Chapitre 48

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- Je regrette, il n'y a que vous qui pouvez entrer, répond le vigile. Si votre amie n'a pas d'invitation...

Momoï regarde la personne qui leur barre la route avec colère. Elles sont deux à avoir fait le trajet ! Et elle n'a même pas pensé à demandé si un papier pour deux suffirait ! C'est à s'en arracher les cheveux ! Sauf que l'homme de plus de deux mètres s'n fiche un peu comme du temps qu'il fait, et se contente de faire son travail. A cause de ça, aucune d'elles ne peut vraiment lui reprocher la situation.

Quoi que. Momoï s'impatiente :

- Mais puisqu'on vous dit qu'on le connaît ! dit-elle angoissée.

Le match a déjà commencé, et elles sont encore dans le hall. Un grand hall, en fait, plus grand que celui de l'université qu'elle trouve déjà faramineux. Celui-là monte sûrement sur les deux premiers étages du bâtiment, et il n'est enchâssé dans la rue que sur le devant. De la fenêtre démesurée qui est derrière le vigile, elles peuvent voir à quel point l'endroit est grand.

- Ils ont construit dans la rue, ont certainement acheté les bâtiments autour, ont rasé, et construit leurs structures. Ça a dû leur coûter une fortune.

- Regardez, là, on est ensembles, là aussi, et là aussi ! fait-elle défiler sur son appareil.

L'homme serait bien tenté de saluer l'essai, mais ne peut que secouer la tête en répétant encore une fois qu'elles ne peuvent pas entrer à deux dans le gymnase. Il ne leur fait pas remarquer qu'elles vont finir par louper le match en entier parce qu'elles n'ont pas l'air méchantes ou agressives, à moins qu'elles ne continuent...

La main de son amie se pose sur son épaule.

- Je t'attends dehors. Entre. Merci monsieur pour vos renseignements.

- Mais tu vas faire quoi pendant une heure et demie dehors ?

Elle hausse les épaules.

- Je vais commencer à travailler. On se retrouvera à la sortie. Ne t'en fais pas, dit-elle en prenant son sac.

Elle hésite assez longtemps, pour se souvenir de la tête que faisait sa voisine de voyage tout du long du trajet, et encore maintenant. Ce n'est pas quelque chose qu'elle a l'impression de pouvoir comprendre.

La plus grande sort du bâtiment au moment où elle s'élance vers la porte du gymnase, appareil en main. Elles auraient dû pouvoir entrer toutes les deux. Si seulement elles avaient pris le train d'avant, elles ne seraient pas en train de s'expliquer avec le vigile, mais avec Aomine.

- Foutu partiel...

Elle passe la porte, et l'autre se referme.

Le bruit de la rue la dérange beaucoup. Et elle se sent agressée par tout un tas de bruits qu'elle n'avait pas entendu, tout à l'heure, quand elle courrait presque pour venir ici. Elle avait déjà le bâtiment, mais n'était jamais entrée à l'intérieur avant aujourd'hui. Elle se dit que c'est un peu normal, que tant pis, ça fera tout de même un bon article, mais qu'ils ne se reverront qu'ensuite.

Elle se défait de sa veste, dans laquelle elle transpire, espérant que les prochaines pluies ne se feront pas prier, et qu'elles rafraichiront un peu la lourdeur qui commence à s'installer, avec l'été. Les gens sont assez proches les uns des autres pour s'entendre et se sentir comme s'ils étaient dans un cercle restreint.

C'est ça. Elle a la constante impression d'être dans une cabine d'ascenseur, mais à l'extérieur. Et le brouhaha devient abrutissant.

Elle s'arrête, cherche ses écouteurs dans sa poche de veste, puis dans ses poches de pantalon, fronce les sourcils, et fait finalement toutes ses poches. Elle est rassurée de ne pas les avoir oubliés dans un coin quand elle les met enfin dans ses oreilles, et branche la prise du téléphone, entre les coups d'épaules ou de coudes, les sacs de courses qui lui frôlent les cuisses, ou les bambins qui slaloment entre les jambes.

Elle regarde autour d'elle distraitement, se collant au mur le plus proche pour ne plus se faire bousculer, et fait défiler les musiques sur l'appareil. Elle la trouve, soupire de soulagement encore une fois, et s'arrête au moment de la lancer.

- Tsuchida ! crie une voix.

Elle se redresse, en direction de l'école, et rebrousse chemin, les oreilles à moitié sourdes. Elle se laisse guider par la voix avant d'en attraper la propriétaire par le bras, qui s'apprêtait à la louper.

- Momoï ? demande-t-elle.

C'est un peu la question, au même titre que c'est la réponse. La jeune fille répond rapidement :

- Je pense qu'il faut que tu y ailles, toi. Il a besoin d'un coup de main, mais je ne vais pas pouvoir l'aider. Je pense que tu peux mieux t'en sortir que moi, dit-elle lorsque la musicienne fronce les sourcils. S'il-te-plaît... prends ma place.

Elle lui laisse ses affaires à son tour, et se met à courir en direction de Kanshou, monte les marches deux par deux, et le vigile lui ouvre la porte sans rien demander, intrigué par l'échange.

Le bruit est remplacé par une musique qu'elle connait, comme si elle était passée par une salle de vide, avant de rentrer à nouveau dans son univers. Le son des pas l'interpelle pourtant, et elle se rapproche, dans le couloir des gradins, jusqu'à se retrouver presque sur le bord des gradins.

Les couinements de chaussures lui ont bien présenté la situation, même si elle ne voulait pas y croire : l'équipe d'Aomine est en train de se faire massacrer, et pas un ne semble avoir le moral. C'est pourtant le premier match de la saison. Le premier match entre les joueurs de différentes classes de l'année.

Son esprit se vide quand elle retrouve le basketteur assis sur le banc, les épaules basses. Il vient de courir longtemps, et à cause de la serviette, elle ne voit pas son visage. Ce n'est pas ce qui l'empêche de comprendre qu'on vient de le remplacer, et que le résultat n'en n'est que plus catastrophique.

Elle ouvre la bouche, la referme, désemparée.

- Qu'est ce qu'on dit à un champion démoralisé ? Qu'est ce que je peux te dire qui te fera sentir mieux, Daiki ?

Elle n'a pas le temps d'y penser une seconde de plus que la fin du premier quart temps est sonné. Les joueurs se rassemblent sur le côté.

Les larmes en gouttes de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant