82 : Famille

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- Maman ?

- Oui mon ange ?

- Tu veux bien me parler de papa ? S'il te plaît.

Jeanne sourit et caressa la joue de son fils.

Elle le voyait tant en lui, Benjamin Rey, la plus folle aventure de sa vie. Peut-être la plus belle si elle n'avait pas connu le bonheur d'être mère.

- Je suis désolée. S'excusa-t-elle. De ne pas t'en avoir parlé avant, tu as dû avoir des milliers de questions...

- Bah... J'imagine que c'est le genre de trucs qu'on comprend quand on est grands. Déclara Noé dans un haussement d'épaules. Tu m'as raconté plein d'histoire sur lui.

- Oui, mais c'est loin d'être tout. Ce n'était pas... Je t'ai raconté un peu de lui, je ne t'ai pas raconté nous. C'est injuste de t'avoir laissé avec trop peu de réponses, surtout enfant.

- Tu as fait du mieux que tu pouvais. Et crois-moi, ça a été plus que suffisant, maman.

Elle lui offrit un sourire et déclara :

- Il aurait été très fier de toi, je t'assure.

- Est-ce qu'il te manque ?

- Tous les jours. Avoua-t-elle.

- Comment tu fais pour supporter ça...?

- Je n'ai pas eu le choix. Je ne pouvais pas baisser les bras, j'étais mère, j'ai dû trouver la force. Nous, les mères, on trouve toujours la force de continuer. J'ai été très bien entourée.

- C'est vrai...

- J'ai rencontré ton père en juillet 2004. Donc, je ne l'ai pas connu longtemps.

- Attends... Ça veut dire que tu es tombé enceinte dès que vous vous êtes rencontrés ?! S'étonna Noé en calculant rapidement.

- On était jeunes... Un peu trop fougueux.

- Je vois ça... Se moqua l'adolescent.

- Je l'ai rencontré au mariage de ma cousine, dans le sud de la France.

- C'est loin... Commenta Noé.

- Garde ça en tête, parce que ça va être important pour la suite. Jusqu'au moment de la première danse, c'était un mariage normal. C'était très agréable. C'est peu après ce moment que je l'ai vu. Il était... Un peu mystérieux, imposant, son charme réservé était affolement attirant. Et il était magnifique. Il était un peu hésitant à aller danser, mais avec toute mon audace et en bravant les conventions, je l'ai entraîné avec moi. L'alcool a aidé, je l'avoue...

- Ça alors... Souffla le patineur qui découvrait une autre facette de sa mère.

- Il était surpris, mais pas mécontent. Une étincelle s'était allumée, on s'est tout de suite entendu, attirés comme des aimants. Après ça, on a discuté au bar, c'était d'une banale simplicité, mais c'était extraordinaire. De là, j'ai appris qu'il était militaire et qu'il n'allait pas repartir avant un petit moment. Il était venu pour voir son ami se marier, un vieux copain du lycée, il s'est engagé dès qu'il a pu. Entre-temps, j'ai aussi appris qu'il allait passer la nuit dans le même hôtel que moi, il n'avait pas vraiment d'endroit où aller. Mais je me suis bien gardée de dire que c'était mon cas...

- Oh non... Lança-t-il, amusé.

-... Mais nous avons été contraints de se quitter pour retrouver nos proches.

- Qu'est-ce qu'il a dit ?

- Qu'il aurait bien aimé rester avec moi plus longtemps, et qu'il était déçu. Ça m'a convaincu et je n'en avais pas fini. Quand je suis arrivée à l'hôtel, je n'ai pas retrouvé ma chambre : je me suis fait passer pour sa compagne en voyant son nom sur le carnet des réservations posé sur le comptoir. Et vu que nous venions tous les deux du même mariage, j'ai juste prétendu qu'ils buvaient un dernier verre entre homme et j'ai eu accès à sa chambre...

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