Chapitre 4 Partie 2

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- Toi, tu parlais de cette affaire de Piliers quand t'évoquais mes comp'.

- Oui. On a besoin de toi. Nous sommes comme une gigantesque forteresse, comme n'importe quel édifice, s'il lui manque un appui, elle s'effondre. On a besoin de toi pour protéger les autres.

- Tu veux que je joue les héroïnes ? Tu sais, être un héros, ça ne fait plus rêver.

- Ouais, avec vous deux, je m'en rends bien compte. Tu te bats sacrément bien, bien mieux que notre idiot attitré, comment as-tu appris ?

- J'ai trois frères qui n'ont jamais été des anges. Sans compter que j'ai pas grandi dans les beaux quartiers. Avoir un vagin m'a écrit "victime" sur le front, ne pas vouloir rentrer dans le moule ni vouloir fermer ma gueule m'a ajouté une jolie cible dans le dos, alors... soit j'apprenais à frapper plus fort et plus vite qu'eux, soit je crevais, je refuse d'être une victime et personne ne me marchera sur les pieds sans le regretter amèrement.

- T'es exceptionnelle.

- Non, je suis juste une femme qui refuse d'être une victime consentante parce que c'est ce que la société attend d'elle, notre société est pourrie jusqu'à la moelle. Si l'autre s'achète pas un cerveau, je vais le mâter, c'est une promesse.

- À la bonne heure, fais-toi plaisir. Tu es exceptionnelle, tu es une battante. Prends tes marques, même si tu ne veux pas bosser avec nous, tu as le droit de t'amuser avec tout ce qui est là. Je vais nous préparer un truc à grignoter, ça nous aidera tous à nous remettre. Pour l'amour du ciel, ne vous étripez pas en mon absence.

Il n'était pas tranquille à les laisser seuls, mais il ne pouvait pas toujours servir de tampons. Ils devaient apprendre à se tolérer, à communiquer sans qu'il ne doive arrondir les angles. Il était incapable de gérer toutes leurs interactions. Ils devaient s'apprivoiser un minimum afin de pouvoir faire équipe, s'il devait toujours être au milieu ça n'arriverait jamais. Plus ils se supporteraient vite, meilleures seraient leur chance de survie. La vie de l'un pouvait à tout moment dépendre de l'un des deux autres, leurs querelles ne devait pas les faire douter ne serait-ce qu'une seconde de s'entre-secourir. Dans une équipe aussi réduite ce genre de tensions pouvait être létale à tout moment. Il leur faudrait rapidement apprendre que tout ça n'était pas un jeu et qu'ils ne pouvaient compter que les uns sur les autres.

Il soupira, cuisinant pour s'occuper les mains, ça délierait peut-être son esprit l'aidant à trouver une solution. Toutefois, le repas achevé, il n'y voyait pas plus clair, son dilemme restait insoluble, à eux deux, ils ne seraient jamais une équipe, le Pilier Violet serait sûrement de bons conseils, plus mûr et âgé qu'eux, mais de tous, il était le moins prêt, obnubilé par sa douleur et son deuil, son ancêtre à peine ancré en lui. Vu son état, s'il le lançait entre les deux fauves, ça se solderait par un meurtre de ou par Ganesh sans aucun doute. Pour ce qui est du Pilier Pourpre, elle se ferait littéralement dévorer par les deux autres, trop douce et compréhensive, avec eux ses qualités deviendraient défauts. Quant au Pilier Blanc... il n'était probablement qu'un fantasme. Il n'avait pas le choix, il devrait se débrouiller seul pour les gérer et faire avancer cahin-caha la machine. Son retour dans la pièce centrale se fit au son des hurlements, ils se couvraient d'insultes l'un l'autre, ils l'épuisaient déjà.

- OH !! Pour l'amour des Ancêtres, fermez vos gueules. Vous vous battez pour quoi cette fois ?

- C'est une pisseuse !

- Un connard misogyne !

- À mon grand regret, ça ne va pas changer avant un moment. Donner un cerveau à Ganesh va prendre plus de temps qu'un claquement de doigt et il n'est pas prévu qu'un pénis pousse à Mélissa, alors on fait quoi ? Regardez ça ! Vous essayez quoi ? De briser les protections de l'appartement ? De nous faire tuer tous les trois ?

Il leur montra l'air une fois de plus saturé par leur aura, c'était étouffant. Il se massa les tempes, ils lui filaient la migraine. S'il ne faisait rien, ils seraient bientôt de funestes souvenirs. Il s'assit sur les tatamis leur désignant des places près de lui, les fusillant du regard jusqu'à ce qu'ils obtempèrent. La technique habituelle ne fonctionnant que peu avec Ganesh, autant essayer un truc nouveau tous ensemble. Ils ne perdraient rien à essayer.

- On va utiliser vos colères idiotes pour l'entraînement, mais que ce soit clair, l'entraînement n'est en aucun cas une justification valable pour vos disputes à la con. Si vous nous faites ça dehors, on est mort ! Sérieux Ganesh, tu devrais déjà te contrôler. Maintenant, vous n'avez plus le choix, vous devez apprendre à vous contrôler. Avez-vous déjà tenté la méditation ?

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