Chapitre 87

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Kuroko ne s'attendait pas à ce qu'on l'appelle en plein cours, ni que son ami lui laisse plusieurs messages textos, lui recommandant de rappeler rapidement. Ça faisait tellement longtemps... et les séances de basket improvisées à plusieurs lui manquent. En dépit du fait que ce ne soit pas du tout dans le basket que s'est porté la suite de son cursus scolaire.

- Alors ? Il t'a appelé ? demande Akashi lorsque l'étudiant sort du bâtiment.

- Ah ! Tu m'attends depuis longtemps ? demande-t-il en avisant son ancien capitaine.

- Non. Ça peut aller. C'est quand même terrible qu'on soit presque à la même adresse pour étudier, et qu'on ne se voie qu'une fois tous les deux mois, grommelle-t-il en commençant à marcher.

- Tes camarades sont si ennuyeux ? rit son ami en répondant à Aomine.

- Si ? Je crois que tu ne maîtrise pas le degré de contrôle qu'il me faut pour rester dans la même pièce qu'eux. Alors ? répète-t-il. C'est Daiki ?

- Oui, comment tu le sais ? s'étonne-t-il.

Akashi lui offre un sourire pincé.

- J'ai eu un appel de Tsuchida. Mais je ne peux pas vraiment t'en parler, si tu dois conseiller l'autre partie...

Le joueur fantôme sourit, tout en fronçant les sourcils. Ça ne lui dit rien qui vaille.

- Tsuchida t'a appelé ?

- Je vais passer la voir. J'ai pensé que ça avait l'air urgent. Je pense que si Daiki t'appelle aussi, c'est qu'il y a un soucis entre eux.

Désabusé, Kuroko demande brusquement :

- Euh, rassure-moi, on ne mange pas ensemble pour ça ?

Akashi éclate de rire, en se disant qu'il n'avait pas été aussi amusé depuis un moment.

- Non. Je mange avec mes amis parce que j'ai envie de les voir. Il faudrait qu'on se refasse un basket, d'ailleurs. Je vais envoyer un mail aux autres. C'est là, dit-il en pointant le restaurent où il a réservé sa table une heure plus tôt. Tu verras, la cuisine est excellente.

- Je n'en doute pas, soupire-t-il en passant la porte.

- Qu'est ce que tu sous-entends ? demande le plus grand en fronçant les sourcils.

- Qu'en tant que personnalité fortunée, tu as l'habitude et le goût de manger dans les meilleurs endroits. C'est tout. La réservation est au nom d'Akashi, s'il-vous-plaît, dit-il au serveur.

Ce dernier sursaute, avise l'homme qui l'accompagne, et les dirige vers leur table. L'étudiant aux yeux rouge les lève au ciel.

- Jusqu'à preuve du contraire, ça ne te dérange pas, de profiter de ça.

- Je vais te dire quelque chose : je préfère que tu m'invite à manger dans un endroit comme ça, plutôt que de savoir que tu mange tout seul un plat à emporter, déclare calmement Kuroko en retirant son écharpe. Tu es satisfait ?

Son ami ricane.

- La fac, ça t'a fait pousser des ailes.

Il penche la tête sur le côté et s'installe :

- Je croyais que c'était pour ça, que tu appréciais de me voir de temps en temps ?

- Je vois Midorima la semaine prochaine, soupire-t-il. Il sera sûrement plus calme. Par contre, je t'embête encore avec ça une dernière fois, et j'arrête. Qu'est ce que t'a dit Aomine ?

Le téléphone de Kuroko vibre encore une fois, et il fronce les sourcils de plus belle, lisant le message en diagonale, pour le tendre à son ancien coéquipier.

- Hum... eh bien... On dirait qu'ils se sont séparés, d'après Momoï...

Surpris, Akashi en laisse tomber le portable qu'il venait de saisir dans son assiette.

- ...désolé, dit-il en le ramassant. J'espère que je ne te l'ai pas abimé.

Il le regarde sous tous les angles, avant de soupirer.

- Ne t'inquiète pas. Il en a vu d'autres. Attends, je vais te le déverrouiller.

Il lui rend, et Kuroko prend le parti de lui présenter l'écran à bout de bras, plutôt que de lui rendre. Encore un peu perturbé par l'annonce, Akashi ne s'en formalise pas pour deux sous, et sort son propre appareil. Il comptait bien voir Tsuchida pour parler avec elle lorsqu'elle lui a demandé, mais il ne s'attendait pas à ce que la conversation soit aussi personnelle.

- Venant d'elle, je m'attendais à... des questions juridiques, ou des conseils de gestion... des choses qu'on peut me demander facilement, parce que j'ai totalement le nez dedans. Tu peux ne pas le dire à Momoï ? Que je vais voir Tsuchida-chan ?

Son invité le dévisage une minute, et hoche la tête :

- J'imagine que tu as tes raisons.

- Si je ne me trompe pas, ce n'est pas avec elle que Tsuchida va avoir parlé le plus. Je ferais mieux de me déplacer rapidement.

Kuroko repose son téléphone, le serveur arrivant prendre leur commande. Une fois qu'il prend les cartes, l'étudiant demande :

- Tu vas y aller en semaine ?

- Je pense que c'est le mieux. Et les trains sont moins chers, je vais pouvoir me payer le trajet moi-même.

Qu'il cache son voyage imprévu à son père ne l'étonne pas tant que ça, c'est un Akashi, après tout. Leur monde est bien différent du sien, et Kuroko peut deviner à quel point celui de son camarade a pu être dur. Non, ce qui le surprend...

- Mais tu vas pouvoir sécher des cours ?

Le sourcil arqué, Akashi lui lance un demi sourire :

- Parce que tu pense qu'on peut me refuser quelque chose que je veux vraiment ? A moi ?

Le lendemain soir, il est devant la porte de Tsuchida, sa petite valise cabine grise dans une main, son portable dans l'autre. Il est encore au téléphone lorsqu'il entend le verrou se tourner dans la serrure, mais fait en sorte de couper l'appel, tout en tournant le dos à la porte, par politesse.

- Je vais devoir raccrocher, j'ai un rendez-vous. Tenez-moi au courant, c'est important. Merci, au revoir.

Il glisse l'appareil dans la poche de son manteau, et fait volte-face pour la saluer, avec un fin sourire. Il se fige néanmoins en l'avisant, et lâche platement :

- Ah.


Les larmes en gouttes de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant