Parfois, dans la vie, on a besoin d'un coup dur pour découvrir la beauté d'un rayon de soleil, la mélodie apaisante que font les gouttes d'eau contre les vitres par temps de pluie, la valeur d'une journée qui défile bien trop vite.
On a besoin d'apprendre qu'une tempête peut dévaster notre quotidien en un rien de temps, une seconde, une minute peut-être, pour réussir à accepter l'inacceptable.
On a besoin qu'une vague s'échoue à nos pieds, avant de repartir à nouveau vers la vaste étendue d'eau dans un cycle perpétuel, pour se rendre compte qu'on a beau lutter contre l'inéluctable, il finira par arriver.Parfois, dans la vie, on a aussi besoin d'apprendre à se battre, à ériger des remparts autour de notre royaume, pour surmonter toutes les épreuves en gardant la tête haute.
Mais parfois, les épreuves sont trop fortes. Trop fortes, pour le plus courageux des Hommes comme pour le plus vieux des grands chênes.
Et malgré l'expérience acquise au fil des années, lorsque le vent souffle trop fort, il dénude les arbres et déracine même les plus anciens.C'est ce qui est arrivé à mon joli cerisier. Une jeune pousse, que le vent n'a eu de cesse de malmener. Il a lutté, encore et encore, il s'est accroché, de plus en plus fort. Et un jour, les fleurs ont commencé à s'envoler, une à une, à chaque bourrasque. Les saisons ont défilé, l'arbre s'est fragilisé, la dernière fleur a rejoint les autres, là-bas, loin des racines qui les ont vu naître.
A-t-on pensé à la douleur des racines du jeune cerisier, quand celui-ci s'en est allé ?
Ces dernières, après avoir lutté comme des acharnées pour garder le cerisier debout, ont fini par lâcher, elles aussi. Las de voir que malgré tous leurs efforts pour supporter le mistral, l'arbre souffrait, elles ont décidé de ne plus s'accrocher, et de laisser partir le jeune cerisier, qui avait déjà tant essayé de fleurir à nouveau. Les racines n'ont plus aucune utilité, et meurent elles aussi.
Mon joli cerisier s'appelait Sakura. Il avait six ans. Six années à lutter contre le vent, à chercher son souffle sans jamais réussir à le reprendre en entier. Puis, un jour, après avoir trop longtemps suffoqué, il a cédé, laissant partir la dernière fleur avec le mistral.
Parce qu'il y a tant d'autres arbres qui essaient de se maintenir debout, tant d'autres racines qui souffrent pour ne pas plier face à la force du vent, j'accepte de vous livrer l'histoire de mon cerisier.
Peut-être que, de cette façon, les racines laissées orphelines réussiront à trouver une nouvelle raison de se battre, pour faire naître une nouvelle pousse lorsque le temps sera venu. Ou peut-être qu'elles décideront d'accepter que d'autres racines s'entrelacent à elles, pour découvrir qu'à deux, la douleur de l'abandon peut être surmontée. Comme les miennes ont fini par le faire.Sakura avait six ans, et son histoire a commencé une nuit de printemps, à la maternité du CHU de Montpellier...
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Et les mistrals gagnants...
RomanceLucile, vingt-quatre ans, élève seule Sakura, sa fille de quatre ans. Son "joli cerisier", comme elle aime tant l'appeler. Fort, robuste, qui peut traverser toutes les tempêtes. Seulement, parfois, les tempêtes sont trop puissantes pour un si jeune...