Chapitre 42

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Il la regarde remonter dans le train. C'est un week-end éclair, et pourtant, la seule chose à laquelle il pense, c'est qu'ils se sont vus. Et qu'elle revient bientôt. Il fourre ses mains dans ses poches, un peu à l'ouest, et rentre chez lui une fois que le train est sorti de la gare.

- Aomine !

Il se retourne pour manquer de se cogner contre Aburaya.

- Mec, j't'ai jamais dit que je pouvais pas saquer les grands types ? rit-il pour le saluer.

Son camarade sourit, à peine offusqué :

- On t'appelle depuis l'autre bout de la rue depuis quinze plombes. T'as la tête dans ton oreiller ou quoi ?

- Ah. Ah. Ah. Je viens de raccompagner Koike au train, dit-il sans avoir envie de rire davantage.

- Ah, ta super nana ?

- C'est pas parce que la tienne ressemble à Bulle que la mienne est une basique « super-nana », réplique-t-il.

Aburaya attrape son pectoral avec une grimace de douleur feinte.

- Mais tu vas me tuer, ma parole ! Et puis, je te signale que ma Bulle est la relation la plus sérieuse que j'ai depuis la rentrée.

Aomine secoue la tête en le suivant jusqu'au groupe.

- Depuis deux semaines ? Quoi, t'es passé aux relations longues ? se moque-t-il.

- C'est toi qui dis ça ? intervient Obata. Comment va ta musicienne ?

- Mieux que je ne l'avais imaginé. Mais comme elle est douée pour faire genre, je me méfie un peu. On verra ce que ça donne la prochaine fois, j'ai pris ses mensurations, ajoute-t-il avec un clin d'œil.

Les garçons sourient d'un air entendu. L'étudiante qui s'accroche ensuite au plus grand, celle qu'Aomine appelle « la super nana », c'est Awa, une étudiante en architecture. Elle est plus intelligente qu'elle en a l'air, bien plus. Mais visiblement, son intellect s'arrête aux portes des basketteurs : elle leur trouve un « côté sexy quand ils transpirent en tenue officielle ».

Il n'a pas le temps de se dire qu'elle fait ce qu'elle veut qu'elle roule des yeux en riant d'un air gêné :

- Franchement, les gars, c'est une fille, pas un morceau de viande.

- Mais je ne parle pas de ça, se défend-il. Le jour où ton mec saura que tu as perdu du poids anormalement rien qu'en te serrant dans ses bras, je te jure que tu trouveras ça mignon.

Elle rougit.

- Tu la connais depuis si longtemps que ça ?

- Depuis la première. On sort ensemble presque depuis. C'est une fille géniale. J'ai intérêt à la garder. Parce que si c'était un morceau de viande, ce ne serait pas le plus appétissant, mais forcément le plus cher !

Obata hausse les sourcils.

- Je croyais que c'était un canon.

Il secoue la tête en riant :

- Pas dans le même genre que Bulle. Mais oui, elle est canon.

Une couverture attire son regard, et il fixe le titre, intrigué. « Orugouru ». Il a déjà vu Tsuchida acheter ce genre de magasines avant. C'est un ouvrage dans lequel la plupart des évènements de l'école sont recensés, et que l'on peut acheter en boutiques, en faible exemplaires, ou commander sur internet. Le plus intéressant pour lui, c'est que des articles sont écrits sur les élèves les plus prestigieux.

Il entre dans la boutique, feuillette rapidement le magasine, avant de tomber sur la photo de classe du semestre. Il paie rapidement au comptoir, et sort, la page ouverte. Il n'avait pas voulu montrer de photos d'elle à lui à ses camarades à cause de la tête qu'elle faisait dessus. Son expression sérieuse et ferme sur la demi-page ne vaut pas les fou-rires qu'il a capturés ou les sourires embarrassés, mais au moins, ce ne sont pas des moments à eux qu'il leur montre.

- C'est elle, la deuxième en partant de la droite, dit-il en tendant le magasine.

- Elle est grande ! lâche Obata surpris.

- Oui, hein ? sourit-il.

Aburaya le dévisage un moment, avant de réfléchir à ce qu'il va dire :

- Effectivement, on n'a pas le même « canon ». Je suis désolé de dire ça comme ça... mais on dirait qu'elle va tuer quelqu'un.

Aomine éclate de rire en reprenant le paquet de feuilles colorées. Il ne s'attendait pas avec autant de franchise, et effectivement, l'étudiante à de quoi faire peur, sur l'image. Il est pourtant sûr que si ce n'est pas voulut, ça avait au moins pour objectif de présenter un air sérieux.

- Elle en a parfois l'air, ouais. Mais elle est sympa. Elle avait un devoir à faire pour demain, et finalement, elle a passé plus de temps à m'aider à farmer sur ma console que je ne l'ai aidée à retaper son texte.

Il frissonne en repensant aux quinze pages qu'elle a imprimées à la boutique en face de chez lui, et aux parties qu'elle a commencées avec un personnage de bas niveau par curiosité, qu'elle a rapidement pu faire évoluer pour lui donner un coup de main.

Il a de la chance, il n'a pas commencé il y a longtemps, et il doit reconnaitre que c'est vraiment plus facile et plus agréable à plusieurs.

- Tu joues à la console ? dit Awa avec sarcasme. Et bien, c'est rare pour un basketteur, dis donc.

Elle croise les bras et le plus grand passe son bras autour de ses épaules en riant de bon cœur.

- Tu devrais en prendre de la graine, sa copine, à lui, elle l'aide.

- Je passe déjà dix heures par jour devant un écran. Je n'ai pas vraiment envie d'y passer aussi mes soirées, mais si tu veux, on échange nos journées la semaine prochaine, j'ai une maquette à rendre.

Aburaya grimace franchement :

- Ta mini-ville en carton sur la table de ta salle à manger ? Non merci, c'est beaucoup trop minutieux pour moi !

- Une mini-ville ? demande Aomine en rangeant le magasine dans sa poche arrière de jean, une fois roulé.

- Oui, c'est un travail de groupe, dit-elle sobrement. Je suis en deuxième année. Je vous montrerais, si vous voulez, un de ces quatre.

Elle embrasse son compagnon sur la joue :

- J'y vais, je dois encore faire des arbres en coton.

Ils s'embrassent, et le trio la regardent partir.

- Tu ne l'accompagne pas ?

- Elle habite à deux immeubles de là, regarde, dit-il en l'observant taper son code, pour entrer dans le bâtiment. On va manger un bout ? C'est moi qui paye.

Ravi de se changer définitivement les idées pour la soirée, Aomine acquiesce avec entrain.

- Avec plaisir. Tant que tu raques !

Son lit vide va l'attendre encore quelques heures.

Les larmes en gouttes de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant