Chapitre 3

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Il profite de ces quelques minutes où elle dort encore pour dessiner les ombres de son corps du bout des doigts, alors qu'elle se recroqueville contre lui, prise de frissons.

Aomine embrasse son épaule, ne faisant qu'elle l'effleurer, et elle se retourne contre lui en grognant de désaccord.

L'adolescente garde les yeux fermés avec l'envie pressante de rester endormie, mais son compagnon poursuit son exploration, s'intéressant à des zones autrement plus sensibles, et à des recoins pour le moins reculés.

- Daiki... encore quelques minutes... marmonne-t-elle en somnolant.

Il soupire et fait glisser ses mains autour d'elle pour la serrer davantage contre lui, pressant sa poitrine contre la sienne.

Manque de chance, il n'en faut pas plus à la musicienne pour sortir officiellement dans son temps de sommeil, et elle baille doucement, avant de frotter son nez contre son torse. Il passe sa main entre ses mèches foncées, et elle l'enlace de ses bras à son tour.

- Désolé de t'avoir réveillé, dit-il à voix basse.

- C'est pas grave.

- DAI-CHAN ! hurle une voix au rez-de-chaussée.

Le concerné ouvre de grands yeux, enterre son envie de la matinée, et se relève d'un coup sec, s'arrachant aux bras de l'adolescente. Elle ne se plaint pas, couverte rapidement par la couverture froide sensée le remplacer, et elle s'enroule dedans pour le regarder s'habiller.

- Si tu peux m'avoir dix minutes, j'aurais le temps de sortir par la fenêtre, murmure-t-elle.

Il l'embrasse sur le front.

- Laisse, je la fais sortir, on va au parc, tu auras un peu plus de temps.

Elle soupire de soulagement, et il descend en catimini pour retrouver une furie rose se débattant avec ses chaussures.

- Ne les retire pas, on s'tire, dit-il en lui ébouriffant les cheveux.

S'il a réussi à lui échapper la veille, il est certain de ne pas y couper aujourd'hui, et autant lui expliquer confortablement de quoi il retourne. Son père lui fait signe de courage et il embrasse sa mère en leur signifiant qu'il va bientôt rentrer.

Cinq minutes plus tard, Tsuchida descend les marches à son tour, plus mal réveillée qu'elle ne l'a jamais été, les cheveux dans tous les sens, et les yeux mi-clos face à la lumière.

- Toi, tu as été réveillée en sursaut ! plaisante la mère en lui démêlant les cheveux avec ses doigts.

Assise, la jeune fille se laisse faire, pourtant consciente d'être entrée pour le moins illégalement dans la maison la veille au soir. Lorsqu'un bol de céréales apparait devant son nez, elle l'attrape au vol, et commence à manger sans se poser de questions.

Quand les deux autres rentrent une bonne demi-heure plus tard, Tsuchida a déjà rangé son bol dans le lave-vaisselle, mis ses chaussures et a quitté la maison.

- Vous êtes déjà revenus ? demande sa mère.

- Oui, Satsuki peut manger là ?

- Bien-sûr, répond-elle avec un sourire.

Il hausse un sourcil en levant les yeux au plafond, demandant silencieusement si leur invitée mystère est toujours là, et elle secoue vaguement la tête avec un clin d'œil.

- Vous saviez que Dai-chan a une petite amie ? demande l'adolescente en croisant les bras, visiblement encore contrariée.

Les parents miment la surprise, et elle soupire d'agacement :

- Vous le saviez aussi ? Mais pourquoi personne ne m'a mise au courant ?

- Parce que, bougonne Daiki. Je t'ai déjà expliqué.

- Mais même si vous ne sortiez pas encore ensemble, pourquoi... ?

- Parce que, j'avais pas envie ! râle-t-il.

- Il préférait sûrement la voir grimper à sa fenêtre, ricane l'homme assis dans le canapé, en zappant le programme.

La femme aux cheveux bleus sourit :

- Oh, alors c'était comme ça qu'elle rentrait ? Je n'aurais jamais deviné. Mais comment elle s'y prend ?

- Elle douée pour grimper à toute sorte de trucs, répond leur fils machinalement.

Il détourne brusquement les yeux.

- Enfin, pour escalader, quoi !

- Oui, oui, on avait compris... gémit Momoi plus rose que ses cheveux. Mais ça dire depuis quand... ?

Cette fois, les deux adultes se sentent tout aussi concernés par la question, et le basketteur est la cible de leurs regards.

- Eh bien... depuis qu'on s'est rencontrés ? A peu près ? Je pense que c'est... l'évolution naturelle de notre relation ?

- Tu sais ce qui va être "l'évolution naturelle de notre relation", Aomine Daiki ? le menace la jeune fille soudainement armée de son chausson.

Il lève les mains :

- Mais j'ai pas la moindre idée de quand ça a commencé à devenir comme ça, okay ? Je ne pourrais même pas dire quand on a commencé à sortir ensemble. J'ai la date officielle exacte, mais ça n'a rien à voir avec le départ, alors je dirais... depuis que je l'ai rencontrée.

- Et tu l'as rencontrée quand ? demande sa mère en s'asseyant.

Attendant la réponse avec impatience, la jeune fille s'assoit à côté d'elle, le père ayant coupé la télévision, et étant lui-même retourné sur le canapé pour le regarder.

- Depuis...

Il fait mine de chercher pour cacher son inquiétude de connaître la date exacte : le premier vendredi de janvier. Bientôt un an, dans un mois et demi.

- Depuis début janvier, à peu près.

- Sérieusement ? s'étonne son père.

Il n'a jamais entendu de la part de son fils ou de sa meilleure amie une histoire avec une petite amie ayant duré aussi longtemps.

- Oui, sérieusement.

- Tu me le cache depuis un an ?! s'écrie-t-elle en se levant, folle de rage.

- On ne s'est embrassé qu'au bout d'un mois. Peut-être deux... Trois semaines. Un lundi.

- Tu l'as attendue pendant aussi longtemps ?

Toute colère oubliée, Momoi se rassoit aussi sec, sous le choc.

- Quoi ? s'agace-t-il. J'ai le droit d'attendre une fille ou de la garder longtemps, non ?

- Et... vous... en êtes où... ? demande la lycéenne les joues rouges.

Il la regarde longuement, tourne la tête vers le piano, et finit par dire :

- Je ne te le dirais pas.

- Elle dort ici de temps en temps, lâche sa mère.

- Quoi ?!

- Maman !

Elle le regarde émue :

- Mais c'est la première fois que tu nous fais rencontrer une petite copine depuis Teiko... ! C'est important pour moi, en tant que mère, de me dire que mon garçon va bien, d'accord ?

- Tu ne devrais pas t'inquiéter pour moi, maman, dit-il sérieusement. Quelqu'un d'autre le fait de plus près, songe-t-il en pensant à celle qui, une heure encore avant, le serrait dans ses bras.


Les larmes en gouttes de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant