Tsuchida toque doucement à la porte de la première salle du club de musique, mue par une volonté sourde d'apprendre quelque chose. On la dévisage, et elle ne prend même pas la peine de regarder qui que ce soit d'autre que l'étudiant installé derrière le piano.
- Je peux te parler, un instant ? demande-t-elle sans le saluer.
Il hoche la tête, et se lève pour la suivre.
C'est un adolescent plus grand qu'elle mais loin d'être aussi grand ou imposant qu'Aomine. Cette pensée la fait sourire intérieurement. Quelle idée de comparer un musicien et un basketteur.
Ils sortent de la pièce en silence, et arpentent les couloirs, tandis qu'elle commence sans préambule :
- Masamune, tu pourrais me donner des cours particuliers ?
Il la dévisage, sans comprendre. Il s'arrête même au beau milieu du couloir. Il finit par froncer les sourcils.
- Tu te moque de moi ?
- Je vais avoir la possibilité d'intégrer une école de musique, dit-elle sans préciser laquelle. Mais ce que je sais, je l'ai appris moi-même, je n'ai jamais eu de professeur, et ça a eu du poids dans la décision du jury. Je pense qu'ils auraient pu ne pas me prendre à cause de ça. Mais je pense que tu peux m'aider à apprendre la partir scolaire de la musique, que je ne connais pas.
Elle a glissé ses mains dans son dos, cachant les nœuds qu'elle fait avec ses doigts de sa vue à lui.
Elle n'est pas vraiment nerveuse, sans être à l'aise non plus. Elle n'est pas sûre de se faire comprendre, mais ne voit pas comment s'expliquer.
- Tu veux que je te donne des cours, répète-t-il.
- Oui.
- C'est non.
- Pourquoi ?
- Parce que tu es meilleure que moi. Je ne vois pas ce que je pourrais t'apprendre, et je n'ai pas de temps à perdre, moi aussi, je vais intégrer une école.
- Je peux te les payer, si tu veux.
- Quoi ?
Lui qui avait déjà fait demi-tour se retourne, surpris.
- Les cours, précise-t-elle. Je peux te les payer.
Il secoue la tête.
- Tu ne comprends pas. Peut-être parce que tu es douée. Mais me dire que je vais te donner des cours, ça me fait me sentir ridicule.
- Pourquoi ?
Elle ne comprend pas.
- Parce que tu es meilleure que moi. Bien meilleure, et que c'est humiliant.
- Je ne vois pas pourquoi, insiste-t-elle.
- Parce que tu demandes à quelqu'un que tu as battu en duel, à plate couture, en dépit de toutes les récompenses qu'il avait, s'il peut mettre sa fierté de côté pour tes beaux yeux.
- C'est pour la musique, se fâche-t-elle. On ne peut pas faire de la musique sans savoir comment faire, et il y a toute une part de la musique que je ne connais pas. Ce n'est pas pour moi, je veux découvrir ce que je ne connais pas.
Il la regarde, hagard.
- Tu es folle ? Pour la musique ? Toi ? Mais... tu...
- Hé.
Il bute contre quelqu'un alors qu'il faisait un pas en arrière. Il relève la tête, pour regarder Aomine le toiser d'en haut.
- Ne dis pas à ma copine qu'elle est folle, s'il-te-plaît.
L'adolescent écarquille les yeux de plus belle, et la musicienne se demande s'ils ne vont pas se désolidariser de son crâne, à force de s'exorbiter de la sorte.
- Ah... je... c'était une façon de parler... je ne voulais pas...
- Ne lui fais pas peur, il n'arrive même plus à parler, intervient Tsuchida en tirant le pianiste vers elle pour l'éloigner un peu.
Le basketteur hausse les épaules, faussement détaché de la situation dans laquelle il vient de se mettre.
- Si Satsuki entend parler de ça avant que je lui en touche un mot...
Il regarde par la fenêtre, les mains dans les poches, concerné par ce qu'il se passe, sans plus intervenir.
- C'est non, désolé. Je ne peux pas, reprend l'adolescent nerveusement. Bonne journée, Tsuchida.
Il s'efface rapidement, et elle soupire longuement, s'accoudant à la fenêtre à côté de celle d'Aomine.
- Qu'est-ce que tu fais dans le coin ?
- Je reviens de la cafète'. J'avais la dalle.
- Hum.
- T'as les crocs ? demande-t-il en lui tendant une barre de céréales.
- Quelle preuve d'amour ! ironise-t-elle en la prenant.
Il lui fait un sourire charmeur :
- Je sais.
Elle lève les yeux au ciel en croquant dedans, mais ravise rapidement son avis.
- Hum, c'est super bon !
Aomine lui sourit à nouveau.
- Pas vrai ? C'est ma préférée.
Tsuchida hoche la tête, convaincue de savoir pourquoi, et elle le raccompagne à sa salle de classe, la barre dans la bouche. Elle mâche le bâton aux céréales sans le tenir, jouant avec ses lèvres, les mains dans les poches.
- Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant ?
Elle hausse les épaules, et sort la barre de sa bouche pour répondre :
- Je vais demander à quelqu'un d'autre pour autre chose.
Le basketteur grince des dents.
- Ce type au violon, là ?
- Enastu, dit-elle avec un faible sourire.
- Oh, parce que tu l'appelles par son prénom, l'autre têtard ?
Elle croise les bras, et s'arrête devant la salle de classe d'Aomine.
- J'ai son numéro de téléphone, tu te souviens ?
- Quoi ?! s'exclame-t-il. Je croyais qu'il n'avait que ton mail ?!
Elle lui fait un clin d'œil et s'éloigne :
- Merci pour la barre !
- Koike ! l'appelle-t-il sans qu'elle ne se retourne.
L'adolescent se renfrogne, en rentrant la tête entre ses épaules. Il rentre en classe accompagné de son humeur massacrante, et alors que l'un de ses coéquipiers lui demande qui est la fille qui vient de le planter là, il répond, en colère :
- Ma copine, pourquoi, tu veux son numéro, toi aussi ?
Sur le pas de la porte, Momoi en laisse tomber sa brique de lait :
- Attends, tu as une copine ?
Son regard se braque sur elle, indécis.
- Et m#*de.
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Les larmes en gouttes de pluie
FanfictionTome 2 Avançant sur le chemin qu'ils se sont obstinément tracé, une seule question se pose à eux : quelle est la limite d'un génie ? Si Aomine et Tsuchida se dirigent vers l'école de leurs rêves, ils ne doivent pas oublier qu'ils ne sont pas leur pa...