Le 14 juillet 2023, Montpellier
— Tadhg...
Je m'accroche à son dos, m'empêche de crier mon plaisir en mordant son cou, tandis qu'il va et vient en moi, de plus en plus fort, de plus en plus loin. J'aime ces moments qui n'appartiennent qu'à nous, dans l'obscurité de notre chambre, lorsque Sakura dort à poings fermés. J'aime l'entendre jurer dans ses langues maternelles lorsque son orgasme monte. J'aime encore plus lorsque, comme à chaque fois que nous faisons l'amour, il inverse nos positions pour que je me retrouve au-dessus.
— Continue, Lucile...
Je prends appui sur ses épaules pour ne pas m'écrouler sur lui, roule des hanches, monte et descends, finis par m'allonger, mes seins contre son torse, et goûte sa peau recouverte d'une fine pellicule de transpiration du bout de la langue. Ses mains se posent sur mes fesses tandis qu'il soulève ses hanches pour me prendre plus fort, faisant claquer nos bassins dans une mélodie parfaite. Et j'explose autour de lui lorsque je sens son sexe palpiter dans le mien, tous ses muscles se relâcher, la jouissance l'emporter.
À chaque nouvelle fois, c'est encore meilleure. D'autant plus qu'après quelques tests, je lui ai proposé de nous passer de protections. Je reprends la pilule depuis plusieurs mois, et le sentir réellement, sans barrière, ajoute encore plus à mon plaisir.
Je me dandine pour le libérer, me laisse tomber sur lui en essayant de reprendre ma respiration, les jambes toujours écartées. Juste deux minutes. Deux minutes à redescendre de ce nuage si doux avant de me lever pour me nettoyer.
— Il y a un an jour pour jour, ta sœur te mettait la honte de ta vie, me rappelle-t-il, ce qui lui vaut une claque sur le torse.
— Ne remue pas le couteau, gros malin !
Je pose ma tête sur son pectoral tandis qu'il caresse mes joues du bout des doigts, traçant chaque ligne de mon visage. Il sourit d'un air insolent, embrasse mon nez et plante ses iris gris dans les miens.
— « Fais-moi l'amour jusqu'à ce que la jouissance nous emporte ! », plaisante-t-il.
— N'empêche qu'elle avait raison : je te fais voir des feux d'artifices, je te chevauche comme le meilleur des étalons, et on fait l'amour jusqu'à ce que la jouissance nous emporte.
Il éclate de rire, je le fais taire d'un baiser. La seule chose que je n'ai pas la force de faire, c'est de me rabaisser à lui donner du plaisir avec ma bouche. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui manque, et je sais que ça n'aura rien à voir avec mon ex. Je sais que j'aimerai ça, parce que c'est lui, parce que je pourrai arrêter, pourtant à chaque fois que j'essaie de franchir le cap, je suis prise d'une angoisse et je change d'avis.
— Va nettoyer tes jolies fesses avant que je te fasse voir d'autres feux d'artifices, prévient-il en me repoussant légèrement.
Je me relève en gloussant, enfile une culotte et un tee-shirt et sors de la pièce, ignorant son regard pas innocent pour un sous et la main qu'il descend entre ses jambes. Beaucoup trop endurant, mais je n'ai pas son cardio. Il est prêt pour un deuxième corps à corps, et il sait que je ne veux pas. Ça, c'est ce qui me rappelle aussi à quel point il est parfait. Je sais qu'au moment où j'ai les fesses posées sur les toilettes, il enfile un préservatif pour ne pas tâcher les draps en se soulageant seul. Et quelque part, j'aime que l'on se fasse assez confiance pour qu'il me confie ça, sans avoir peur que je l'engueule.
— Tu veux pas enfiler un boxer ? demandé-je en revenant dans la chambre, alors qu'il a déjà les yeux fermés.
Il ronchonne, cherche à tâtons un bout de mon corps, réussit à attraper ma cuisse et ouvre un œil.
— Enlève tout ce que tu as sur le dos, et on sera à égalité, ironise-t-il en me tirant à lui.
— Enfile un boxer, ou notre fille sera traumatisée de voir ses parents nus comme des rats. J'ai grandi dans une ville où le naturisme est courant, et crois-moi, à cinq ans, t'as aucune envie de voir un zizi à l'air.
Il ne trouve rien à répondre et enfile le bout de tissu que je lui tends tandis que je m'allonge à ses côtés, m'endormant dans les minutes qui suivent.Les jours qui suivent marquent encore plus l'impact de la mucoviscidose. Sakura se réveille de plus en plus fréquemment, dort parfois avec nous, tousse sans jamais réussir à tout faire sortir, pleure lorsqu'elle n'arrive pas à reprendre son souffle entièrement.
Tadhg doit partir tôt le matin pour aller au CRCM, mais Sakura et moi passons une semaine complète sans sortir le nez dehors. L'avantage d'avoir désormais le kiné auprès de nous, c'est que la petite puce n'a plus besoin de se déplacer au CHU pour ses séances. En revanche, nous avons rendez-vous toutes les deux semaines pour faire un point sur la situation, sur la place qu'occupe ma fille sur les listes des dons d'organe – cinquième –, sur ses traitements qui ne cessent de s'ajuster pour lui permettre un minimum de confort.
La terrasse nous laisse profiter de quelques rayons de soleil, les baies vitrées restent constamment ouvertes en journée, la vie continue, en bas de l'immeuble, près de l'arrêt de tramway. Alors qu'à l'intérieur, celle d'une petite fille se raccourcit un peu plus à chaque seconde.
— Je ramène des nems ! annonce Tadhg lorsqu'il rentre, ce soir. Comment s'est passée la journée ?
— Bien. On est sortie faire quelques courses, Mathilde et Grégory viennent dîner après-demain.
Il m'embrasse, hoche la tête et va saluer Sakura, installée dans le canapé devant un dessin-animé. Vingt minutes d'écran par jour, qui se transforment bien souvent en une heure. Mais je n'ai pas la foi d'interdire à ma fille la seule chose qui la fait encore sourire.
— Coucou, ma puce, l'entends-je dire avant qu'il dépose un baiser sur la tête de Sakura. Qu'est-ce qu'on regarde ?
— La Pat'Patrouille ! T'as vu, j'ai un nouveau pyjama. Même que maman, elle a acheté le même pour elle, et pour toi. Elle a dit que comme ça, on était tous les mêmes !
Je les écoute d'une oreille distraite en terminant de ranger la vaisselle, capture ces moments de simplicité dans ma tête, puis les rejoins au salon.
— On fait plateau-télé ? proposé-je en me laissant tomber entre les deux.
— Je peux choisir le film ?
J'acquiesce et emprisonne Sakura entre mes bras, pour la dévorer de bisous, tandis que Tadhg se relève et me fait signe de ne pas bouger.
— Je mets tout à réchauffer, je file prendre une douche, et j'arrive. Attendez-moi !Lorsqu'il nous rejoint vingt petites minutes plus tard, avec le plateau débordant de nems et de salade, Sakura est déjà en train de décider si elle préfère regarder encore une fois Raiponce ou si on opte pour le film de Cendrillon.
Finalement, c'est la princesse au soulier de vair qui gagne le duel.
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Et les mistrals gagnants...
RomanceLucile, vingt-quatre ans, élève seule Sakura, sa fille de quatre ans. Son "joli cerisier", comme elle aime tant l'appeler. Fort, robuste, qui peut traverser toutes les tempêtes. Seulement, parfois, les tempêtes sont trop puissantes pour un si jeune...