Chapitre 68

60 3 0
                                    

Après avoir essayé d'appeler Tsuchida sans trop de succès, Aomine abandonne. Pas de la joindre, juste de l'appeler. A la place, il se lance dans l'idée de lui préparer une surprise, se disant qu'elle a sûrement trop peu de temps à lui accorder de cette manière, mais qu'elle trouvera bien une soirée pour lui. Il sourit, fier de son idée, et cherche sa dernière conversation avec Momoï pour lui demander si elle connait son emploi du temps.

Au départ, il doit avouer qu'il a été plutôt vexé qu'elle lui réponde par messages automatiques. Et ensuite, il a apprécié de remarquer qu'elle n'a jamais recommencé, après s'être excusée.

Il s'apprête à appuyer sur le contact quand Aburaya arrive, la mine suffisamment sombre pour lui faire éteindre son écran.

- Hé, qu'est ce que t'as ?

- J'ai eu mes résultats, dit-il du bout des lèvres, et au bord des larmes.

- Ah... à ce point ?

- C'est pas juste mon genoux, c'est... mes articulations.

Obata qui n'a entendu que la fin n'a pas besoin du reste lorsqu'il arrive à son tour.

- Tes os ? répète-t-il. T'as une maladie des articulations ?

Leur camarade se mord la lèvre à se la faire saigner sans répondre. Oui. C'est ça. Une maladie articulaire dont il n'a même pas retenu le nom. L'essentiel, c'est qu'à trop forcer sur ses os, il va se les abîmer un par un, et au bout du compte...

- Si je me blesse au genou, je pourrais ne plus pouvoir m'en servir du tout. Jamais. L'analyste m'a conseillé d'en parler avec mon médecin, mais que je devrais arrêter le sport en attendant. Je vais... en parler au coach.

- L'analyste t'a dit tout ça ? demande Aomine en fronçant les sourcils. C'est des con#*ries, il a pas le droit de faire autre chose qu'interprêter les résultats, il ne devrait même pas t'en parler à toi.

Les deux autres le regardent avec surprise.

- Quoi, tu crois que t'es le premier mec qui se n#que le genou sur le parquet ?

Un peu remis d'aplomb par Aomine, l'autre sourit vaguement, en secouant la tête.

- Ta copine a du mouron à se faire, avec toi. Tu reprends tes mauvaises habitudes.

- C'est pas elle qui s'en préoccupe, c'est lui qui n'aime pas qu'elle cause comme un poissonnier, rétorque Obata en abattant doucement sa grande main sur l'épaule du plus petit. Parle au coach. On est dans le coin si t'as besoin, et t'inquiète. On sera aussi là si t'as besoin pour aller chez ton doc. Appelle pour prendre un rendez-vous en urgence, ils te prendront s'ils te connaissent bien.

- Vous avez raison. Merci, les gars, dit-il en hochant la tête.

Aomine sent son téléphone vibrer, et lit le message distraitement, avant de froncer plus sérieusement les sourcils.

- Y a un problème ?

- Satsuki me demande si j'ai des nouvelles de Koike. Ça vous dérange si je vous laisse deux minutes ? Je vais l'appeler.

Il s'éloigne sans trop attendre leur réponse et les deux étudiants se regardent.

- Des fois, j'ai du mal à les suivre, tous les deux, marmonne Aburaya.

- Il a essayé de la joindre toute la semaine. Mais au départ elle a fait silence radio, à peu près en même temps que toi, et maintenant, elle ne décroche plus rien d'autre que des messages. La semaine a été un peu stressante.

- Je suis revenu le lendemain, rétorque-t-il.

- Si tu avais vu dans quel état... lui répond son ami en avisant le troisième membre de leur groupe.

Ils observent Aomine secouer la tête, lancer quelques mots, raccrocher, et appeler quelqu'un d'autre, ce qui ne semble pas aider les plis d'inquiétude qui transparaissent de plus en plus sur son visage.

Il finit sa conversation rapidement, et revient vers eux. Mais au moment où il aurait dû ralentir pour s'arrêter devant eux, il lance à la volée qu'ils peuvent aller au prochain cours sans lui.

- Mais tu vas où ? crie Obata dans le hall.

- Elle est pas allée en cours ces deux dernières semaines, et les filles ne savent même pas pourquoi, dit-il en revenant brièvement sur ses pas. Alors je vais me faire une valise, et aller la voir.

- Et on dit quoi au coach ? soupire Aburaya. Excuse-moi, mais j'ai pas envie de-

Aomine attrape son épaule et se penche légèrement pour lui dire :

- Je sais que ta vie est vraiment pourrave en ce moment, et que t'as besoin de soutient. Je te soutiendrais volontiers en priorité si la personne qui compte le plus pour moi n'avait aucun soucis. Sauf que c'est pas le cas, qu'elle n'ouvre sa porte à personne, et que personne ne l'a vue ces derniers jours. Elle est toute seule, et quoi qu'elle ait, je sais que j'ai plus de chances que n'importe qui de régler le problème. Alors le basket, ça peut attendre. T'embarrasse pas pour moi, okay ? Tu as tes problèmes, je ne te demande pas de gérer les miens, tu comprends ? Sois égoïste, et pense à toi au moins le temps de te rassurer, parce que tu es le seul à pouvoir le faire mieux que les autres, là-dessus, tu es autonome. Ma copine, si je la laisse faire, elle se laisse mourir de faim et de fatigue parce qu'elle bosse trop dur. Je peux la gérer elle, je te laisse à Obata, veillez l'un sur l'autre en mon absence.

Secoués, les deux basketteurs fixent sa silhouette s'éloigner à grandes foulées, persuadés qu'ils pourraient essayer de comprendre quel genre de facette de lui-même Daiki Aomine a sorti de son placard pour la situation « Urgence Koike ». Sauf qu'ils sont tirés de leur rêverie par la sonnerie qui retentit dans tout le hall d'entrée fraichement rénové.

- Laisse, on s'occupe de toi. Visiblement, il se gère tout seul, pour une fois.

- Tu crois que ça ira ? demande Aburaya.

Obata jette un dernier regard à la porte d'entrée avant de s'en détourner totalement.

- On verra bien.


Les larmes en gouttes de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant