Aomine se lève tout de suite quand le réveil sonne. Il n'a pas prévu d'arriver en retard le premier jour, et c'est de bonne humeur qu'il enfile ses vêtements après sa douche, fouillant encore dans les placards pour trouver ce qui n'est à lui que depuis quelques jours. Il regarde une dernière fois le salon vide, et soupire, avant de sortir de l'appartement.
Il croise dans le quartier plus de jeunes allant à Kanshou qu'il ne l'aurait cru. Il répète plusieurs fois le mot dans sa tête avec satisfaction.
- L'école de mes rêves.
Il se fait un peu bousculer, passe près de types deux fois plus grands ou à peine plus petits, des plus vieux comme des plus jeunes, et pourtant, il n'y a que vingt places à promouvoir tous les ans. Il s'estime chanceux de faire partie de ceux qu'on a été chercher. Dans le cas contraire, il ne sait pas où il aurait étudié. Peut-être dans une fac publique. A force de refuser les propositions d'équipes qu'on lui avait faites, aussi peu étaient-elles, il s'est retrouvé bien malgré lui à ronger son frein. Il faut dire que son caractère n'avait pas aidé, et qu'un joueur qui se la joue solitaire ne vaut pas grand-chose contre les plus grands encore.
Il s'adresse à l'accueil, pour demander la direction des salles, badge en main.
Le vieil homme derrière la vitre lui fait même un plan, d'humeur joviale, et Aomine suit le mouvement pour l'espace de cours, après un « merci » enjoué.
- Je sens que ça va être génial.
Sa promotion sera répartie en deux classes, qui formeront deux équipes. Sur le thème d'une petite compétition interne, les étudiants seront souvent rivaux, et se partageront les matchs avec les autres écoles. Autant dire que la meilleure classe aura accès aux meilleurs matchs.
- Hé, l'interpelle-t-on. C'est pas toi, Aomine ?
Il se retourne, vers un étudiant plus petit que lui d'une bonne tête.
- Si. On se connait ?
Il tente la nonchalance sans trop savoir sur qui il va tomber, mais le joueur lui fait un grand sourire provocant, la main tendue.
- Alors j'ai hâte de jouer un match contre toi, mon gars.
Aomine la serre énergiquement, intéressé :
- C'est quand tu veux.
Tsuchida frappe à la porte et entre dans la pièce à demi-vide. Tout le monde n'est pas encore là, et l'enseignant n'a pas encore fait son apparition. Les groupes de discussion ont déjà commencé à se former, mais elle s'assoit à une table en silence, mal à l'aise. S'ils sont là, c'est qu'ils sont au moins aussi doués qu'elle, voire plus. Elle n'a pas la moindre idée de la quantité de travail qu'elle va devoir fournir pour s'en sortir. Mais elle veut aussi apprendre. Et apprendre tellement...
La salle se remplit à peine plus, et plusieurs tables sont vides. Le professeur entre, referme la porte, et alors que le mobilier semble presque neuf, la musicienne ne voit pas en quoi l'espace est différent d'une salle de lycée. Tout est pareil, sauf leur âge.
- Bonjour, dit-il d'une voix trainante. Je suis le professeur Saito, et pour ceux qui s'en souviennent, je suis le seul professeur qui était à votre audition qui vous enseignera continuellement ce semestre. Si vous avez la moindre question, c'est à moi qu'il faut la poser. Je ne suis pas sûr que vous soyez au courant, mais si vous ne réussissez pas ce semestre, vous ne serez pas inscrits au prochain, et ainsi de suite.
Il s'appuie sur son bureau, l'air las, et regarde tous ses étudiants un à un. Aucun d'entre eux ne bronche. Ils le savaient tous. En revanche, l'intervention a figé l'espace, et l'homme grisonnant parait satisfait.
- Bien, reprend-il. Nous allons commencer le premier cours. Je vous enseignerais les sciences de la musique. C'est-à-dire que je vous donnerais les bases pour les cours du semestre prochain : histoire, théorie, et sciences sociales. Ce sont les trois grandes parties de ce qu'on appelle la musicologie, musicologie historique, explique-t-il, théorie musicale et analyses, et ethnomusicologie. Vous aurez ces matières jusqu'en deuxième année, la troisième étant basée davantage sur la pratique et les stages.
Tsuchida est fasciné par son détachement, l'ennui dont il fait preuve ouvertement, et pourtant, la simplicité de ses cours, son fonctionnement logique, et les liens clairs qu'il effectue. Elle est convaincue, après ses deux premières heures de cours, que l'enseignant en charge de leur classe est un excellent professeur, avec une pédagogie remarquable, et une quantité de savoirs folle.
Elle est la dernière à quitter la salle quand il l'interpelle :
- Mademoiselle Tsuchida.
- Oui, monsieur ? dit-elle en s'arrêtant.
- J'attends de mes étudiants un comportement exemplaire, et une assiduité sans failles. J'attends aussi que vous fassiez preuve d'intérêt, et d'efforts.
Elle hoche la tête sans comprendre où il veut en venir. Mais quand le visage du professeur Saito perd un peu de sa sévérité pour conclure, elle se détend doucement :
- Si c'est clair pour vous, j'espère que vous ferez partie de nos meilleurs éléments, parce que j'en attends beaucoup de vous.
Elle acquiesce encore une fois.
- Merci, professeur.
- Bienvenue, finit-il en quittant la salle.
Elle expire lentement, avant de se souvenir qu'elle a encore un cours, là tout de suite. Elle s'élance dans le couloir rapidement, cherchant la salle 102, l'emploi du temps parfaitement en mémoire. Elle entre dans la salle à la seconde où la femme en tailleur s'apprêtait à refermer la porte, lui sourit poliment en s'inclinant, et s'assoit à l'une des places de devant tout de suite, encore fébrile.
- Ils se souviennent de moi... ils se souviennent de moi !
Elle prend en pattes de mouche les sons sous forme de traits et points sur les lignes, habituée à son code de notation, et schématise au besoin les différents instruments dont l'enseignante parle, l'euphorie retombant doucement.
- Je dois être dans les meilleurs si je veux rester. Je peux le faire.
VOUS LISEZ
Les larmes en gouttes de pluie
FanfictionTome 2 Avançant sur le chemin qu'ils se sont obstinément tracé, une seule question se pose à eux : quelle est la limite d'un génie ? Si Aomine et Tsuchida se dirigent vers l'école de leurs rêves, ils ne doivent pas oublier qu'ils ne sont pas leur pa...