Tsuchida traverse le couloir comme si elle dominait le monde, le pas sûr. Peut-être que c'est momentanément le cas. Parce que tous les élèves du lycée sont en train de se presser devant la porte du gymnase, pour assister à leur concert de fin d'année. Les examens la semaine suivante sont loin de les inquiéter pour le moment, et tant qu'ils peuvent faire la fête, cette activité proposée en fin de journée ce vendredi est la bienvenue.
Mais ce n'est pas ce à quoi elle pense. Elle pense au gymnase qui a été fermé ce matin pour tout mettre en place. A l'aide du club de basket pour le placement des chaises et du matériel. Aux accords que Machi devra revoir une dernière fois avant de donner sa dernière représentation de batteur lycéen. A Akutsu, qui l'encourageait le matin même. A la salle presque vide dans laquelle ses pas résonnent, celle-là même où elle a travaillé des heures par jour avec ses camarades pour faire de la musique, ces deux dernières années.
Les lumières ont été vérifiés dans le gymnase. L'entrée est contrôlée par deux professeurs, et le placement est assuré par les basketteurs, qui ont été ravis de donner un coup de main, elle croit, sous l'impulsion discrète de Momoï et d'Aomine. Le son est bon, elle l'a vérifié elle-même. Et même si les dernières fois, elle n'était pas dans l'espace le plus grand des deux terrains couverts, elle est parvenue à négocier pour cette fois. Elle ronge son frein en se disant que s'ils n'avaient pas apporté autant de récompenses à l'établissement, le directeur se serait sans doute contenté d'un regard de travers.
Elle soupire, et s'appuie à la fenêtre ouverte.
- Tout va bien ?
Elle ne se retourne pas pour faire face à la danseuse. Comme beaucoup d'autres qu'elle, Tsuchida a reconnu sa voix.
- Oui. Pourquoi ?
- De là où je suis, on dirait que tu regarde ton empire en bas.
Elle rit.
- Si c'est bel et bien mon empire, il n'est bientôt plus à moi. Je devrais savourer, tu ne crois pas ?
- Si, je suis d'accord. Après tout, tu as un certain pouvoir, dit-elle en s'approchant, les mains dans les poches.
Iwabuchi s'est changée en cours de route. La musicienne aussi, et bien qu'elles soient toutes les deux de futures étudiantes de Orugouru, elles ne portent qu'un jean, et un t-shirt, ou dans le cas frileux de Tsuchida, un pull léger. Elle ne réalise que maintenant qu'elles sont terriblement normales par rapport à ce qu'elle a observé lors de son bref passage dans les murs.
Elle regarde longuement x, qui s'est approchée de la fenêtre à son tour. Non, elle est certainement la seule à ne pas être habillée correctement pour leur prochaine école, Iwabuchi fait sûrement en sorte d'être assortie à la population de leur lycée.
- Eh ben,, laisse-t-elle soudain échapper, je ne pensais pas que tu aurais autant de succès.
Tsuchida regarde en contre bas. Une silhouette lui fait un grand signe de la main, montrant son téléphone, et elle sort le sien au moment où le pianiste l'appelle.
- Je fais comment, il n'y a plus que seize places.
Elle cligne des yeux.
- Quoi ?
- J'ai plus de place, on arrête ou on trouve un moyen de faire rentrer plus de monde ?
- Arrêtez de faire entrer, j'arrive pour trouver une solution.
Elle raccroche, et lance par-dessus son épaule, presque déjà sortie :
- Je descends voir mon empire.
L'autre ricane.
- Vas-y, file !
Tsuchida coure dans les couloirs. Elle ne l'avait jamais fait avant, et pourtant, alors qu'elle enfile ses chaussures à la hâte, jetant les chaussons blancs dans son casier, elle se sent d'une humeur joyeusement rebelle.
Elle passe entre les élèves et les adultes, grimace, se fait marcher dessus, mais parvient jusqu'à Kusakabe, qui la tire par le bras pour la faire entrer. Le bruit est moindre dehors que dedans, finalement, puisque chacun parle dans son coin.
Elle avise la place restante sur le gym, et regarde autour d'elle.
- On a installé combien de personnes ?
- Cent-deux.
- Et vous avez une idée de combien il y en a dehors ?
- A peu près le double.
- De toute façon, on n'aura pas le droit de faire entrer tout le monde, soupire-t-elle. On n'a le droit qu'à deux-cent-cinquante personnes. On va déplacer les gradins, dit-elle après un silence.
Aomine la dévisage. Il vient d'arriver, et il ne pensait pas qu'elle trouverait aussi vite.
- On ne peut pas les déplacer, si ? demande Momoï en regardant autour d'elle.
- On peut, répond tranquillement l'adolescent en regardant la jeune fille, c'est ce que tu veux ?
- On ne peut pas tous les mettre, mais si on en aligne cinq, on peut remettre assez de monde pour installer des chaises derrière pendant le concert.
Le pianiste ferme les yeux.
- On va le faire en deux fois, alors ?
- Oui, si tout le monde veut voir, ce sera ça ou rien. On n'a pas vraiment le choix. Je vais prévenir tout le monde. Il faut finir d'installer rapidement, si on ne veut pas terminer à minuit. Il me faut tous les musiciens au même endroit que je ne répète pas plusieurs fois les mêmes consignes. Que quelqu'un face passer l'annonce, on commence dans quinze minutes, la prochaine entrée est dans une heure et demie, le temps de faire sortir tout le monde.
Elle réfléchit.
- On peut sûrement proposer une buvette en attendant, intervient quelqu'un derrière eux.
Tsuchida se retourne.
- Akustu.
- Les entrées sont payantes, pas vrai ? S'il y a plus de monde que prévu, il faut en profiter. La buvette peut leur permettre d'attendre. Et ça nous donne un fond financier pour acheter ce qu'il faut.
- Je peux te laisser t'en occuper ? demande-t-elle à l'étudiante.
Celle-ci hoche la tête.
- On s'en occupe.
Tsuchida ne lui en demande pas plus, et se retourne vers la scène.
- Okay, alors je m'occupe de mes musiciens.
Je suis sincèrement désolée pour les xx laissés à la place des prénoms, je viens de m'en rendre compte...
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Les larmes en gouttes de pluie
FanfictionTome 2 Avançant sur le chemin qu'ils se sont obstinément tracé, une seule question se pose à eux : quelle est la limite d'un génie ? Si Aomine et Tsuchida se dirigent vers l'école de leurs rêves, ils ne doivent pas oublier qu'ils ne sont pas leur pa...