Les mains sur les oreilles, la jeune fille se plaint d'entendre les battements de son cœur dans ses tympans, et le casque sans fil d'Aomine apparait devant ses yeux. Elle le prend du membre tendu et dégoulinant de sueur, pour s'enfermer dans la bulle qui lui permettra de reprendre les battements de son cœur, jusqu'à les calmer.
Elle s'assoit, à bout de souffle, et appuie sur le lecteur, le chaud aux oreilles. Ce n'est pas agréable du tout pour elle. Surtout que les sons s'en retrouvent plus lointains et qu'elle doit forcer sur son ouïe pour déchiffrer ce qu'elle entend, ou ne se concentrer que sur eux. La fin a été difficile à cause de ça.
Face au petit muret, elle écoute le morceau d'abord d'un air absent, puis sourit lentement, en reconnaissant un morceau de rap qu'Aomine affectionne particulièrement, et dont elle joue la partie piano sur le béton froid.
Elle se défait petit à petit du casque, dont elle baisse le son, pour jouer avec les discussions en fond. Tsuchida laisse passer la musique, avant de se souvenir qu'elle n'est pas là pour ça. Mais elle aimerait tellement entendre leur badinage pendant qu'elle joue, qu'elle regrette les silences que produisent ses représentations, aussi simples ou courtes soient-elles.
Elle se relève, faisant définitivement glisser l'arceau de plastique de sa tête à sa nuque. Elle prend la bouteille qu'on lui tend, et en avale la moitié.
- Si ça ne dérange personne, je peux être sur le côté pour le prochain match ? Je ne suis pas une grande sportive, et je suis morte.
- C'est déjà pas mal, pour une fille qui n'est pas sportive, dit une fille de son âge, derrière elle.
Les cheveux orange, elle se tient à l'entrée du terrain, son sac sur l'épaule, les cheveux vaguement attachés pour les mèches les plus longues, les plus courtes en frange sur son front.
- Je suis en retard, désolée, dit-elle pour Kagami.
Celui-ci sourit faiblement.
- Salut.
- Je suis Iida Mei. Ravie de vous rencontrer, dit-elle en s'inclinant.
Elle monte sur le revêtement, et Tsuchida la dévisage, surprise, avant de s'accroupir pour regarder ses pieds. Iida s'arrête.
- Un problème ? demande-t-elle.
La musicienne secoue la tête.
- Tu ne fais pas de bruit en marchant. Presque pas. Montre encore comment tu pose ton pied, s'il-te-plaît ?
Elle mime son mouvement lentement.
- Tu fais ça vraiment bizarrement. Ça ne te dérange pas pour courir ?
- J'ai des semelles.
- Ah...
Tsuchida se relève.
- C'est peut-être pour ça. C'est une malformation ?
- J'ai les tendons trop courts, l'informe-t-elle. Donc ma démarche est peut-être différente des autres, répond-elle aussi neutre qu'elle. Vous étiez en trois contre trois ? Est-ce-que je peux jouer ?
- Je vais me mettre sur le banc aussi, les informe Kuroko.
Iida sursaute, une main sur le cœur, et Tsuchida regarde fixement les chaussures bleu pâle du joueur fantôme.
- Même lui fait du bruit sur la gomme en marchant. Mais pas elle. C'est dingue.
Passé la bizarrerie de Tsuchida qu'Aomine même ne parvenait pas à expliquer, elle s'assoit non pas sur le banc à côté de son amie mais sur le sol. Et le jeu commence.
- Qu'est ce que tu fais ? demande-t-elle après avoir sifflé.
- Je suis le match, pourquoi ?
- Tu ne veux pas t'asseoir ? demande Kuroko en se décalant pour lui faire une place.
Elle hésite à leur dire, pour finalement se pencher vers eux :
- Quand je regarde un match en salle, j'arrive à suivre le jeu sur le couinement des chaussures, et les rebonds du ballon. Ici, le bruit est trop faible, si je n'ai pas les vibrations du sol, je n'arrive pas à suivre. J'ai besoin de son.
Kuroko regarde les joueurs sur le terrain.
- C'est comme ça que tu savais où j'étais ?
- Tu étais le joueur le plus léger sur le terrain à ce moment, acquiesce-t-elle. Sinon, je ne serais pas assez vive. Je ne suis pas une grande sportive, répète-t-elle.
Momoï semble trouver ça assez curieux, mais en tant qu'arbitre, se reconnecte sur le match, alors que son voisin n'y accorde plus la moindre attention. Lui aussi, avait du batailler pour trouver un moyen d'être un bon joueur. Il avait réussi, et mieux que quiconque ne l'aurait espéré. Il ne s'attendait pourtant pas à ce que la compagne de son ancien coéquipier soit du genre à chercher à être utile, pour être un bon joueur à un sport qu'elle ne jouait pas.
Il faut avouer que depuis qu'ils sortent ensemble, ils ne se sont vus que sept ou huit fois, et que bien qu'elle ait l'air agréable, il n'en savait pas plus. Une fille gentille, bien élevée bien que pas toujours aimable, et qu'elle est douée en musique.
Elle suit sincèrement, fronce les sourcils, tape du doigt sur le sol, penche la tête, sourit, acquiesce... Tsuchida offre un panel d'expressions qu'elle n'a pas l'habitude de leur montrer. Mais ça y est, elle est à l'aise avec eux, et elle commence à les connaitre. Ça ne la dérange plus de s'exprimer. Ou mieux... elle a appris à le faire.
Quand Momoï siffle la fin du match, et est désignée d'office pour monter sur le revêtement, et que Tsuchida y retourne aussi, prenant la place d'Aomine et de Murasakibara, Kuroko l'observe plus longuement encore.
- Kuroko ? Est-ce-que ça va ? demande Kagami.
Il relève les yeux vers lui, et acquiesce.
- Oui, tout va bien. Pourquoi ?
- Je sais pas... t'as une tête... pas habituelle.
- Pas habituelle comment ? s'étonne-t-il.
Gêné de lui faire remarquer, le basketteur semble danser d'un pied sur l'autre, et lâche :
- Tu as un grand sourire. Et... tu as l'air dans la lune.
Kuroko se touche les joues, et soupire.
- Ah...
L'après-midi passe tellement vite que les crampes qu'elle a dans les jambes n'arrivent qu'après sa douche, quand elle s'extirpe de la salle de bain un peu trop petite de l'appartement d'Aomine. Ils rentrent demain matin, et en attendant, ils vont encore manger des boulettes, parce qu'ils ont déjà mangé tout ce que lui savait cuisiner, et elle a eu la bonne idée de n'apprendre que cette recette... qu'elle trouve bien simple à faire.
Elle est encore devant la gazinière, pour la dernière fois avant plusieurs semaines, peut-être, quand il vient près d'elle. Il ne l'enlace pas, cette fois, il lui masse les épaules. Elle le laisse faire avec soulagement.
- Ouh... merci. Je ne les sentais plus.
Il rit.
- Tu me crois, si je te dis que ça se voyait ?
- Bien sûr que oui ! J'ai tellement mal partout depuis tout à l'heure de que j'ai l'impression d'avoir un balais dans le-
L'épaisse main s'est retrouvée plaquée sur sa bouche.
- Je déteins trop sur toi. Je te masse en sortant de table, promis.
Il la lâche, l'embrasse sur le dessus de la tête.
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Les larmes en gouttes de pluie
FanficTome 2 Avançant sur le chemin qu'ils se sont obstinément tracé, une seule question se pose à eux : quelle est la limite d'un génie ? Si Aomine et Tsuchida se dirigent vers l'école de leurs rêves, ils ne doivent pas oublier qu'ils ne sont pas leur pa...