Aomine a dormi sur le canapé. Ça lui semble être le minimum pour ne pas risquer de se disputer avec elle encore une fois, alors qu'ils partent pour son appartement dans la journée. La veille, il avait appris que même s'il ne lui avait pas parlé du déroulement de la sélection pour les Etats Unis, Momoï s'en était chargée pour deux. « Je ne voulais pas t'inquiéter pour rien, d'accord ? Je m'occupe très bien de moi toute seule. ». Dix minutes plus tard, il avait fallut qu'il l'aide à ramasser la pomme de douche qui venait de lui tomber dessus. Et voir ses bleus sans ses vêtements pour les cacher... l'avait mis hors de lui.
- J'ai bien fait de venir, se dit-il encore une fois.
Rien ne lui semblait normal, et il estime que s'il s'était un peu plus soucié d'elle...
- Quand ? Pendant les entraînements ? Les auditions ? Les problèmes d'Aburaya ? Comment il va ? Ils s'en sont sortis ?
Il s'assoit en virant la couverture sur le côté d'un coup sec. Penser lui donne des migraines dont il pourrait se passer. Si seulement... Si seulement elle n'était pas aussi loin de lui.
Il se lève une minute plus tard, et regarde autour de lui. Tout dans l'appartement lui renvoie l'incapacité de sa propriétaire. Les paquets de biscuits ou de pâtes alignés sur le plan de travail habituellement vide, la vaisselle sale dans l'évier, à droite du lave-vaisselle vide, le réfrigérateur, rempli à porté de bras, et aux étagères en hauteur et bas désertes... les vêtements qu'il retrouve dans la panière de linge, lorsqu'il se lance dans un machine lui indique ce qu'elle a été obligée de porter ces derniers jours : pas de soutient gorge qu'elle aurait été incapable d'attacher, un kimono, des gilets ouverts sur le devant, ou des chemises, qu'il l'imagine enfiler sans pouvoir les fermer avec autre chose que cette ceinture en tissu qui traine sur le rebord du lavabo.
Aomine trie les couleurs, met le linge dans le tambour, referme le hublot. Une fois que la machine est programmée, il fait pareil avec la vaisselle.
Regroupe ensuite les feuilles par tas, dénichant des pochettes vides qu'il pose sur les piles aux allures récentes, cherche la poche source des projets qui lui semblent plus anciens. Tsuchida est d'une organisation terrible, et il retrouve facilement quoi est quoi. Il n'a plus qu'à la laisser terminer le rangement, ne voulant pas le déranger. Il ne faudrait pas qu'elle change d'avis. Il ne faudrait pas qu'elle reste là toute seule.
- Daiki ? demande-t-elle encore à demi-endormie.
Il se retourne pour la trouver torse nu sur le pas de la porte. Elle qui se cachait encore lors de son arrivée semble à présent trop fatiguée pour supporter la pression d'un linge sur son abdomen particulièrement plus marqué que le reste de son corps. Il juge à son type de musculature que c'est peut-être parce que son ventre est moins musclé que ses bras, rodés aux mouvements répétitifs des instruments, ou de ses jambes, modelées par la danse. Tsuchida pourrait quant à elle l'expliquer par ce mouvement qu'elle a fait au dernier moment, et qui n'aura servit à rien : serrer le violon qu'elle avait contre elle. L'instrument s'est lourdement fendu dans la chute, et le boitier dans lequel il était rangé lui est douloureusement rentré dans la peau.
Mais si elle osait lui dire une chose pareille, ne se fâcherait-il pas d'avantage ?
Elle le fixe les yeux gênés par la lumière, remarquant tout de suite que l'appartement a été rangé, et qu'il n'y a sur le canapé qu'une couverture pliée, et posée sous un oreiller qu'elle a sorti de son lit pour lui. La musicienne croise lentement les bras sur sa poitrine pour la cacher, et il s'approche d'elle. Ce n'est pas un mouvement rapide, ni lent. Juste tranquille. Un mouvement qui annonce une caresse. Caresse qu'il lui donne sur la partie la moins abîmée de son visage, avec tendresse. Il l'embrasse sur le front et se serre un peu contre elle, sans vraiment la toucher, ni la prendre dans ses bras. Elle sait qu'une étreinte serait difficile, dans ces conditions, mais elle la réclame quand même en posant sa tête dans le creux de son cou.
- Koike, soupire-t-il. Ma Koike.
Elle soupire à son tour quand les bras d'Aomine glissent finalement contre sa peau, pour la retenir là, dans cette étreinte qu'elle a demandée.
- Tu as faim ? demande-t-il doucement.
Elle hoche faiblement la tête.
- Oui.
- Je vais te faire un truc, dit-il en l'embrassant dans les cheveux.
Il l'a aidée à les laver avant qu'elle n'aille se coucher, et elle doit avouer que ça fait du bien, de se sentir bien propre. Son crane ne la démange plus, et elle n'a plus peur de sentir la sueur de ses nuits agitées lorsqu'elle ouvre une porte à quelqu'un.
Le basketteur ne la lâche pas, il l'accompagne jusqu'à la table.
- Tu pense pouvoir ranger ça, en attendant ?
Elle acquiesce, remarquant les pochettes et le rangement. Elle sourit, et s'apprête à dire quelque chose, pour se rendre compte qu'il n'est déjà plus à côté d'elle, mais en cuisine. Tsuchida range tout, avec une lenteur qui la désespère, mais parvient à tout ranger.
- Il faudra que j'emmène mon imprimante, dit-elle soudain.
Il se retourne.
- D'accord ? Tu as besoin d'emmener quoi d'autre ?
- Mon violon, et mes classeurs de cours.
Aomine acquiesce, remue un peu le contenu de sa poêle, et se tourne à nouveau vers elle pour écouter une suite.
- Je crois... qu'il vaudrait mieux prendre un taxi. Je ne suis pas sûre de supporter un trajet en train.
Il réfléchit.
- Je pense que le train bougera moins qu'une voiture. Et le trajet serait plus rapide.
Elle pince les lèvres, dubitative.
- Il y a combien d'heures de route, en voiture ?
- Cinq, répond-il tout de suite. J'ai déjà regardé.
Elle lui semble soudainement si désemparée qu'il se rapproche d'elle à grands pas, pour lui caresser la nuque.
- Hé, ça va aller, une fois à la maison, tu n'auras plus à sortir du tout, avant de te sentir mieux, d'accord ? Je peux demander à Obata et Bulle de nous attendre à la gare, pour m'aider à sortir les affaires, et tu n'auras rien à faire, okay ?
Sa gêne de devoir laisser quelqu'un d'autre la regarder dans cet état passe inaperçu à côté de ce qu'elle a conscience de lui demander. Il va se transformer en garde malade en plus de ses journées d'études parce qu'elle n'a pas été capable de faire attention à la garce qui était derrière elle dans les marches.
Elle ravale sa fierté et acquiesce :
- D'accord, on va faire comme ça.
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Les larmes en gouttes de pluie
FanfictionTome 2 Avançant sur le chemin qu'ils se sont obstinément tracé, une seule question se pose à eux : quelle est la limite d'un génie ? Si Aomine et Tsuchida se dirigent vers l'école de leurs rêves, ils ne doivent pas oublier qu'ils ne sont pas leur pa...