INTERMÈDE.

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    Lors de sa seconde visite à Enzo, elle s'exhorta à s'approcher de son lit et à lui caresser le front avant de lui tenir la main.

    - Me revoilà, Enzo ! Comment te sens-tu depuis tout à l'heure ? Je sais que tu es capable de m'entendre puisque ton coma n'est pas total. Si tu peux me percevoir, fais-moi signe ! Montre-moi que ma présence compte à tes yeux. Ne te laisse pas aller. Tu dois te raccrocher à la vie et penser à toutes les belles choses dont tu rêvais et que tu n'as pas pu réaliser. Dis-toi que le meilleur est encore devant toi. Il te suffit de le vouloir très fort. Ne te laisse pas aller. Tout ira bien...

   Alexa avait beau répéter les mêmes encouragements Enzo ne donnait aucun signe en guise de réaction à ces paroles. Alexa en baignait dans une confusion totale. Sa certitude que sa présence signifierait énormément pour Enzo en fut fortement ébranlée. Quelque chose devait aller de travers. Soit qu'Enzo lui en voulait au point de chercher à l'ignorer de la pire des façons, soit que le pronostic médical était erroné. Comment un patient souffrant d'un simple coma vigil pouvait demeurer aussi insensible et aussi réfractaire !?

   Déroutée, elle s'apprêtait à quitter les lieux lorsque, surprise, Enzo lui retint la main et ouvrit les yeux. Perplexe, elle regarda un instant la main ferme qui retenait la sienne, puis reporta son regard sur le visage du malade.

    - À.. le.. xa. Tu... es... ve.. nue.

   Des syllabes hâchurées mais qui réveillaient l'espoir qui menaçait de s'éteindre dans le cœur de la visiteuse. Alexa attendit un moment de le voir prononcer autre chose; or, les paupières d'Enzo se refermèrent faisant croire à une simple illusion. Pourtant, elle n'avait pas rêvé. Enzo avait réellement repris connaissance et lui avait parlé ! Donc, tout restait possible. Tôt ou tard, il finirait par reprendre complètement ses esprits et se remettre ses pieds. Tout était une question de temps et de patience.

   Le seul hic : convaincre Alexander de la nécessité de rester plus longtemps que prévu à Passadena et... au chevet... d'Enzo.

   Dire qu'Alexander fut déçu, déprimé et même blessé par une telle décision serait un euphémisme. Tous ses projets tombaient à l'eau. Dans un moment de pure déprime, il songea même à proposer de transférer le malade à Santa Barbara. Là-bas au moins, il aurait la possibilité de garder un œil sur Enzo et demeurer auprès de sa fiancée. Avec la nouvelle donne, il lui était carrément impossible de s'absenter pour une durée indéterminée. Les siens avaient plus besoin de lui qu'un parfait étranger. Il était vrai que sa présence tirait sa source de sa volonté de ne point quitter Alexa, toutefois, elle le mettait dans une situation fort délicate. À qui la priorité ? À sa famille ou un rival ? Il s'avouait que parfois il trouvait vraiment du mal à cerner la personnalité d'Alexa et sa manière de considérer les choses surtout là où le vrai était vrai et le faux faux. Aucun risque de lapsus. Tout était clair. Pourquoi fallait-il qu'elle veuille toujours aller jusqu'au bout de ses entreprises ? Et pour aggraver les choses, le médecin traitant vint leur annoncer que la visite de la jeune dame avait eu un impact fort positif sur le patient dont le réveil ne saurait tarder. Au moins une bonne nouvelle dans un embrouillimini d'incidents les uns plus décevants que les autres.

   Dissimulant du mieux qu'il le pouvait sa forte déception, Alexander se donna un autre jour pour voir en espérant que lors de cette courte période Enzo fasse preuve de bonne volonté et reprenne toute sa conscience. Il savait son vœu abusif, mais les vœux étaient toujours ainsi.

    Il se promit de faire de sa nuit avec Alexa des moments magiques et mémorables. Se sachant incapable de la toucher, ni de lui faire l'amour dans le plein sens du terme, il savait par contre que d'autres moyens pouvaient la faire jouir et la transporter au septième ciel. Des moyens qu'ils n'avaient jamais eus la possibilité de tenter avec les autres femmes et qu'il ne comptait point tenter avec elle. Du sexe ? Il n'en était pas question entre eux. De l'amour. Faire l'amour. Si l'ivresse, l'extase ne pouvaient pas se ressentir au même moment, autant s'en passer. Si la suprême jouissances ne devait pas être réciproque et concomitante alors autant s'abstenir de tout contact physique. La faire jouir avec sa langue ou ses doigts ? Impossible à cause de ses saignements. Se frotter contre son clitoris à lui faire perdre la raison ? Très peu pour lui. La caresser à la rendre folle ? À quoi bon s'il ne pouvait pas la satisfaire ? L'encourager à ce qu'elle lui fasse une fellation ? Il n'avait jamais tenté l'expérience car sa fringale d'elle était toujours colossale. Point besoin de préliminaire. Les meilleurs instants pour lui, et il savait la chose réciproque chez sa partenaire, étaient ceux où il s'enfouissait en elle et que son corps devenait un fourreau le conviant à y plonger jusqu'à la dague. Une telle parfaite communion était en elle-même une pure jouissances avant celle vraie et authentique apothéose d'une union magique et unique.

POUR L'AMOUR D'ELLE. (TERMINÉE). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant