Chapitre 27 - Tadhg 🌶️

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Le 14 juillet 2022, Montpellier

     Je passe mon quatorze juillet seul devant Netflix, une Pastabox encore tiède, en regrettant de ne pas avoir accepté de rejoindre mes amis pour le traditionnel feu d'artifice. Il n'est que vingt heures, je pourrais encore changer d'avis et me joindre à eux, mais je suis déjà en pyjama depuis une heure et... J'avoue, j'ai la flemme.

     Je tourne en rond dans mon appartement, mes yeux se posent sur le planning accroché sur mon réfrigérateur, et je grimace en me rendant compte que j'avais oublié mon rendez-vous de demain après-midi, prévu à l'horaire de la séance de Sakura. J'hésite à déranger Lucile à cette heure-là, avant de sortir mon téléphone et de taper un message :

>Moi, envoyé à 20h23 : Bonsoir, je suis vraiment désolé de te prévenir seulement maintenant, mais je ne pourrai pas faire la kiné de Sakura à l'heure prévue, demain... Ça t'embête si on décale la séance à treize heures trente ? J'ai un créneau de libre.
Au passage, bonne fête nationale, Lucile !

     Court, aimable, sans ambiguïté.
     Je suis surpris lorsque la sonnerie de mon téléphone retentit dans le silence de mon salon, mais je décroche sans hésiter en lisant le prénom de Lucile. Si quelque chose est arrivée à Sakura, encore une fois...
     — All...
     Je suis coupé en plein dans mon mot par une voix que je ne reconnais pas :
     — ... rie qu'il a la main dans son caleçon et la zigounette prête à lancer la sauce dès que tu répondras à son message.
     
Oh, ça promet d'être intéressant, ça... Je devrais très probablement raccrocher, mais la curiosité a raison de moi. Je me cale dans mon canapé et écoute la suite, honteux.
     — Mathilde ! T'es vraiment dégueulasse, de dire des trucs pareils !
     
Oooh, Lucile, fais-moi voir des feux d'artifices, chevauche-moi comme le meilleur des étalons, suce-moi comme la plus douce des sucreries, faisons sauvagement l'amour jusqu'à ce que la jouissance nous emporte !
     
La voix est plus basse, ce qui ne m'empêche pas de l'entendre clairement dans le combiné. Je retiens mon rire, mais ces mots se fraient bien trop rapidement un chemin jusqu'à mon cerveau. Les images se forment dans ma tête avant de rejoindre directement mon sexe qui commence à se gorger de sang.
     Une quinte de toux s'ensuit, puis la voix reconnaissable de Lucile reprend :
     — Je vais te tuer, sale garce.
     
Avoue tout à ta grande sœur préférée : t'as déjà fait des rêves chaud bouillant dans lesquels monsieur Gallagher débarquait, torse nue, luisant de sueur, les muscles bandés – et pas que les muscles, d'ailleurs – pour t'avouer toutes les choses indécentes qu'il voulait te faire ?
     
Je serre la mâchoire, puisant dans tout mon self-control pour empêcher ma main de se glisser dans mon boxer. Si Mathilde, comme je l'ai finalement deviné, avait tort au début, il suffirait que Lucile réponde « oui » pour que je termine vraiment la bite à l'air, le poing autour, attendant la délivrance.
     — Oh merde merde mer...
     
La communication se coupe subitement, et je peux facilement imaginer le visage rouge de honte de Lucile, ce qui n'arrange rien à mon érection.

     Une douche. Froide. Gelée. Tout de suite.
     Je me remue, marchant comme un canard jusqu'à la salle de bains, me désape en vitesse et me fous sous l'eau, la mâchoire toujours contractée.
     Au bout de vingt minutes à poil, pourtant, je dois me rendre à l'évidence : soit je me tape le syndrome des couilles bleues, soit je me soulage ici, maintenant, avec des images totalement immorales de Lucile, nue, ses lèvres autour de moi.
     Et merde...
     
J'empoigne mon sexe et commence à me caresser, d'abord doucement, puis de plus en plus vite à mesure que le plaisir augmente.
     Chevauche-moi comme le meilleur des étalons...
     
Mes bourses se contractent.
     Suce-moi comme la plus douce des sucreries...
     
J'accélère encore, caresse mon gland, resserre mes doigts autour de moi.
     Faisons sauvagement l'amour jusqu'à ce que la jouissance nous emporte !
     
Un jet de sperme s'étale sur ma bite tandis que je continue à me masturber, faisant durer mon orgasme le plus longtemps possible, ne pouvant retenir un grommellement de plaisir. Je me vide entre mes doigts, encore et encore, jusqu'à la dernière goutte.
     Soulagé, je laisse ma tête partir en arrière contre le carrelage de la douche, et jure.
     C'est mal. C'est très, très mal.
     Si elle pensait être la seule gênée, demain, au CRCM, elle se trompe totalement : je crois que le plus embarrassé de nous deux, maintenant, ça sera moi.

     Je termine de me laver, enfile un boxer propre et un bas de jogging, puis me laisse à nouveau tomber entre les coussins du canapé. Je passe une main dans mes cheveux, reste dix minutes à fixer l'écran éteint de la télévision, me demandant dans quelle merde je viens juste de me foutre.
     Bon sang, je viens de me masturber en pensant à Lucile... Et force est de constater que je n'avais pas jouis aussi fort depuis bien longtemps.
     Parlant du loup, l'écran de mon téléphone s'allume sur la table basse :

>Lucile Legrand, reçu à 20h57 : Je suis vraiment, profondément, sincèrement, désolée pour ce qu'il vient de se passer. Je te jure que je n'ai pas fait exprès de t'appeler, et que je vais tuer ma sœur pour ce qu'elle a dit. Tu n'aurais jamais dû entendre ça, et elle n'aurait jamais dû parler de... ça. Oublie, OK ? Parce que c'est vraiment très, très gênant, Si tu veux annuler les séances de Sakura, je comprendrais. Je crois que ça serait même la meilleure solution pour éviter l'humiliation mutuelle à chaque rendez-vous.

     Elle s'égare, encore. Son visage s'impose à moi, et j'imagine la tête qu'elle doit faire en ce moment : lèvres pincées, sourcils froncés, yeux écarquillés. Toujours jolie.

>Moi, envoyé à 20h59 : Tu t'égares ! Si ça peut te rassurer, je n'ai rien entendu de votre discussion, ta sœur parlait vraiment très doucement. Par contre, il est hors de question que je laisse tomber les séances de ta fille, désolé !
Encore une chose : tu es adulte, tu n'as pas à être gênée de parler sexualité avec ta sœur.

>Lucile Legrand, reçu à 21h06 : Donc tu as entendu ! Je te promets sur la vie de ma fille que Mathilde s'est montée la tête toute seule, je n'ai absolument jamais parlé de toi de cette façon, que tout soit bien clair. Je suis très bien toute seule, je n'ai pas besoin d'un homme dans ma vie, tu es le kiné de Sakura, mais ça s'arrête là ; ma sœur lit trop de romance, je crois.
Ne m'en veux pas si je décide de rester dans la salle d'attente demain, parce que je vais en avoir pour un bon bout de temps avant d'oser revenir dans ton cabinet. Adulte ou pas, parler d'un homme comme elle l'a fait ne se fait pas, et j'ai vraiment super honte que tu aies assisté à ça.

>Moi, envoyé à 21h09 : Lucile ? Arrête de t'étaler autant, un « excuse-moi » aurait suffit. À demain, 13h30. Tu n'as pas intérêt à te défiler, sinon je fais durer la séance de ta fille pour te faire attendre le plus longtemps possible. Bonne soirée !

Et les mistrals gagnants...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant