rien". Une existence bâtie sur l'axiome "donnant donnant". Depuis toujours, elle "s'achetait" des amis.

POUR L'AMOUR D'ELLE. (TERMINÉE). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant