En arrivant devant la maison située dans le quartier le plus huppé de Réno, Alexander se rappela le jour de son achat. L'agent immobilier avait été une petite brune avec qui il était sorti deux fois pour discuter du contrat et le surlendemain, elle s'était retrouvée, avec lui, dans le même lit, dans son hôtel. Une passade de très courte durée avec une fille facile cherchant à arrondir ses fins de mois. Il s'était occupé de l'achat d'une maison meublée et de la mise en place d'un personnel compétent et fiable. Il s'était occupé lui-même du dossier de chacun et avait eu une entrevue avec chacun d'eux. Depuis trois ans, il n'avait jamais eu à se plaindre de quiconque.
Informé de son arrivée, le majordome ouvrit la porte dès que la voiture stationna devant l'entrée.
- Bonjour, monsieur Goodmayer !
- Bonjour, Alec. Du nouveau?
- Madame est assez souffrante.
- Qu'a-t-elle au juste?
- Mademoiselle Sharmène parle d'une poussée de fièvre causée par sa panique. Elle ne cesse de demander après monsieur William. Quand elle s'agite elle s'alite. Comment va-t-il, si j'ose demander?
- Son état est stationnaire. Les médecins espèrent que son état comateux sera de courte durée. Je vous verrai plus tard. Demandez à l'infirmière, s'il vous plaît, de venir.
- Bien, monsieur. Je vous l'envoie au salon.
Sharmène était une infirmière fort jolie et fort compétente. Alexander la respectait énormément. Son souci se révélait être celui de briller par ses compétences et non pas par son physique, fusse-t-il fort avantageux. Depuis trois ans qu'elle était entrée à son service, elle donnait entière satisfaction. Lorsqu'elle fut devant lui, elle lui expliqua, en termes précis et clairs, que l'état de madame Goodmayer n'avait rien d'alarmant. Avec ses nerfs à fleur de peau, il était normal qu'elle soit souffrante. Connaissant la position de son employeur à l'égard de ses parents, elle ne s'était jamais permis de lui faire la plus simple petite remarque. Or, dans l'état actuel des choses, il lui paraissait plus normal et surtout plus humain de parler à madame Goodmayer à coeur ouvert afin de la préparer au pire. Comme Alexander y avait songé, lui aussi, il abonda dans ce sens et résolut d'aller voir sa mère. A quoi bon différer une confrontation inévitable !? Autant battre le fer pendant qu'il était encore chaud !
Connaissant la maison, de mémoire, Alexander dirigea ses pas vers la chambre de sa mère qui avait la sienne propre séparée de celle de son mari. Allongée dans son grand lit, elle paraissait si minuscule, perdue sous un drap bleu. Les yeux fermés et les joues pâles, elle semblait anxieuse et surtout trop vieille pour son âge. Âgée de cinquante cinq ans, elle en donnait davantage. Sa mère n'avait jamais été coquette ! Ses cheveux grisonnants ne lui allaient guère. Dans ses souvenirs, il avait gardé l'image d'une mère a la taille petite, replette; d'une mère atteignant la quarantaine et privilégiant les petites coupes car nécessitant très peu de soins. Gina Goodmayer considérait toute coquetterie une perte de temps et d'argent.
S'armant de courage, et d'indifférence, Alexander s'avança vers le lit et fut surpris d'entendre sa mère dire :
- Sharmène, mon enfant, si seulement je pouvais voir mon Alexander, je mourrais tranquille ! Le voir une seule fois avant de mourir ! Je voudrais me jeter à ses pieds et lui demander de me pardonner car j'ai été une mauvaise mère. Si mauvaise ! Je n'ai pas su le défendre, le protéger contre son père. Il nous offre une vie de pachas, mais nous ne la méritons guère!
Alexander était interdit, pétrifié, statufié. Si sa mère n'avait pas gardé les yeux fermement clos, il aurait cru à une mise en scène. Même dans ce cas, c'aurait été difficile à accepter, à concevoir car il avait énormément changé et sa mère était dans l'incapacité de le reconnaître. Il avait toujours entendu dire que les femmes étaient dotées d'un sixième sens et les mères l'avaient encore plus aigu ! Sinon qu'est-ce qui aurait poussé sa mère à parler de la sorte ? Chance? Coïncidence? Quoi qu'il en soit sa mère avait réussi à attirer son attention, à attiser sa curiosité.
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POUR L'AMOUR D'ELLE. (TERMINÉE).
RomanceUne jeune fille de la haute société qui mène une double vie après avoir échappé à une mort certaine. Belle, compétente dans son travail, elle avance dans la vie en faisant fi des soucis tant physiques que professionnels. Focalisée, d'abord sur sa su...