Plus que les Étoiles

60 : KANÉ

- Tu as besoin de soins. Rétorqua le médecin.

- J'ai besoin d'une douche, d'aller aux toilettes et d'une clope ! Râla Lucien en se tenant les côtés avec son bras valides, assis dans la salle des urgences où on l'avait immédiatement pris en charge. J'ai aussi la dalle ! Si on est le vingt-six janvier, ça fait un mois que je me suis tapé des quartiers d'orange, de pomme ou des vieux bouts de pain pour manger !

Noé se mordit la lèvre quand il vit réellement Lucien. Désormais, ils n'étaient plus dans l'obscurité de la voiture, mais à l'hôpital militaire. Ainsi, il voyait beaucoup mieux Lucien à présent.

Il sentait mauvais, avait maigri, ses cheveux avaient poussé et étaient sales, ses joues étaient creusées par la malnutrition, il avait des cernes violette, sans compter que son visage était tout boursouflé et il était recouvert de son sang séché en raisons des coups qu'il avait reçus.

Mais tout ça passait au-dessus pour Noé, il se disait que Lucien avait dû vivre un enfer ou devenir complètement dingue à force de rester enfermé.

Tant qu'il le voyait sain et sauf, ça lui allait.

Toutefois, il vit que sa jambe gauche s'agitait nerveusement à cause du manque de cigarette.

John échangea un regard avec Noé, qui hocha la tête. L'adulte sorti alors une cigarette de sa poche, avant de la tendre au blond.

- Lieutenant ! S'indigna le médecin. Il devrait probablement avoir les menottes ! Déjà que je ne respecte pas le protocole...

- Ça va, sa vie n'est pas en danger immédiat. Je vais l'emmener fumer dans la cour réservée à l'arrivée des ambulances et après, il passera ses exams. On y va vite fait, parce qu'il doit parler aux forces de l'ordre. Ok ? Comme ça tu resteras tranquille ?

Lucien attrapa la cigarette et se leva doucement avant de répondre :

- Oui, ok.

Alors que Noé s'apprêtait à sortir pour suivre la marche, il sentit Lucien attraper sa main et lui offrir un doux sourire.

Et de cette manière, ils sortirent.

John s'alluma une cigarette et alluma celle de Lucien par la même occasion.

- Tu sais que maintenant, tu vas devoir arrêter de fumer ? Demanda Noé, à côté de Lucien, toujours les mains liées.

- Ouais, je sais. Sauf si je me retrouve en taule... Je pense que tu réalises même pas à quel point je suis dans la merde, Noé.

- C'est pire que ce que tu m'avais dit le soir de Noël ?

- Bien pire. Dit-il en expirant une grande quantité de fumée. Ah putain, ça fait trop du bien... Te méprend pas.

- Je peux concevoir que ça te fait du bien. Tu sais que je le sais. Mais c'est pas parce que ça te soulage que c'est une bonne chose. Je dis ça pour vous deux.

- Je sais pertinemment que c'est pas bien. Lança John. Ton père détestait quand je fumais.

- Pourquoi continuer alors ? Rétorqua l'adolescent amèrement. Ça sent mauvais, ça favorise les cancers, les accidents vasculaires cérébraux ou encore les accidents cardiaques... Ça met votre vie en danger de manière inutile...

John ne répliqua pas, ce qui agaça fortement Noé. Son parrain avait l'habitude de lancer quelque chose sans jamais aller au bout de sa pensée.

Mais dans le fond, ça n'avait pas d'importance, ce n'était pas comme si lui et son parrain allaient devenir les meilleurs amis du monde, ou allaient rattraper presque dix-sept années d'un coup. Tant que ce dernier l'avait aidé à retrouver Lucien, ça lui allait.