La soirée s'est bien passée. La discussion avec le père de Tsuchida a été plus calme qu'il ne l'aurait cru, et à en juger par le silence messager de l'adolescente, il n'y a rien qui se soit passé après son départ. A moins, bien entendu, qu'elle ne lui en ait pas parlé.
Il se tourne sur le côté.
Cette pensée le perturbe. Ne lui parlait-elle pas de ses problèmes avant ? Même s'il ne pouvait rien y faire ? Ne lui avait-elle pas parlé de ce concours qui la stressait, ou des allées et venues de cette fille, qui a fini par quitter le club ? Ne s'est-elle finalement pas servie de lui pour lâcher ses angoisses... et c'est tout ?
La voir de cette façon ne lui plait pas. Parce qu'il ne sait pas ce qu'elle pourrait répondre, s'il lui posait réellement la question. Il finit par se lever, mettre un survêtement, et sort de la maison, pour courir un peu.
Il n'aime pas courir. Ce n'est pas son truc. La course n'a pas d'objectif autre que celui de faire du sport. Le sport pour le sport est en quelque sorte inintéressant pour lui. Ça n'a pas la saveur de la recherche de stratégie, d'agilité, et d'efficacité du basket. C'est ça qui lui manque. Un match de basket. Il sort son téléphone, et répond à ce message qu'il a reçu il y a deux jours.
« C'est ok pour samedi prochain pour moi »
Il envoie le tout sans ponctuation, laissant la majuscule automatique se mettre en place, et soupire.
- Ouais, j'ai besoin de me vider la tête.
Moins d'une semaine plus tard, alors que le temps froid se durcit, et que de la fine brume sort de leurs lèvres matinales, les anciens joueurs de Teiko se retrouvent sur ce terrain, accompagné de Kagami, lequel peut difficilement se cacher derrière Kuroko.
- Dispute de couple ? demande Kise sans préambule, railleur, et sans la moindre gêne.
Pour toute réponse, il grogne, et son ami aux cheveux blond s'excuse, surpris :
- Oh, désolé, je ne pensais pas...
- On ne s'est pas disputés, râle-t-il en posant son sac.
Momoi se renfrogne, et s'exclame, encore contrariée :
- Bah, de toute façon, c'est pas comme si je pouvais aider, il ne me parle pas !
- Oh, eh, je me suis excusé, d'accord ? s'énerve-t-il.
Pour la première fois, la jeune fille prend conscience de sa taille. Elle est si petite, par rapport à lui. Elle n'a toujours pas peur, Dai-chan reste son meilleur ami d'enfance, mais la remarque de Tsuchida tombe sous le sens. Et dire qu'elle s'est d'abord préoccupée d'elle, et après de lui montre qu'elle a tout aussi conscience de cet écart. Ce qui la surprend encore maintenant, à vrai dire, c'est qu'elle s'en soit préoccupée dans le feu de l'action, comme si ça avait été sa première réaction.
Elle demande plus doucement :
- Vous vous êtes disputés à cause de moi ?
Les autres observent l'échange, intrigués. Régler les problèmes par le basket est presque une devise, pour eux. Et là, ce n'est pas du tout de ça dont il s'agit, personne ne sait comment dire quoi.
Il secoue la tête :
- Ne dis pas de bêtises, pourquoi on se serait disputés à cause de toi ?
- Ben...
Elle est gênée de le dire à haute voix, surtout qu'elle ne connait pas assez l'adolescente pour supposer quoi que ce soit sur elle, mais elle tente, hésitante :
- Parce que je suis proche de toi, ou parce qu'on s'est disputés l'autre jour, ou...
Elle sursaute quand il pose sa large main sur sa tête, avant de lui ébouriffer les cheveux :
- Non mais tu t'entends ? Il faudrait que je sois stupide pour sortir avec une fille qui t'aurait dans le viseur. Koike n'est pas comme ça. Je me suis fait eng#*ler et c'est tout. Je suis inquiet, c'est tout.
Momoi hausse les sourcils, mais c'est Kagami qui parle pour tout le monde :
- Toi, inquiet ? Le ciel va nous tomber sur la tête ou quoi ?
D'un regard noir, Aomine lui fait sentir qu'il va le regretter, et Akashi entérine l'échange tacite :
- Et si nous nous y mettions ? Je pense que ça ne fera de mal à personne.
Les pieds frappent le sol à un rythme régulier, en même temps que le ballon. Ils crient, se bousculent, se marchent dessus, sautent et courent dans tous les sens. Mais c'est ça, le basket. Et ça leur plait. Les garçons chahutent plusieurs heures, échangeant d'équipe entre deux matchs minutés par Momoï. Elle les regarde, participe de temps à autres, laissant tomber le chrono, et les joueurs se calment, se cognant entre eux pour être sûrs de ne pas la bousculer.
Un téléphone sonne dans l'un des sacs des adolescents, et Midorima se plaint, disant que c'est sûrement la copine d'Aomine. Il fronce les sourcils et se plaint à son tour, parce que c'est vrai. Le message de Tsuchida lui demande s'il serait disponible ce soir, après le basket, pour discuter de quelque chose d'important. Il n'a pas le temps de chercher comment elle pourrait le savoir, qu'il s'inquiète de « l'importance » du quelque chose. Il fronce les sourcils et tape une réponse.
Les adolescents le regardent sursauter, et rient sous cape : le téléphone sonne. Aomine se détend très vite, quand elle lui explique que ce n'est important que pour elle, mais que ce n'est pas un problème particulier, ou une urgence folle. Ce n'est qu'une discussion. Le grand personnage soupire, pose son portable, ou plutôt le jette, dans son sac, et se tourne vers le reste du groupe.
- Quoi ?
- Elle te mène par le bout du nez, ou quoi ? demande doucement Kuroko.
Sa remarque fait sourire, mais il grogne :
- Même pas en rêve.
- Il lui suffit d'un mot pour qu'il fasse ce qu'elle lui demande, intervient la jeune fille. C'est impressionnant, vraiment.
Aomine fronce le nez.
- T'es sérieuse ?
Elle acquiesce vivement, et hausse ensuite les épaules. Renfrogné au possible, il reprend la partie avec un jeu agressif. Voir à quel point Kuroko a encore progressé en défense, lui arrachant presque le ballon des mains, pour le lancer à son coéquipier de Seirin, sans même les regarder l'un ou l'autre, le surprend encore. Comme si Testu n'était pas déjà imprévisible.
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Les larmes en gouttes de pluie
FanfictionTome 2 Avançant sur le chemin qu'ils se sont obstinément tracé, une seule question se pose à eux : quelle est la limite d'un génie ? Si Aomine et Tsuchida se dirigent vers l'école de leurs rêves, ils ne doivent pas oublier qu'ils ne sont pas leur pa...