4 : when the party's over

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Noé ne se sentait pas très malin.

Hier, il avait repris l'entraînement, et aujourd'hui, il était incapable de sortir de son lit : allongé sur le ventre, la tête posée sur l'oreiller, sa mère était accroupie et lui tenait la main.

- Tu sais ce que j'ai dit hier maman ? J'ai dit que je ne voulais plus être faible, que je voulais apprendre à aimer le patin à nouveau, j'ai revu tout le monde et j'ai dit que cette année c'était la bonne. Mais en fait, je crois qu'à l'intérieur, j'ai encore plus peur qu'avant.

- De quoi as-tu peur concrètement ?

- De tout. Si je ne patine pas, je ne ressens rien, je m'arrête et j'essaie de trouver autre chose pour vivre, mais rien ne marche. Et si je patine, je me sens mal. J'ai dit que je préférais ça, mais en fait aucune de ces solutions me vont. Je ne veux pas retomber dans le même cercle vicieux : J'ai peur, donc j'ai mal et je ne m'entraîne pas assez, ou pas assez bien, je n'ai pas envie d'aller à l'entraînement, donc ça devient pire. Puis en compétition, je suis juste un boulet qui n'a plus sa place et qui fait des résultats terribles. Je souffre quand je patine et quand j'arrête, je souffre de ne pas pouvoir faire le sport que je suis censé aimer, je souffre de détester ce truc plus que n'importe quoi au monde. Expliqua Noé d'une traite. Tout est si compliqué et en même temps pas du tout, je n'ai aucun courage, plus aucune fierté ou honneur. C'est de ça que j'ai peur.

- Je croyais que ça s'était bien passé... Soupira la mère attristée.

- Ça s'est bien passé. Assura l'adolescent. J'ai simplement montré à tout le monde que j'étais confiant et prêt à en découdre alors que je suis mort de peur à l'idée que ce soit comme l'année dernière. Je dois juste être plus effrayé que je le montre ou le pense. J'ai peur de ne jamais réussir à aimer ça de nouveau.

Sa mère passa une main dans ses cheveux et caressa son crâne.

- Tu sais, ton entraîneur te connais bien. Je pense qu'il sait tout ça.

- Moi... Je veux ressentir ça encore, je veux pouvoir patiner et me dire "j'adore ça". Je veux retrouver la même satisfaction qu'avant... Mais si je n'y arrive pas... Et en plus, je n'ai pas la motivation pour sortir de mon lit, donc aller à l'entraînement demain va être compliqué dans ces conditions.

La mère de Noé le savait très bien, elle connaissait bien son fils.

Elle savait pertinemment qu'il était effrayé, et qu'il l'était bien plus qu'il voulait le montrer, que l'air confiant et imperturbable qu'il se donnait cachait juste une personne terriblement perdue.

Elle savait que tout était si simplement compliqué pour lui.

- Peut-être que tu peux reprendre les entraînements plus doucement, en faire un peu moins...

- Le Grand Prix commence le mois prochain, ce n'est qu'une question de temps pour savoir où est-ce que je vais concourir, et je dois être prêt pour me qualifier à la finale. Rien ne dit que mon tour sera en octobre, mais quand même... Je n'ai pas le temps.

- Tu sais Noé, je suis là et je serai toujours fière de toi. Mais je ne sais pas comment t'aider, et pourtant je le veux.

- Je te suis déjà assez reconnaissant d'être assise par terre et de t'occuper de moi. Déclara-t-il avec un sourire en s'asseyant.

Il tendit les bras et sa mère, maintenant assise sur le bord de son lit, le serra dans ses bras.

- Je m'occuperai toujours de toi, et je viendrai te voir le plus possible pour tes compétitions. D'accord ?

Il hocha la tête et s'éloigna.

- J'ai pas dit à Astrée que j'avais repris.

- Elle va être en colère d'apprendre que tu ne lui as pas dit. Tu peux lui demander de passer à la maison, elle mangera avec nous.

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