6 : Iris

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Noé s'avachit sur sa chaise encore un peu plus pendant ce cours d'espagnol.

- J'en ai trop marre... Soupira-t-il.

- C'est la dernière heure, heureusement... Rajouta Astrée.

Noé avait rencontré Astrée en seconde, on ne pouvait pas dire qu'il avait beaucoup d'amis auparavant. Vu qu'il passait énormément de temps à la patinoire et qu'au collège seul ça l'intéressait, il n'avait personne dont il se sentait assez proche pour qualifier quelqu'un d'un ami. L'année dernière, ça avait été différent.

N'ayant plus son point de repère principal, Noé s'était senti extrêmement seul.

Il aimait être seul, mais se sentir seul beaucoup moins. C'était deux sentiments totalement différents.

L'année dernière, dès le premier jour, il s'était installé aux côtés d'Astrée étant donné qu'il ne connaissait personne.

Ils avaient vaguement fait connaissance et ils avaient fini par s'asseoir à côté à tous les cours, même s'ils changeaient peu de salle.

Peu à peu, ils avaient appris à se connaître, Astrée non plus n'avait pas d'amis puisqu'elle avait déménagé.

Et ils avaient fini par être inséparables, Noé l'avait rencontré exactement au moment où il avait besoin de connaître une telle personne dans sa vie.

Astrée avait écouté l'histoire de Noé, et elle l'avait compris, écouté. Et inversement, ils se soutenaient mutuellement.

Et cette année, ils avaient eu la chance de tomber également dans le même classe. Ils s'étaient donc, forcément, assis l'un à côté de l'autre.

- Déjà que l'espagnol c'est nul, si le prof est ennuyant... Je sens que cette année va être sympathique. Déclara-t-il ironiquement.

- En plus, les analyses de documents, c'est nul.

- Non, c'est large mieux. Répliqua le patineur. L'expression, ça, c'est nul.

- N'importe quoi. Les compréhensions, orales ou écrites, c'est pour les faibles. S'indigna Astrée.

- Espèces de rageuse. Tu as juste...

- ¡Noah, Astrée, cállense! S'exclama le professeur, coupant le patineur.

- Ah bah oui, forcément quand on parle, il est dynamique là... Râla Noé qui s'avachit sur sa table.

Le professeur s'approcha de leur table, au premier rang qui plus est.

- Noé, mets une veste. Demanda-t-il en français.

- Euh... Nous sommes encore en septembre sous trente degrés, j'ai un peu chaud. Donc je ne vois pas pourquoi mettre une veste est nécessaire.

- Je te demande de mettre une veste, tu le fais.

En réalité, Noé savait très bien pourquoi son professeur lui demandait d'en mettre une.

Ce qui énervait Noé, c'est qu'on ne le lâchait pas depuis la rentrée. Tout le monde en faisait des tonnes à propos de ses cicatrices, et c'était horrible.

C'était son corps, c'était qui il était. Pourquoi s'inquiéter maintenant alors qu'en juin l'année dernière personne n'avait remarqué qu'il mettait des pulls sous la même chaleur ? Pourquoi s'inquiéter quand le mal avait été fait ? Pourquoi s'inquiéter seulement à présent et pas avant ?

La personne qui s'était inquiétée parce qu'elle l'avait remarqué, c'était Astrée.

Un jour, à la pause du midi, elle l'avait emmené dans une cabine des toilettes des filles, sous les regards des autres filles étonnées et chuchotant sur ce qui allait se passer entre eux.

Plus que les ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant