76 : Sign of the Times

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- Salut. Lança Noé.

Il se tenait devant la tombe de son père.

- J'ai jamais fait ça, te parler comme si tu pouvais m'entendre. Mais bon, avec John et maman, ça m'a donné envie de venir. Je sais pas quoi dire sans que ça paraisse trop bizarre. Alors, je vais commencer, ça va paraître super aléatoire, mais j'imagine que tu n'as pas autre chose à faire que de m'écouter.

Noé eut un silence et toucha la pierre tombale du bout des doigts avant de dire :

- Je récapitule : je m'appelle Noé, j'ai bientôt dix-sept ans et je suis ton fils. Je suis quelqu'un fais beaucoup de sport, du patinage artistique. Je suppose que c'est pas le genre de sport qu'un militaire voudrait que son enfant fasse... Après, je ne t'ai jamais connu, j'ai probablement des préjugés, mais c'est difficile de me faire une idée de toi autrement. J'aime penser que tu étais une bonne personne, tu es mort pour ton pays, je trouve ça beau. John n'a pas arrêté de me le rappeler... D'ailleurs, c'est un parrain abominable. Je sais que c'était ton meilleur ami, alors je préfère me dire qu'il a changé après ta mort et que c'était quelqu'un de bien avant. Enfin... Je ne dis pas que c'est une mauvaise personne, j'imagine que je ne le connais pas assez pour l'affirmer. Il n'a pas fait l'effort d'apprendre à me connaître, difficile pour moi de faire de même... Peu importe.

Le patineur qui jusque ici était resté debout, fini par s'assoir en tailleur devant cette pierre tombale absolument magnifique d'une couleur blanche. Les drapeaux français étaient également présents et une inscription dorée sur une petite plaque en verre indiquait : "MORT POUR LA FRANCE.".

La tombe était parfaitement entretenue, est-ce que c'était sa mère qui s'en occupait ou l'État ? Impossible de le savoir, mais Noé se disait certainement que sa mère venait ici plus souvent qu'il le pensait.

Noé était venu quelques fois, ses derniers souvenirs sur la tombe de son père remontaient à la sixième, avant que l'intensité des entraînements augmente.

Il avait oublié à quel point l'endroit où reposait son père était beau, et étranglement agréable.

De plus, des fleurs y étaient posées, sûrement sa mère ou John, maintenant qu'il était dans le coin.

- Maman est géniale, elle assure, elle sait choisir les bonnes personnes pour s'entourer, alors je suppose que c'est la même chose pour toi. Reprit enfin l'adolescent. Je veux croire au fait que tu étais une bonne personne. Je ne t'ai jamais connu et tu ne m'as jamais vu. Quelque part, ça ne m'a jamais dérangé, je n'ai jamais manqué de rien. J'ai grandi en ayant conscience d'être aimé. Alors... Ouais, tu ne m'as jamais manqué.

Il baissa légèrement la tête, désolé, mais continua :

- En revanche, ça ne veut pas dire que j'aurais aimé te connaître. Au contraire. Maman... Maman m'a raconté des histoires incroyables sur toi. Et... Je ne sais pas vraiment quoi dire en réalité. J'aurais juste voulu te connaître, c'est comme ça. Ça reste une situation difficile à imaginer pourtant... Peu-importe dans le fond. J'espère que tu m'entends en ce moment. J'aime croire que l'âme perdure, que tu es un peu éternel. Dans le sens où, tant que tu seras dans la mémoire des gens, tu existeras. Ce n'est pas parce que tu es parti que tu as quitté ce monde. Tu perdures dans les étoiles.

Noé eut un petit sourire et dégagea les cheveux qui tombaient sur son visage.

- Maman m'a toujours dit ça, "papa perdure dans les étoiles, il est là-haut, et il veille sur nous.". C'est beau, peut-être que tu es la constellation Andromède, l'histoire me fait un peu penser à toi, bien que je ne pense pas que tu comprennes...

Noé eut un autre silence et finit par se relever.

- Je ne sais pas pourquoi je suis venu, j'avais juste envie de te parler. Pourquoi ? Encore une fois, je ne sais pas. Mais si tu me vois comme je l'espère, j'espère justement que tu es fier de moi. J'ai envie de te rencontrer, mais je ne vais pas te dire "à bientôt", ou plus maintenant en tout cas. Je vais mieux, je n'ai plus envie de me jeter de je ne sais quelle fenêtre ou de prendre je ne sais quel médicament pour mettre fin à mes jours. C'est encore difficile, et parfois, je n'aime pas ça, aller mieux, je veux dire. Mais Axel m'a dit que c'était normal. J'y vais à mon rythme je suppose. D'ailleurs, c'est un bel abruti, Axel, toutefois, je pense que tu l'aurais bien aimé, il reste mon grand frère. Je suis très bien entouré, j'ai beaucoup de chance. J'imagine qu'on doit être patient toi et moi avant qu'on se rencontre, mais c'est bien, ça veut dire qu'on aura plein de choses à se dire. Alors... Euh... Au revoir ? Déclara-t-il finalement.

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