31 : Hier encore

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Mardi, jour du programme libre pour les hommes.

Jour où Noé n'avait pas le droit à l'erreur.

Surtout que tous les regards étaient tournés vers lui depuis que la vidéo dans laquelle il se battait avec Axel avait été vu par tout le monde ici présent dans cette salle.

S'il échouait, il serait officiellement la risée de tout le monde.

Heureusement qu'au-delà de ses proches, il y avait quand même des supporters dévoués.

Mais Noé ne voulait pas supporter ça en plus, il ne pouvait pas.

Il devait juste réussir à se mettre dans sa bulle, alors quand il fut appelé pour patiner, après avoir salué, il mit un peu de temps avant de s'installer.

"Ton corps sait le faire. Noé, tu sais le faire mieux que personne, convaincs ton esprit."

"Je crois en toi. Peu importe le résultat, je serai toujours fière de toi."

" Tu n'as pas besoin de me prouver quoique ce soit."

"Tu auras été le plus bel ouragan de ma vie, je serais quand même là pour toi, peu importe."

"Tu sais que je t'aime, n'est-ce pas ?"

"Je veux juste que tu sois en sécurité vis-à-vis des autres et aussi vis-à-vis de toi-même."

"On est là pour toi, je te rappelle !"

"Parce que je t'aime enfoiré !"

"Tu sais même pas ce qu'il y a l'intérieur de toi, tu sais même pas pourquoi t'es là."

C'était là toutes les paroles qu'on avait pu dire à Noé depuis qu'il avait repris les entraînements.

Tous ces événements passèrent en boucle dans sa tête, encore et encore.

Les yeux fermés et les paumes de main jointes, Noé souffla un bon coup.

Il se souvient d'André lui donnant une grande tape dans le dos, d'Emma et le regard d'encouragement qu'elle lui avait lancé, du dernier baiser de Louis, d'Heloïse lui tenant la main, d'Axel lui donnant un coup de poing en pleine mâchoire, d'Astrée lui offrant un de ses rares sourires doux, de sa mère le serrant dans ses bras et enfin, des deux fois où lui et Lucien s'étaient très rapidement embrassés.

Ça avait été bref, mais ça restait gravé dans sa mémoire.

Puis, il ouvrit finalement les yeux et tout devint silencieux : il n'entendait plus toutes ces paroles ou ne revoyait plus toutes ces images.

C'était calme et impressionnant en même temps.

Au moment où Noé avait ouvert les yeux et s'était placé, Astrée et Axel sentirent leur corps se raidir, comme sous l'emprise de l'aura de l'adolescent, seul sur la glace.

En même temps, dans toute la foule devint silencieuse, tous en train de subir ces quelques secondes d'attentes entre le moment où Noé s'était mis en place et entre le moment où la musique se lançait.

- Ça y est. Chuchota Axel.

- Quoi ?

- Noé est redevenu la grâce qu'il incarne si bien sûr la glace.

Puis, la musique se lança, et Noé commença à bouger.

C'était faux de dire qu'il ne ressentait rien, mais il était incapable de s'exprimer.

Sauf en ce moment.

Noé était si triste, tant en colère, terriblement apeuré, si peu heureux... Il ne voulait pas monter au monde qu'il existait, il s'en fichait. L'adolescent détestait être le centre de l'attention.

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