Tsuchida le regarde parler avec animation sans un mot. Comment pourrait-elle se plaindre avec tout ce qu'il lui raconte ? Aomine fait défiler les photos qu'il a prises des appartements, annonçant clairement sa préférence pour le dernier, dans lequel il pense qu'elle se sentira bien. Et qu'elle aimerait. Où elle aurait la place pour travailler, avec une super isolation phonique en prime. Et le pire dans l'affaire, c'est qu'elle aurait la place de laisser quelques affaires à elle.
- Tu sais... qu'on n'emménage pas ensemble... ?
Il rit doucement, et l'embrasse sur l'épaule.
- Tu sais que tu ne vis pas ici ? réplique-t-il en pointant son armoire et son bureau du menton.
Elle fait le compte des affaires qu'elle laisse habituellement chez lui et soupire, roulant sur le dos. L'adolescent glisse une main ferme sur sa taille pour l'empêcher de tomber, tant elle est au ras du bord, et la tire un peu plus vers lui. Pas assez pour qu'elle ressente le besoin de s'éloigner, mais suffisamment pour n'avoir qu'à se pencher pour l'embrasser.
Ce qu'il ne fait pas. Pas encore. Ils doivent parler de l'appartement, avant. Alors en toute bonne fois, il se concentre sur les données dont il se rappelle, pour lui expliquer précisément son choix.
- Bref, je pense que c'est le meilleur, conclue-t-il d'un haussement d'épaules. Mais... je me demandais si tu ne serais pas d'accord pour aller le voir avec moi. Pour être sûr. Histoire que je n'ai pas vu un super plan après avoir vu des apparts' plus terribles les uns que les autres.
Elle acquiesce.
- Si tu veux.
Il s'allonge près d'elle, et fixe le plafond en silence un moment.
- Je ne pourrais pas avoir autant d'espace que toi, dit-elle au bout d'un moment. Pour t'avoir avec moi. Je n'aurais qu'une chambre, au départ. Les années suivantes, les étudiants ont plus grand, mais pour commencer... eh bien, nous sommes beaucoup.
Il ricane.
- C'est vraiment des enfoirés.
- Disons que si tout le monde pouvait tout réussir, leur école serait sans doute moins cotée et moins rentable. Reste à voir comment ils traitent leurs étudiants, et comment ça se passe dans les murs.
Il tourne la tête vers elle, intrigué.
- Tu feras quoi, si tu ne te sens pas à ta place ?
- Je me demanderais si tous les efforts que j'ai fait jusque là ne valent pas que je crache pendant trois à cinq ans, pour en profiter toute ma vie. Sinon, je trouverais peut-être le moyen de faire un tour du monde, pour découvrir ce que la musique Japonaise ne me permet pas de faire. Comme... un opéra typiquement italien.
- Tu seras forcément limitée à un moment donné, par ton école.
- Je sais.
Elle rit et se tourne entièrement vers lui.
- Mais ce qu'on ne sait pas encore, toi et moi, c'est combien de temps elle va mettre à poser ses barrières...
Il lui embrasse le bout du nez.
- Futée.
On frappe à la porte de la chambre, et la mère aux cheveux bleus foncés entre dans la pièce, après s'être assurée que la porte n'était pas ouverte par accident.
- Bonjour Tsuchida-chan.
- Bonjour, dit-elle en s'asseyant. Comment allez-vous ?
Elle sourit :
- Très bien, et toi ? Ton école, ça avance ?
- Je visite ma chambre la semaine prochaine. Enfin, c'est aussi à ce moment là que je suis sensée m'installer, mais nous passerons les examens à ce moment là, je ne peux pas me permettre d'en manquer un seul.
La femme rit avec douceur :
- Oh, peut-être que tu pourrais donner un peu de ton assiduité à Daiki, il a cruellement tendance à en manquer.
- Maman, qu'est ce que tu fais là ? demande-t-il en soupirant, toujours allongé sur le dos.
Il est certain qu'elle s'est risquée à monter pour une raison plus que valable, puisque même les choses urgentes semblent pouvoir attendre quand l'adolescente est là. « On n'a pas nécessairement envie de vous déranger quand vous êtes... occupés... », lui avait expliqué son père. Très peu ravi d'apprendre que toute la maison était au courant de leurs ébats, Aomine avait hésité à laisser volontairement la porte ouverte. Tsuchida l'en avait dissuadé sans même le savoir.
- Je voulais vous demander à tous les deux si vous vouliez venir voir ma sœur pour son anniversaire, ce week-end.
Tsuchida la regarde un moment, incertaine.
- Je ne suis pas sûre de pouvoir me rendre à l'anniversaire d'un membre de votre famille...
- Tu fais presque déjà partie de la famille, attends qu'il t'enferme chez lui dès qu'il aura son appartement, sourit Cho Aomine. Je suis sûre que cette pulsion est génétique, ajoute-t-elle en adressant un regard en biais au concerné.
L'adolescent se redresse pour de bon, et se retrouve assit sur le lit.
- Attends, quoi ? demande-t-il hébété.
- Tu demanderas à ton père. Peut-être qu'il te racontera. En attendant, je vous propose à tous les deux en même temps pour que vous ayez le temps d'y réfléchir, je dois donner la réponse ce soir.
Elle sort rapidement, tout en faisant mine de prendre son temps, et son fils demande avant qu'elle n'ai passé la porte :
- Si on ne vient pas, ça veut que vous n'êtes pas à la maison du week-end ?
Elle lui lance un regard perplexe avant de comprendre.
- Toi... menace-t-elle en le pointant du doigt.
- Oui ?
A peine a-t-elle refermé la porte qu'il se lève pour la verrouiller, et retire son t-shirt dans la foulée. Elle l'observe en silence, mais ne bouge pas.
- Qu'est ce que tu as ? demande-t-il en se penchant vers elle, passant l'une de ses mains à l'arrière de sa tête.
Elle le regarde toujours, la nuque pliée en deux pour arriver à sa hauteur, et tente un sourire avorté dans l'œuf.
- Je suis fatiguée.
Aomine s'accroupit, et elle peut baisser la tête.
- Tu veux dormir ?
Elle dénègue.
- Non. Mais je risque de dormir après.
- Et alors ? Où est le problème ?
- Ta mère dit qu'elle doit avoir la réponse pour ce soir, si je m'endors...
- On ne va pas y aller. Crois-moi, de toute façon, ça vaut mieux. On ira au mariage de ma cousine dans deux mois, si tu veux, mais pas à l'anniversaire. Ce sera trop fatiguant, et on a les examens. Je veux dire... ils sont trop fatigants.
Elle sourit.
- J'avais compris. Alors quoi, tu prévois leur absence pour profiter... ?
Il lui fait ce sourire de canaille plus gros qu'une maison, celui qui est si peu subtile, qu'elle espère qu'il ne lui sort que lorsqu'ils sont tous les deux à chaque fois :
- Tu as tout compris.
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Les larmes en gouttes de pluie
FanficTome 2 Avançant sur le chemin qu'ils se sont obstinément tracé, une seule question se pose à eux : quelle est la limite d'un génie ? Si Aomine et Tsuchida se dirigent vers l'école de leurs rêves, ils ne doivent pas oublier qu'ils ne sont pas leur pa...