Chapitre 31

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Tsuchida se laisse tomber sur son lit, morte de fatigue. Elle et Aomine ont renoncé à leur soirée quand il a remarqué l'effort que lui demandait de rester debout et de marcher droit, au point qu'il avait hésité à la prendre sur son dos, comme la fois où il l'avait ramené chez elle. Mais plus fière qu'avant, et bien plus réveillée, elle a refusé net. Il n'a pas pu argumenter.

Plus qu'une fatigue dont elle a l'habitude, elle a l'envie pressante de s'endormir, avec l'impression d'être terriblement excitée. Peut-être qu'elle aurait dû rester avec lui, finalement. Et qu'après une longue bataille pour avoir le droit de dormir, elle aurait pu se rendre compte qu'elle n'en n'a pas tout à fait besoin. Elle soupire en regardant le plafond. Elle n'est pas vraiment fatiguée.

Tsuchida erre un moment entre cet instant où elle devrait fermer les yeux, et celui où elle cherche encore quelque chose. Elle s'endort finalement sur les draps, sans penser à mettre la couverture sur elle.

Assez mal fichue pour geindre au moindre mouvement, l'adolescente se réveille le lendemain matin avec un sursaut. Aomine est étendu près d'elle, après avoir jeté un oreiller sous sa tête à lui, et l'avoir recouverte avec l'une des couvertures qu'elle a l'habitude de voir sur le canapé. Il s'est endormi. Elle ne se demande pas comment il a pu atterrir là, son père a dû le laisser entrer. C'est improbable, mais pas impossible.

Et elle ne l'imagine pas grimper à la fenêtre avec autant d'aisance qu'elle.

Il se retourne, et si elle ne lui attrape pas l'épaule pour le retenir, il manquerait sûrement de tomber. Il se réveille, et se remet sur le dos, surpris. Il la regarde un moment, avant de sourire, charmeur.

- Bonjour. Comment tu vas ?

- Bien. Et toi ? Comment tu te sens ? Je t'ai fait courir toute la journée.

Il ricane.

- Tu as couru toute la journée. C'était un super concert.

- Tu me l'as déjà dit hier.

- Et ça te dérange de l'entendre encore une fois ? s'étonne-t-il.

Elle pouffe de rire.

- Je ne suis pas aussi amoureuse des compliments que toi, mais j'avoue que ça ne fait pas de mal.

Le père de l'adolescente frappe à la porte, et elle soupire. Il était assez évident qu'il ne la laisserait pas avec lui sans laisser la porte ouverte.

- Je ne dérange pas ? demande-t-il gêné.

Elle remarque que si les parents de son compagnon commencent sûrement à avoir l'habitude à les voir, ce n'est pas le cas de son père, qui ne peut faire que le saluer de loin, dans la rue. Les voir l'un contre l'autre dans un petit lit une place doit être assez pour qu'il ne puisse pas se permettre de les regarder en face.

- Non, on vient de se réveiller. Il est quelle heure ?

- Assez tard pour qu'aucun de vous ne soit allé à l'école.

Elle pince les lèvres, contrariée. La dernière chose dont elle estime avoir besoin, aussi proche de ses examens, c'est de louper la moindre information, qui pourrait lui permettre d'exploser ses notes, alors qu'elle les a déjà significativement augmentées. Et qu'importe qu'elle ait du mal à suivre le rythme, ou qu'elle ne puisse pas tout coïncider lui faisant déplacer ses heures de travail du midi au soir, et le week-end.

Une main se glisse dans son dos, et elle tourne la tête avec Aomine.

- Tu ne travaille pas assez pour t'endormir sur ton lit sans te mettre en pyjama, peut-être ?

- Je ne peux pas te laisser-

Elle éclate de rire. Franchement. Il y a des choses sur lesquelles elle s'attendait à ce qu'ils soient tous les deux d'accord, et on dirait bien qu'elle n'a pas eu le temps de se tromper qu'ils se sont tous les deux accordés.

Elle sort de son lit, et retire ses chaussettes pour les balancer dans la panière de linge sale qui est coincé entre son armoire et le mur, derrière une pile de cartons qu'elle a commencé à faire. Elle retire ensuite son pull et son chemisier, avant de les regarder, les mains sur les hanches, les épaules découvertes par les bretelles de son maillot de corps. Tsuchida hausse un sourcil significatif, et les deux hommes sortent de la chambre, après un regard de regrets.

Elle peut se regarder dans le miroir, et observer sa récente perte de poids, qui lui a fait perdre... de la poitrine. Le rare soutien-gorge dans lequel elle a investi par envie d'être plus jolie dans ses vêtements l'année précédente semble trop grand, et cette pensée la fait grimacer. Près d'un tiers de salaire y était passé, et il n'est pas encore abîmé, preuve du bon investissent. Elle grimace en fixant la dentelle bâillante, et fait passer les deux bretelles sur ses épaules. Pour dégrafer le dos, une fois le haut retiré. Elle met le tout dans la panière, et descend une fois changée, surprenant une discussion très sérieuse entre son compagnon et son père.

- Et tu vas faire comment pour aller la voir ? Je croyais que son dortoir était interdit aux hommes.

- Ce n'est pas un dortoir, c'est une chambre, proteste-t-il, et puis... je n'ai pas le droit d'y dormir, pas d'y passer la journée.

- Tu vas vraiment faire deux heures de train pour la voir une journée ?

Aomine hausse les épaules.

- On verra bien, comment on fera. Mais on s'arrangera.

Elle pose sa main sur son épaule et il sursaute, lui servant un sourire enjoué quand il la voit. L'homme resserre sa main autour de sa tasse, regardant faire.

La musique n'est pas sa seule inquiétude concernant sa fille, mais tant pis. Pour cette fois, il lui fera confiance, et si besoin... il sera là pour lui apporter l'aide dont elle aura besoin, au sortir de son école, quelle qu'en soit l'issue.



Pour ceux qui l'ont déjà lu, il était incomplet, je m'en excuse sincèrement.

Les larmes en gouttes de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant