Chapitre 53 - Lucile

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Le 10 septembre 2022, Montpellier

     Je viens tout juste de coucher Sakura, avec l'aide de Tadhg. Cette chipie ne voulait pas aller au lit s'il ne venait pas la border avec moi, et je suis tombée d'amour face à la vision du kiné qui déposait un baiser sur le front de ma fille pour lui souhaiter bonne nuit.
     — Je vais prendre une douche, annoncé-je lorsque nous retournons tous les deux dans le salon.
     Il lève un sourcil avec un sourire aguicheur aux lèvres, passe un bras dans mon dos et me ramène contre lui.
     — Tu vas me laisser tout seul ici ?
     Je roule des yeux en devinant ce qu'il a en tête, me met sur la pointe des pieds et l'embrasse rapidement.
     — Tu ne la prendras pas avec moi, gros malin, pouffé-je.
     Avec lui, j'ai l'impression de regagner mes droits, de redevenir une femme. J'ai l'impression que tout est naturel, peut-être même trop. Rien n'est forcé, rien n'est pressé : tout le contraire de ma relation avec Damien, qui a finalement laissé bien plus de séquelles que prévu.
     — T'as de la chance, j'ai promis à ma mère de l'appeler ce soir... ronchonne-t-il tout en me gardant contre lui.
     — Alors vas-y. Quand je sortirai, je veux que tout soit prêt pour mon massage des pieds, par contre, préviens-je.
     Il capture mes lèvres en souriant, puis ses bras m'enserrent encore plus la taille et je sens mes pieds se décoller du sol tandis qu'il avance vers la salle de bains, où il me repose.
     — Dépêche-toi, joli cœur. Moi aussi, j'ai besoin de recharger les batteries...
     Je le chasse d'une main, ferme la porte et prends mon temps pour me raser les jambes et les aisselles ; rien d'autre, c'est la seule partie de mon anatomie qu'il verra ce soir. Je file sous la douche après avoir attaché mes cheveux en chignon rapide sur le haut de mon crâne, en ressors deux minutes plus tard et enfile mon pyjama.
     Short et débardeur à motif avocat, – oui, vraiment, avocat – je rejoins Tadhg dans ma chambre, dans laquelle monsieur a déjà pris ses quartiers. Assis au bord du lit, il est en pleine conversation téléphonique dans sa langue natale, l'anglais cette fois. Quelques phrases sortent également en irlandais, et force est de constater que c'est incroyablement sexy.
     Prise d'un élan d'affection, je me place derrière lui, passe mes bras sur ses épaules et me penche pour lui embrasser la joue tandis qu'il met fin à l'appel.
     — Tu sais que c'est super canon, quand tu parles dans une autre langue ? avoué-je doucement.
     — Oh, you think so ?
     Je glousse comme une adolescente tandis qu'il me fait basculer dos contre le matelas, avant de m'embrasser langoureusement.
     — En français aussi, d'ailleurs, ajouté-je en chuchotant, son front contre le mien. Des fois tu oublies des « r », on dirait Sakura.
     Il me pince les côtes, ce qui déclenche mon rire. Légèreté de l'instant, encore et toujours... Avec lui, j'ai l'impression de flotter sur un nuage de coton.
     — Tu te moques de moi, mo ghrá ? Tant pis pour toi : pas de massage des pieds.
     Je fais la moue tandis qu'il se relève, puis me redresse pour me mettre en appui sur mes mains.
     — Je peux quand même avoir mon câlin de recharge ? demandé-je d'une petite voix.
     — Ça dépend... Tu m'autorises à dormir en caleçon ? Je sais qu'on avait dit câlin habillés, mais je déteste dormir trop couvert...
     Je manque de m'étrangler avec ma salive, toussote un peu et me glisse sous la couette. Bordel, je me suis touchée devant la photo de son torse, et il veut que je bave devant la réalité, maintenant ?
     — Pasdeproblème... m'empressé-je de répondre.
     Il pouffe et se retourne dos à moi, puis enlève son tee-shirt et son jeans. Merde, ses pantalons ne rendent pas du tout hommage à son cul légèrement bombé.
     — Ça va, t'en profites bien ? plaisante-t-il en se retournant.
     Mon regard, qui ne se privait pas pour mater ses fesses, se retrouve à regarder la légère bosse à l'avant de son boxer une petite seconde avant que je relève les yeux, mes joues commençant à chauffer.
     — Mais pas du tout ! me défends-je, tandis qu'il ne se prive pas pour se moquer tout en me rejoignant.
     La minute d'après, je suis contre sa peau, entourée par ses bras. Bon dieu, il est encore plus sexy que sur la photo, maintenant qu'il est dans mon lit !
     — Au fait... T'en a pensé quoi, de la photo ?
     Il lit dans mes pensées, ou quoi ? Je laisse échapper un rire nerveux et cache mon visage contre l'oreiller, honteuse de ce que j'ai fait devant l'image. Pourtant, je prends sur moi et accroche mes iris aux siennes :
     — J'en pense que c'est encore mieux en vrai, balbutié-je face à son sourire.
     Il resserre son étreinte, passe une main sous mon débardeur pour la poser dans mon dos, tout contre ma peau, et embrasse ma mâchoire.
     — Content que ça t'ait plu, alors...
     — Tu sais quand même que mon frère et ma sœur l'ont vue, hein ? clarifié-je tout en traçant des cercles du bout des doigts sur son épaule.
     — Mais t'es la seule qui a pu en profiter un peu toute seule...
     J'ai le souffle coupé une seconde, lui donne une pichenette sur la clavicule en le voyant se moquer ouvertement de moi, puis il continue à me mettre dans l'embarras :
     — Tu as eu une tête de coupable, hier après-midi ; je sais ce que t'as fait.
     — Tadhg ! le sermonné-je, ce qui ne fait que redoubler son rire.
     Je le laisse m'embrasser sans réagir, à la fois gênée et surprise qu'il ose me parler de ça.
     — Lucile... Est-ce que tu as honte de vouloir te soulager toute seule ?
     J'hoche timidement la tête tandis qu'il passe une main derrière mon oreille pour remettre une mèche de cheveux en place.
     — Est-ce que ça t'aiderait à comprendre que tu as le droit, si je te dis que ça m'arrive aussi ?
     — Tu veux pas juste arrêter de parler de ça ? J'ai... C'est super gênant, confié-je.
     Il relève mon menton d'une main, dépose un baiser sur le bout de mon nez et tente de capter mon regard.
     — Je sais que t'es très pudique là-dessus, joli cœur ; mais je veux que tu comprennes que tu as le droit d'en parler avec moi, de me dire ce qui te plaît, ce qui te plaît moins, et de te faire du bien sans l'aide de quelqu'un.
     Un ange passe avant que je me décide à avouer dans un souffle :
     — J'ai essayé, mais... Je sais pas si j'ai réussi à... Tu vois, quoi.
     Je cache mon visage dans son cou, le laissant tracer des lignes dans mon dos et me plaquer encore plus contre son torse.
     — C'est déjà énorme, mo ghrá. Chaque chose en son temps, d'accord ? Et si tu as besoin d'une autre photo pour vérifier que tu y arrives, tu peux me le demander, et tu n'as aucune honte à avoir en le faisant.
     J'acquiesce, l'embrasse, me blottis toujours plus pour ne faire qu'un avec lui, et murmure :
     — Tu es tout ce dont j'ai toujours rêvé, Tadhg. Et même encore plus...
     Je sens son cœur s'accélérer, s'accordant parfaitement avec le mien.
     — Toi aussi, Lucile. Et même encore plus.

Et les mistrals gagnants...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant