Le 07 septembre 2022, Montpellier
Sakura a retrouvé sa bonne humeur tout le reste de la séance. Elle a préféré croire en sa mère plutôt qu'en Manon, et elle est sortie fièrement du cabinet en criant dans le couloir qu'elle était une fée, et qu'elle se moquait que certains n'y croient pas. Cela a eu le don de faire éclater de rire Lucile, dont les yeux étaient encore rougis par ses larmes qu'elle venait à peine de sécher complètement.
Il est dix-neuf heures, Camille vient de passer chez moi pour se faire offrir un verre, avant de repartir quasiment aussi sec lorsqu'il a reçu un message de sa fiancée. Bordel, ce con va se marier.
Je l'ai rencontré lorsque j'ai débarqué à Montpellier. Je me suis mélangé les pinceaux avec tous les sens interdits présents dans la ville, me retrouvant à contre-sens alors qu'il arrivait en face. Il aurait pu s'énerver, mais il a décidé de m'aider ; m'indiquant la rue dans laquelle je pourrais tourner, à à peine quelques mètres de là, il m'a ensuite proposé de le suivre directement sur la route, et c'est en grande partie grâce à lui que j'ai finalement trouvé l'immeuble dans lequel se situait mon appartement. Il m'a aidé à décharger mes maigres affaires, je lui ai proposé une bière, et deux heures après, on se racontait nos débauches d'adolescents, bien amochés par l'alcool.
Cela ne faisait que six mois qu'il était avec Julie, sa future épouse, et ils venaient de s'engueuler sévère lorsque nous nous étions croisés. Il a vidé son sac, me répétant que jamais, au grand jamais, je ne devais me laisser berner par une nana, qu'importe si elle avait un beau cul ou des seins en forme de pamplemousse.
Et juste comme ça, il est devenu l'un de mes meilleurs amis.
Toujours est-il que maintenant que Monsieur va se faire passer la corde au cou, il a totalement changé son discours : l'amour, c'est beau, le cul, c'est bon, la nana avec une belle paire de fesses et des jolis seins, rien de tel.
S'il savait que j'ai enfin trouvé mon âme-sœur, la seule femme avec qui je veux continuer ma vie...
On s'est mis d'accord, avec Lucile, pour ne rien dire à personne tant qu'on ne voit pas comment notre relation évolue. Elle a encore des doutes, je le sais, même si j'essaie de lui prouver que je suis on ne peut plus sincère avec elle. Je l'aime, je l'ai aimée à l'instant où j'ai croisé son regard pour la première fois. Je l'ai aimée encore plus lorsque j'ai entendu sa voix, puis toujours un peu plus lorsque j'ai vu son sourire, et mon cœur a fini par exploser lorsque j'ai entendu son rire.
Et force est de constater que je suis aussi tombé amoureux d'une petite fille d'à peine un an et de son sourire édenté. Pas le même amour que je porte à Lucile, probablement pas le même qu'elle porte elle-même à sa fille, mais tout de même.>Moi, envoyé à 19h18 : Bonsoir, joli cœur. Est-ce que Sakura va mieux ? Elle avait encore l'air un peu tristounette, en partant...
La petite a beau être partie avec le sourire aux lèvres, une lueur s'est éteinte dans ses yeux aujourd'hui. Du haut de ses quatre ans, elle a entendu le mot « mort », et elle a très probablement compris que sa mère et moi, malgré nos promesses, nous lui cachions quelque chose.
>Lucile, reçu à 19h20 : Salut, monsieur le kiné. Elle va bien, oui : un cookie au chocolat et tout était oublié. Merci de l'avoir rassurée et calmée.
>Moi, envoyé à 19h21 : Et toi, ça va ? Tu veux que je passe, quand elle sera endormie ?
Sans arrière-pensée : juste l'envie de la prendre dans mes bras, et de ne plus la lâcher tant qu'elle doutera d'elle, parce que je sais que c'est le cas. Ça l'a toujours été, et avec ce que Sakura a dit sur le coup de la colère, ça va être encore pire.
>Lucile, reçu à 19h23 : Oui. Et non : ma sœur et mon frère sont actuellement en train de se disputer dans ma salle à manger, et devine quel est le sujet de conversation ? TOI. Tu me voles la vedette, espèce de mec parfait !
Je pouffe en enlevant mon tee-shirt, dans l'optique de prendre une douche après toute une journée passée à transpirer : la climatisation de l'étage entier est tombée en panne ce matin, et j'ai dû bosser dans une pièce avec la fenêtre grande ouverte qui laissait entrer encore plus de chaleur.
>Moi, envoyé à 19h25 : Parfait ? Heureux de te l'entendre dire, joli cœur. Et encore, tu n'as rien vu : mon corps aussi est parfait.
J'espère que ta sœur ne bave pas trop en nous imaginant tous les deux, quand même. Même si, effectivement, ça serait très torride de me faire chevaucher comme un bel étalon...J'y vais fort, je le sais. Cependant, rien que de l'imaginer rougir en lisant mon message me donne encore plus chaud, si bien que je sens mon bermuda se tendre légèrement au niveau de l'entrejambe.
Une minute passe, puis cinq.
Elle m'en veut. Je viens de tout faire foirer... Mais quel con, putain !
Je me mords la lèvre inférieure en regardant mon écran, priant pour qu'elle ne me prenne pas pour un gros enfoiré comme Damien qui attend juste de tirer son coup.>Lucile, reçu à 19h32 : On avait dit qu'on ne parlait plus de ça, Tadhg ! Je te déteste.
Je viens de m'étrangler avec ma salive, Greg me regarde bizarrement et Mathilde est bloquée avec un sourcil en l'air. Je te préviens, s'ils me font passer un interrogatoire, je balance tout. TOUT. Et tu ne sais pas de quoi Mathilde serait capable, si tu me brises le cœur...>Moi, envoyé à 19h34 : Une petite photo à la sortie de la douche pour me faire pardonner ?
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Et les mistrals gagnants...
RomanceLucile, vingt-quatre ans, élève seule Sakura, sa fille de quatre ans. Son "joli cerisier", comme elle aime tant l'appeler. Fort, robuste, qui peut traverser toutes les tempêtes. Seulement, parfois, les tempêtes sont trop puissantes pour un si jeune...