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Des larmes coulaient sur mes joues, je ne sanglotais pas mais elles coulaient et je ne pouvais pas les en empêcher. Audrey avait les sourcils froncés, son sourire avait disparut et il avait laissé place à une mâchoire serrée. Elle secoua légèrement la tête avant poser sa main près son œil.

- Tu pleures ? demandai-je

- Je...euh... Non...

- Arrête Audrey... dis-je
Pourquoi tu pleures ?

Elle soupira puis elle inspira bruyamment. Ses jambes étaient croisées et ses mains tremblaient légèrement, elle semblait perturbée.

- J'ai... J'ai eu la même altercation avec mon père quand j'avais une trentaine d'années.

- Il est partit quand tu étais jeune comme moi ?

- En fait il a quitté ma mère quand il a apprit qu'elle était enceinte. répondit-elle

- Alors pourquoi tu as eu une altercation similaire à la mienne avec lui ?

- Je... Euh... On est là pour toi Rosalie, pas pour moi.

Je fronça les sourcils avant de soupirer, je ne savais presque rien d'elle à part qu'elle était divorcée et mère de deux enfants. Comment voulez t-elle que je confie à elle si elle-même ne le faisait pas avec moi ?

- Tu viens de pleurer devant moi quand même, tu me dois une explication je pense. dis-je

Elle me sourit légèrement avant d'essuyer ses yeux une nouvelle fois pour ne pas faire couler son mascara.

- Très bien, tu as raison... dit-elle
Donc comme je t'ai dis, mon père a abandonné ma mère avant ma naissance. Je n'ai jamais cherchée à le connaître et lui non plus d'ailleurs, mais le jour de mes 29 ans il a refait surface dans ma vie, un "ami" à moi lui a donné mon numéro. Après plusieurs refus j'ai accepté de le rencontré, c'était un homme très froid, distant, mais malgré sa nous avions gardés contact, il a rencontré mes filles et mon ex-mari.

Elle tripotait son bracelet et ses yeux étaient baissés, j'avais l'impression de me voir en elle, elle avait les mêmes signes anxieux que moi.

- Et puis un jour je lui ai annoncé mon divorce, j'avais trente cinq ans et je lui avais donné rendez-vous dans un café pour lui dire. Il est arrivé avec une heure de retard complètement bourré même si il jurait le contraire, lorsque je lui ai annoncé que je divorçais il m'a dit que toute seule je n'étais rien, que je n'irai nulle part sans un homme et puis il m'a dit la phrase de trop.

- Il t'a dit quoi ? demandai-je

- Il m'a dit que j'étais horrible car j'allais laisser mes filles grandir sans un père à leurs côtés et que par ma faute elles finiront mal.

Je fronça les sourcils avant de passer une main dans mes cheveux. Audrey souriait légèrement mais son sourire ne me trompait pas, elle était complètement bouleversée de me raconter cette histoire.

- C'est comme si il m'avait comparé à lui et pour moi c'était la pire chose que l'on puisse me faire. Alors j'ai complètement vrillée, j'ai été beaucoup plus violente que toi.

- Tu... Tu l'as frappé ? balbutiai-je

- Il a finit à l'hôpital... fit-elle
Nous étions dans café alors j'ai attrapé tous les verres, toutes les tasses, tout ce que j'ai pu trouver et je l'ai lui ai lancé au visage. La rage avait pris le dessus sur moi, je n'ai jamais été aussi en colère que ce jour là.

Je resta bouche-bée, la vision de Audrey être énervée au point de frapper quelqu'un me paraît improbable, et pourtant ça a été le cas.

- Bon revenons en à toi Rosalie... dit-elle en se redressant sur son fauteuil
Je voudrais que sur une échelle de un à dix tu me dises à quel point tu en voulais à ton père.

- Je... Je dirai huit. répondais-je

- Seulement ?! s'exclama t-elle

Je hocha la tête pour acquiescer et elle fronça les sourcils.

- Pourtant j'avais l'impression que tu lui en voulais beaucoup plus qu'un simple huit.

- J'aime mon père, malgré son absence dans mon éducation, malgré ses remarques désobligeantes, malgré sa femme qui ferait tout pour nous éliminer ma sœur et moi. J'aime mon père malgré tout ses défauts, alors je lui en veux seulement au point de huit.

Elle releva les yeux de son carnet, ses yeux s'illuminèrent. Elle referma son carnet avant de soupirer intensément puis elle sourit de toutes ses dents.

- Tu es vraiment une fille incroyable Rosalie. dit-elle

- Je n'ai rien d'incroyable crois-moi...

- C'est faux. Une autre fille en aurait voulus plus que sa à son père mais toi non, tu restes incroyablement compréhensive.

- Je pense qu'il faut pardonner les erreurs, sinon on avance pas dans la vie. Ça ne sert à rien de rester bloquer dans le passé. dis-je

Elle me sourit avant de rouvrir son carnet et de tourner quelques pages en arrière. Elle releva la tête vers moi en levant un sourcil.

- J'allais presque passer à côté du principal... dit-elle

Je baissa les yeux en rougissant, je savais très bien de quoi elle voulait parler.

- Après quasiment sept mois de flirt vous vous êtes enfin mis ensemble. reprit-elle

- Nous n'étions pas officiellement ensemble, c'est pas comme si on avait une "date" comme tous les couples d'aujourd'hui ! dis-je

- Mais vous étiez en couple, vous vous êtes quasiment dit que vous vous aimiez.

- Non, il ne l'a pas dit et je ne l'ai pas dis non plus. dis-je

Elle soupira, sourit puis s'enfonça un peu plus dans son fauteuil. Je croisa la jambe puis je passa une main dans mes cheveux.

- Tu te sens prête pour le mois d'Avril ? demanda t-elle

Je hocha la tête pour acquiescer, elle reprit son stylo et pointa sa mine vers les feuilles de son carnet, puis je recommença mon récit.

One More Kiss // NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant