Le 31 octobre 2022, Agde
Deux coups frappés contre la porte nous font sursauter et sortir de notre bulle. Je manque de me cogner contre le carrelage de la paroi de douche tandis que Tadhg marmonne en anglais.
— Dites, je veux pas savoir ce que vous faites là-dedans tous les deux, mais Pablo et moi, on aimerait pouvoir récupérer nos pyjamas ! gronde Grégory derrière le battant.
Mes joues chauffent sous mon épiderme alors que je m'empresse de couper l'eau et lance un regard noir à Tadhg, qui se marre en silence. Enroulant une serviette autour de mon corps, je lui en tends une sans baisser mon regard sur son sexe, toujours tendu à l'horizontal. Très, très appétissant, il faut l'avouer.
— Tu me tue si je te dis que j'ai oublié mon boxer dans mon sac ? demande-t-il en grimaçant.
— T'as un jogging ?
Il acquiesce et l'enfile, ses iris ne me quittant pas lorsque j'enfile des sous-vêtements propres et un vieux tee-shirt qui appartenait à mon frère, dont je me sers comme pyjama lorsque je dors chez mes parents.
J'ouvre la porte honteusement et croise le regard de Grégory, qui attend devant les bras croisés. Son sourire en coin me fait rougir de plus belle, d'autant plus que Tadhg sort juste derrière moi et passe un bras autour de ma taille une seconde plus tard.
— Désolé, on a été longs... s'excuse-t-il, ce qui lui vaut une tape sur la main de ma part.
— J'sais pas ce que vous foutiez, mais ma sœur a retrouvé le sourire, donc je m'en fous. Bonne nuit !
Il s'enferme dans la salle de bain tandis que Pablo monte les escaliers, et j'ai à peine le temps de lui souhaiter une bonne nuit également que Tadhg me traîne presque de force dans ma chambre d'adolescente. Je tends cependant l'oreille une seconde en passant devant l'ancien bureau où dort Sakura, mais aucun son n'en sort, si bien que je ferme la porte de la pièce avant de me laisser embarquer par mon adorable et très bien gaulé petit-ami.
Il me plaque contre le mur dès la porte fermée derrière nous, puis m'embrasse comme si sa vie en dépendait. Je le repousse légèrement, mes mains sur ses épaules, me mords la lèvre inférieure et murmure :
— C'est à ton tour de prendre du plaisir...
Je glousse lorsqu'il ouvre de grands yeux surpris et en profite pour le pousser plus fort, le faisant reculer vers le matelas. Je n'ai jamais été aussi entreprenante de ma vie, mais bon sang, j'en ai besoin. J'ai besoin d'avoir le contrôle, de découvrir son corps comme il vient de découvrir le mien, si bien que dès lors qu'il me soulève du sol et s'installe au milieu du matelas, me faisant me retrouver à califourchon sur lui, je ne perds pas une seconde avant de lui enlever son tee-shirt et d'embrasser son pectoral.
— Lucile... Tu m'as dit que tu étais fatiguée, ne te sens pas obligée de faire quoi que ce soit, m'avertit-il.
— Tu m'as réveillée, m'amusé-je alors que ma main trace une ligne le long de son torse. Je peux t'enlever ton bas ?
Consentement. Ce n'est pas parce que c'est un homme que je dois lui sauter dessus sans lui demander son avis ; je sais ce que ça fait, et il est hors de question que je lui fasse subir.
Il serre les dents et acquiesce, me laissant tout le loisir de le mettre à nu devant moi. Il est tellement beau.
Lentement, je descends ma main plus bas et rencontre un léger duvet de poils ; un peu plus bas, et c'est sa peau sensible et tendue qui glisse sous mes doigts. Je baisse les yeux vers son sexe en me mettant à le caresser, puis l'entoure de ma main pour commencer un mouvement de va-et-vient.
— Oh fuck...
Ses mots, prononcés dans un souffle, me font rire avant qu'il capture mes lèvres pour me faire taire. En bas, ma main continue à lui donner du plaisir, et je découvre que j'aime ça, finalement. Le sexe. Ça n'a rien à voir avec ce que j'ai pu connaître par le passé, parce qu'entre Tadhg et moi, une relation de confiance est née ; il est patient, il sait attendre, et surtout, il me laisse prendre les devants.
Je change légèrement de position, mes cuisses entourant désormais l'une des siennes tandis qu'il se laisse tomber dos contre le matelas. Ma main ne s'arrête pas, mon poignet non plus.
Je finis par ralentir le rythme lorsque je le sens se contracter sous ma paume, puis un premier jet de sperme s'écoule entre mes doigts. Il se mord la main pour éviter de faire trop de bruit tandis qu'il continue de se vider, jusqu'à ce qu'il termine entièrement et que j'arrête tout mouvement. Bon sang, ça, c'était... parfait.
— Bordel, mo ghrá... C'était...
Je pouffe tout en saisissant un mouchoir pour m'essuyer, puis une lingette désinfectante que je garde toujours dans le tiroir de ma table de chevet.
— C'était ? demandé-je doucement, un sourire satisfait aux lèvres.
Il ne répond rien, se nettoie lui aussi et remet son jogging avant de s'allonger et de me prendre dans ses bras. Sa bouche dépose un baiser sur mon front, sa main caresse mon dos, lorsqu'il finit par annoncer :
— Tu ne partiras plus jamais d'ici, joli cœur. Je te veux près de moi jusqu'à mon dernier souffle.
Cette fois, mes lèvres s'étirent automatiquement sans que je puisse les contrôler tandis que je me pelotonne un peu plus contre sa peau bouillonnante.
— Pour avoir le droit à un massage intime sous la douche tous les soirs ? osé-je. Je suis partante...
Il rit dans mes cheveux, ce qui déclenche, comme toujours, une envolée de papillons dans mon ventre.
— C'est pas parce que ta sœur m'a pris pour un sex-toy humain au mois de juillet qu'il faut que tu fasses pareil, petite maligne ! Mais... Je serai très heureux de te donner du plaisir quand tu le demanderas.
Je cache mon visage dans son cou puis embrasse sa jugulaire.
— Je crois que c'est la première fois que je suis autant amoureuse, avoué-je. Dis-moi que c'est réel, Tadhg. Dis-moi que tu ne joues pas.
Parce que j'ai beau déjà le savoir, tout ce bonheur me paraît bien trop beau pour être vrai. J'ai encore besoin d'être un peu rassurée, même si je me persuade du contraire, et je sais que c'est dû à mes traumatismes passés : mon abandon, l'adoption, Damien... Tadhg a raison : j'ai terriblement peur que l'on m'abandonne.
— Je n'ai jamais joué, mon ange. Je t'aime avec chaque inspiration, chaque expiration, chaque fibre de mon être. Et je pourrais passer toutes les secondes de toutes les minutes à te le répéter encore et encore, si ça peut te convaincre que tout ça est bien réel.
Je hoche la tête et ferme les yeux, la fatigue refaisant surface telle un tsunami, et je m'endors aussitôt, bercée par la respiration et les battements de cœur de celui qui rend les racines du cerisier un peu plus fortes chaque jour.
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Et les mistrals gagnants...
DragosteLucile, vingt-quatre ans, élève seule Sakura, sa fille de quatre ans. Son "joli cerisier", comme elle aime tant l'appeler. Fort, robuste, qui peut traverser toutes les tempêtes. Seulement, parfois, les tempêtes sont trop puissantes pour un si jeune...