Chapitre 64

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Tsuchida reprend son souffle, allongée par terre, les cheveux épars, et la peau collante de sueur. Aomine s'est relevé depuis une bonne minute pour leur ramener un verre d'eau. La seule chose qui peut la consoler, c'est qu'ils sont sortis de cet affrontement habillés, ce qui est plutôt rare.

Il revient, les verres dégoulinants d'eau, et lui en tend un, en s'accroupissant près d'elle. Elle l'attrape en s'asseyant, l'avale d'une traite.

- Il est pas resté, au fait, Kise, hier ? demande-t-il avant de commencer à boire.

Tsuchida secoue la tête.

- Non, je pensais qu'il me suivait, mais il m'a envoyé un message quand je t'ai retrouvé pour me dire de ne pas le chercher...

Elle s'exclame soudainement :

- Momoï ! Il est quelle heure ?

Elle se relève d'un mouvement qu'il juge comme plus souple que ce à quoi il s'attendait de sa part, et s'approche du boîtier sous la télévision pour lire les chiffres rouges.

- J'avais totalement oublié ! J'ai dit à Kise qu'il pouvait passer manger ce midi, et que je le laissais voir avec Momoï si ça l'intéressait. La connaissant, elle ne va pas laisser passer l'occasion, vous ne vous êtes pas vus depuis un moment ! débite-t-elle en ramassant ses feuilles. Il faut que je prenne une douche, maintenant, et toi aussi. Et il faudra aérer quand j'aurai tout ramassé.

Il ne sait pas trop quoi faire pour l'aider, et elle n'est pas pressée de lui dire quoi faire ou comment faire quoi. Alors il ramasse les deux verres, fait un brin de vaisselle, et avise la rapidité avec laquelle elle s'attaque au rangement de leurs vêtements.

Quand la jeune étudiante sonne une heure plus tard, la casserole est sur le feu depuis un moment, et Tsuchida lui ouvre, les cheveux encore humides :

- Nickel ! Pile poil. Daiki est sous la douche. Comment tu vas ?

C'est lui qui a cuisiné pour ce midi, après qu'elle ait fait quelques courses rapides, et qu'il ait terminé d'appréhender le « bordel » qu'elle a « foutu » dans ses placards. En bref, il a tout rangé, et elle ne retrouvera sans doute plus rien.

Momoï lui fait un grand sourire, la serre rapidement dans ses bras, et s'exclame avec bonne humeur :

- Je ne m'attendais pas à voir Kise sur mon paillasson pour me proposer de squatter chez toi !

Tsuchida rit nerveusement :

- C'est pas pour squatter, c'est pour déjeuner. Et j'ai eu peur que vous ne trouviez pas.

Kise lui fait un clin d'œil en passant la porte, une fois qu'il a bien eu le temps de la regarder. Elle fronce les sourcils sans comprendre, jusqu'à ce que l'apprentie journaliste lui glisse :

- Je crois que ton moustique a été particulièrement agressif, aujourd'hui.

Toujours sans comprendre, la musicienne hausse les épaules. Et très gênée, Momoï doit développer :

- Sur ton cou... et ta nuque, là...

- Oh ! s'exclame-t-elle en posant la main dessus. C'est pas un moustique, c'est Daiki.

Complètement dépassée par l'honnêteté de son amie, l'autre jeune femme rougit, surprise, et Aomine demande en baillant, la serviette de bain encore sur les hanches :

- Ils sont arrivés ?

- Oui, et tu pourrais t'habiller ! crie son amie d'enfance pour trouver quelque chose à faire.

Disputer le basketteur sur un détail lui semble tout à fait approprié, et surtout, très efficace contre son embarras. Parfois, elle se demande si Tsuchida ne serait pas capable de leur parler de leur vie à deux, sans trop se soucier de ce qui pourrait la choquer ou pas. Parce qu'elle l'a déjà dit à Momoï : tout le monde sait qu'ils sortent ensemble, ils ne s'en cachent pas nécessairement. Sauf que la nonchalance de Tsuchida est parfois gênante pour une fille, alors qu'un garçon passerait tout bonnement pour un bourrin à sa place.

Aomine offre une accolade à son ancien coéquipier sans se soucier de la petite femme aux cheveux roses, et lance à la cantonade :

- Quelqu'un peut vérifier que Koike fait pas brûler mes nouilles, s'il-vous-plaît ? Quelqu'un sauf Satsuki ? ajoute-t-il pour être sûr de pouvoir déjeuner un quelque chose de comestible.

Ladite Satsuki croise les bras, à moitié vexée, et Kise rit en s'approchant, évitant une Tsuchida qui lève les yeux au ciel.

- Je sais quand même surveiller une cuisson.

- Mais oui, Tsu-chan, on n'en doute pas, dit-il en remuant doucement le contenu de la casserole. En attendant, ça avait commencé à coller.

Elle se rapproche de lui, surprise :

- Ah, vraiment ?

Il acquiesce et lui demande de reculer un peu, riant :

- Attention, ne vas pas te faire éclabousser, ça bout.

Elle hausse les épaules, railleuse :

- Dis surtout que t'as pas l'habitude qu'une fille te colle autant.

Amer, il éclate de rire :

- Oh, ne t'en fais pas, j'ai été plus souvent collé à une fille que toi à un gars.

- Honnêtement ? se moque-t-elle d'elle-même, ce n'est pas si difficile.

- De ? demande Aomine, le t-shirt tombant finalement sur son torse, avant d'enlacer Tsuchida.

- D'avoir connu plus de filles que moi de mecs.

Il soupire comme s'il ne se sentait pas vraiment concerné par la conversation, demandant tout de même, par curiosité hasardeuse :

- Y a beaucoup de mecs, dans ta classe ?

Le fait qu'elle doive réfléchir pour les compter les fait tous les trois sourire, preuve ultime qu'elle n'y aurait pas pensé toute seule, et elle lâche finalement :

- Un peu moins de la moitié, on est dix-neuf en tout. Mais tu n'as pas trop de soucis à te faire. Tous les membres de ma classe pensent que je suis frigide

Kise manque de s'étouffer avec sa salive, tandis que Momoï sursaute, et qu'Aomine, caressant lentement le ventre de sa musicienne, éclate de rire.

- Ils sont dingues, souffle-t-il, pourquoi ils pensent un truc pareil ?

Elle lève la main, à moitié contrariée par ce qu'elle va dire.

- Parce que tout le monde sort, couche, ou est en délire sur quelqu'un, ça semble inouï de n'avoir personne. Et ils n'ont pas tort, sans décompression, ce serait intenable. Et le moyen le plus sûr de se détendre, c'est encore le sexe. Je te le dis depuis le début, achève-t-elle à demi fière : l'endomorphine, c'est très important.

Les larmes en gouttes de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant