Chapitre 59 - Lucile 🌶️

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Le 28 septembre 2022, Montpellier

     Petit à petit, ses baisers descendent sur ma mâchoire, mon cou, la peau exposée au-dessus de ma poitrine, tandis que mes doigts s'accrochent à ses cheveux. Il est parfait. Il est parfait, et il réveille mes envies sexuelles, comme depuis tout ce mois passé dans ses bras.
     Depuis notre conversation concernant le sexe, je n'ai pas osé me toucher plus de trois fois. À chaque fois, c'était devant une photo de lui ; la première qu'il m'a envoyé, et une autre, où on le voit allongé dans son lit, torse nu et un bras replié derrière sa tête.
     À chaque fois, j'ai cru que j'avais réussi à jouir, sans savoir si c'était réellement le cas.
     Pourtant, à mesure que ses lèvres découvrent mon corps, je sens l'humidité commencer à souiller mon sous-vêtement, si bien que, désormais libérée de tout le poids des dernières années, j'ose enfin révéler ce que je veux :
     — Tadhg... Touche-moi... chuchoté-je, malgré tout encore un peu gênée.
     Il revient m'embrasser, une main sur mes hanches, l'autre légèrement plus haute, sur ma taille, et pose son front contre le mien.
     — Tu veux me montrer ce que tu aimes, d'abord ?
     Je secoue la tête et pince les lèvres, trouve sa main de la mienne et la fait descendre sur le tissu de mon tangua, geste qui semble tellement sûr alors que c'est tout le contraire qui m'habite : j'ai la trouille de mal faire.
     — Tu peux juste... Hum...
     Je fuis un instant son regard, jusqu'à sentir l'un de ses doigts caresser mon intimité à travers le tissu.
     — Dis-moi, mon ange.
     — Je crois... Que j'aimerais sentir tes doigts en moi, avoué-je honteusement.
     Il me rassure d'un sourire enjôleur, puis m'embrasse la joue tout en passant une main sous le tissu. Son pouce trouve mon point sensible, qu'il se met à cajoler doucement. Il est le premier homme à me toucher ici, et... C'est si bon que j'en lâche un soupir, me rendant compte à quel point je n'ai pas réussi à me procurer de telles sensations toute seule.
     Puis, doucement, je sens un doigt venir en moi, suivi d'un deuxième. Ma bouche se colle à la sienne pour tenter de cacher mon gémissement, alors qu'en bas, mon intimité mouille ses doigts.
     Il se détache une seconde et baisse la tête pour regarder ses gestes, fronce les sourcils et retire sa main. La frustration me fait fermer les yeux et tirer sur ses cheveux, mais il prend appui sur un coude sans m'offrir la délivrance tant attendue et murmure :
     — Tu saignes, mo ghrá.
     Je rouvre les paupières aussi sec, et mon regard trouve ses doigts trempés... de rouge.
     — Oh non. Non, non, non, merde !
     Je me dégage de ses bras et me précipite hors du lit, mes cuisses serrées pour éviter que ça ne coule trop tout en farfouillant dans mon sac laissé dans le salon. Tampon en main, je m'enferme dans les toilettes, une larme coulant le long de ma joue.
     La honte. J'avais complètement oublié que mes règles devaient arriver cette semaine... Et il a fallu que ça tombe maintenant. Dans mon premier moment intime consentie, avec l'homme dont je suis tombée amoureuse. Il va me détester, me dire de partir... Et il aurait raison.
     Je ressors cinq minutes après et regagne la chambre sans oser croiser le regard de Tadhg, assis au bord du lit.
     — Je vais y aller, annoncé-je. Je suis désolée.
     Je me retourne pour partir lorsque sa voix se fait entendre, à la fois grave et douce :
     — Tu ne vas aller nul part, Lucile. Ramène tes jolies fesses ici et passe la nuit avec moi.
     Surprise par ses mots, je m'arrête net. Puis un souffle balaie ma nuque et une main se pose sur mon ventre.
     — Ça fait un an que j'attends de pouvoir t'embrasser, je peux attendre encore quelques semaines de plus pour te faire jouir. Reste.
     Il embrasse ma joue, ma nuque, mon omoplate, le signe évident de son excitation contre le bas de mon dos.
     — Tu trouves pas ça... Sale ?
     Lorsque j'étais avec Damien, il était dégoûté de savoir quand j'avais mes règles, si bien que je sortais toujours cette excuse pour éviter de coucher avec lui.
     — Que ton corps fonctionne correctement ? Il n'y a rien de sale, joli cœur. Viens t'allonger, maintenant.
     Je me retourne dans ses bras, avant de murmurer :
     — Et toi ? Je peux te... Soulager. Si tu veux.
     Ça aussi, c'était quelque chose de courant. Satisfaire ses besoins, qu'importe les miens.
     — Je ne suis pas lui, Lucile. Je peux survivre une nuit avec toi sans orgasme, et il est hors de question que je prenne du plaisir si ce n'est pas le cas pour toi.
     Je m'apprête à répondre lorsque mes pieds se décollent du sol, et je me retrouve portée sur son épaule. Je laisse échapper un petit cri de surprise et lui tape les fesses, son rire réchauffant mon cœur et effaçant mes doutes.
     — Pas question que tu cherches une autre excuse pour sortir d'ici, mo ghrá.
     — Ça va, je reste, repose-moi !
     Il le fait ; en me laissant tomber sur le lit, juste avant de se mettre au-dessus de moi pour m'embrasser encore et encore. Sur les lèvres, sur le front, sur le nez... Tout mon visage y passe.
     — Je t'aime, mon ange. Je t'aime tellement que ça me fait mal, de savoir que tu as passé des nuits à pleurer en silence.
     Il s'en souvient, me souffle une voix dans ma tête. Il s'est rappelé ce que je lui ai confié, il y a trois mois.
     — Alors fais en sorte que ça ne soit plus le cas, Tadhg, chuchoté-je dans son oreille.
     Il s'allonge sur le dos, prend ma taille entre ses bras et me ramène contre lui, puis dessine des cercles sur mon épaule du bout des doigts.
     — C'est promis.

Et les mistrals gagnants...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant