28 : Matilda

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- De toute façon, quoi qu'on te dise, ça ne changera rien ? Soupira Astrée dans l'avion, une fois que Noé lui ait raconté son altercation avec Lucien.

Noé haussa les épaules.

- Tu peux toujours essayer.

- Et elles en disent quoi ta mère et ta psy au fait ?

Il détourna le regard, soudainement mal à l'aise.

- Oh non, Noé. Vraiment ? Encore ta psy, je veux bien le concevoir, mais ta mère... Tu fais de la fièvre chronique depuis le début de l'année donc tu perds la boule ? Tu lui as même pas parlé de lui ?

- Ça va, elle n'a pas besoin de tout savoir. C'est pas parce que je m'entends bien avec elle, qu'elle sait toute ma vie.

Astrée eut une petite moue, se rappelant très bien la conversation qu'elle avait dû avoir avec sa mère quand elle avait dû lui dire qu'il se faisait du mal.

Alors, elle attrapa la main de son amie et posa sa tête sur son épaule.

- Je suis juste inquiète pour toi. Je ne veux pas te perdre.

Noé posa un baiser sur le crâne de son amie.

- Je vais bien.

- Non, c'est faux. Tu ne vas pas bien. Je veux que tu sois en sécurité.

Le patineur eut un petit sourire et regarda le soleil se coucher à travers le hublot.

- Oui, mais tu es là. Et je suis aussi là pour toi, je ferai en sorte que tu ne te sentes plus jamais seule.

- Est-ce que c'est le moment où je peux faire une vanne sur les gosses de riche ? Lança Axel en passant sa tête entre les deux sièges.

- Axel, t'es chiant. S'agaça Noé. Ça veut rien dire, et tous les gosses de riches ne sont pas pareils.

- Je sais beaucoup de chose sur toi, mais toi, tu ne sais rien sur moi ou ma famille. Tiqua Astrée à l'adresse du plus âgé, se retournant et le toisant. Je me sens plus chez moi chez Noé et sa mère, je préfère être dans un lycée comme celui-ci que dans un truc élitiste où tout le monde pense être supérieur. Ici, je ne suis pas obligée d'être quelqu'un, je peux être moi et c'est tout. Et en plus, dans ces écoles, on me regarde toujours bizarrement, comme si c'était improbable que je puisse fréquenter un tel établissement. Mon père est un homme noir, et certains...

- Ta mère aussi est noire ? Questionna Axel.

- Non, mais visiblement, certaines personnes avaient du mal à concevoir ma présence dans ce genre d'école, quand j'étais au collège.

- Genre, ils étaient racistes ?

- Non, mais c'était... Stigmatisant. Heureusement, tout le monde n'est pas comme ça, mais je préfère être ici. C'est un choix que j'ai fait. Chacun est libre après tout. C'est moi qui ait demandé à mes parents de déménager, ils ne sont jamais à la maison, alors peu importe où est-ce qu'ils habitent... Ironisa Astrée avec amertume.

- Je disais pas ça pour te critiquer. Reprit le plus âgé. Mais bon, les bourgeois sont assez spéciaux, le patinage artistique, c'est pas un sport que tout le monde peut de permettre de faire, ça coûte cher.

- Ouais, mais elle est pas bourgeoise, c'est différent. Expliqua Noé. Ils sont pas tous comme ça, mais certains n'ont pas les pieds sur terre ça, c'est clair.

- C'est vrai.

- Et puis, mes parents ne sont jamais chez moi. Je les aime et ils m'aiment, mais quand je vois la relation que Noé a avec sa mère par exemple, j'ai mal au cœur parfois. Maintenant j'ai l'habitude, ça ne me fait plus grand-chose. Mais on n'a rien sans rien, et mes parents m'ont quand même appris plein de choses. Raconta Astrée. Donc arrête de dire des conneries et réfléchis avant de parler.

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