POUR L'AMOUR D'ELLE. (TERMINÉE).

DU BIEN DANS TOUT MAL.

   
     - Comme je viens de vous l'expliquer, madame Goodmayer, la seule solution de sauver votre fils est de lui donner le foie de son père. Votre mari ne passera pas la nuit. Le chirurgien vient de m'informer que son état ne fait qu'empirer. Seules les machines le maintiennent en vie. Vous devez vous décider et vite sinon nous les perdrons tous les deux.

   Et contre toute attente, Mary Goodmayer au lieu de se réfugier dans les bras de son fils, où elle aurait cherché un peu de réconfort et de soutien, se tourna vers Alexa à qui elle saisit la main gauche, la seule libre puisque Alexander tenait toujours la droite, fermement.

   Alexander allait de surprise en surprise. La relation entre les deux femmes de sa vie semblait... Non ! Elle était bel et bien, sans une once de doute, très étroite. De vraies amies sincères et unies dans le malheur. Sans chichi, ni fioriture. Il comprit alors que tout ce qu'il avait entendu et vu était réel. Bien réel.

   Les rêves où il croyait voir Alexa, où il sentait ses caresses, ses baisers et entendait sa voix le rassurer. L'odeur de son parfum qui flottait dans la chambre, dans l'ascenseur... La silhouette entrevue dans le jardin et Gaby qui courait vers elle.... Seule sa maîtresse pouvait susciter un tel intérêt....

   Que lui disait-elle déjà ? Ne crois pas tout ce que l'on dit ou diffuse.... Les apprences pouvaient s'avérer si trompeuses. Elle s'était jouée de lui en vue de lui inculquer une leçon. Aller au fond des choses et des coeurs. Quand il avait pris la peine de le faire, il s'était découvert la capacité de pardonner, d'oublier pour aller de l'avant et poursuivre son existence. Il avait souffert le martyre mais était heureux du dénouement. Restait à espérer qu'il en soit de même pour son frère et son... père.

   - Alexa, dis-moi ce que je dois faire. Il m'est difficile de prendre une telle décision et d'en assumer la responsabilité. William a toujours décidé de tout ! Dois-je accepter de le laisser mourir pour permettre à mon fils de vivre ? Dois-je plutôt les laisser entre les mains de Dieu ? Qu'aurais-tu fait à ma place ? Je ne te le souhaite pas, bien sûr, mais...

   Alexa dégagea sa main de celle d'Alexander et prit son amie dans ses bras. Elle la serra fort et lui déclara :

   - Écoute, Mary ! Le moment est peut-être venu de devenir responsable. La vie te place devant un choix difficile, mais que tu dois faire. Pense aux conséquences. Pense à ce que ton mari dirait s'il était en mesure de prendre cette grave décision. Essaie de te rappeler tous les bons moments que tu as passés avec lui... Ne te rappelle plus les cris, les colères, ni les rancunes. Rappelle-toi l'image de la famille unie dont tu rêvais....

   Mary se laissait bercer par la voix apaisante et les propos encourageants d'Alexa. Une fille merveilleuse qui lui rappelait la sienne. Comment aurait réagi, son enfant, sa Sandra ?

   Blottie contre Alexa qui la dépassait d'une bonne tête, elle puisait dans ses bras la force nécessaire de se décider.

   A cet instant surgit Patrick sorti de nulle part, accompagné de Paul. Alarmé, Alexander se dit que son pauvre coeur -  ni celui de sa mère - ne supporterait point un nouveau coup du sort.

   - Que se passe-t-il, Paul ? Patrick ?

   Pour toute réponse, Paul lui tendit une lettre et Patrick se mit à lui expliquer :

   - La femme de ménage a trouvé ceci sous l'oreiller de monsieur William. Une lettre à votre nom.

   - Merci, Patrick. 

   - Des nouvelles de votre père, monsieur? s'informa Patrick. Tout le monde s'inquiète pour lui.

   - Son état est grave, lui déclara simplement Alexander.